François-René de Chateaubriand
Mémoires d'outre-tombe, par M. de Chateaubriand. Tome I à XX.
Bruxelles, Librairie du Panthéon [Tarride], 1851
20 tomes reliés en 5 volumes in-16 (14,3 x 9,7 cm) de XXVI-123, 144, 133, 131, 135, 159, 139, 130, 154, 140, 143, 146, 142, 148, 137, 136, 138, 141, 156 et 147 pages. Collationné complet.
Reliure strictement de l'époque demi-chagrin noir, dos lisses ornés en long de grands fers dorés rocaille, titres et tomaisons dorés, plats de papier chagriné noir, doublures et gardes de papier crème. Reliure très bien conservées. Légers frottements. Intérieurs très frais sans aucune rousseur sur papier vélin fin.
Contrefaçon belge parue peu de temps après la première pré-originale belge imprimée chez Tarride à Bruxelles en 1848 également en 20 tomes in-16.
Cette édition de 1851 est un retirage, avec seulement d'infimes différences de justification des pages, de l'édition Tarride 1848 (Bruxelles). Le texte est identique. Il existe aussi une édition datée 1850 chez le même libraire et dans le même format. D'après nos recherches il s'avèrerait que la maison d'édition Tarride et la Librairie du Panthéon ne seraient en réalité qu'une seule et même maison.
Le tracé de la publication en librairie des Mémoires d'outre-tombe est assez sinueux. L'édition originale des Mémoires d'outre-tombe, titre final du projet, sera publiée en 12 volumes in-8 entre 1849 et 1850 chez Penaud frères (Paris), après une diffusion en feuilleton dans le journal La Presse. C'est depuis les colonnes de La Presse que les libraires belges s'empressent de copier le texte de Chateaubriand pour le publier immédiatement en petits volumes destinés à inonder le marché de la librairie française sous le manteau (libraire Tarride de Bruxelles). L'édition belge de petit format est donc en partie pré-originale (4 premiers volumes belges) et en avance sur l'édition originale française en grand format. D'autres éditions belges parues chez le même (ou d'autres comme Méline) suivent de près en 1849, 1850 et 1851. Le succès de l'édition française a dû inciter à la multiplication des éditions pirates.
Chateaubriand souhaitait que ces Mémoires ne fussent publiés qu'après sa mort survenue le 4 juillet 1848, ce qui fut effectivement le cas. Les Mémoires d'outre-tombe, s'ils relèvent des Mémoires au sens historique et littéraires du terme, s'inspirent des Confessions de Rousseau au sens où Chateaubriand traite, outre les événements politiques et historiques, des détails de sa vie privée et ses aspirations personnelles. Il nous révèle son moi intérieur dans une intimité parfaite avec le lecteur. Les Mémoires d'outre-tombe sont considérés, à tort ou à raison, comme l'un des plus beaux textes intimistes du XIXe siècle. L'auteur y développe une prose poétique d'une force incomparable.
Les Mémoires d'outre-tombe sont un monument littéraire toujours très recherché par les bibliophiles. L'édition française en 12 volumes in-8, bien reliée à l'époque, est d'un prix élevé (8.000 à 12.000 euros en librairie selon la reliure). Cette petite édition belge, parfaitement reliée à l'époque et restée d'une étonnante fraîcheur est un beau témoignage des combats éditoriaux qui pouvaient régner entre la France et la Belgique au milieu du XIXe siècle.
Bel exemplaire de cette édition peu commune dans sa séduisante reliure romantique d'un élégant noir lugubre.
Prix : 1.500 euros