mercredi 21 novembre 2018

Laurent Bordelon. La Langue (1705-1707). De quoi s'agit-il dans ce livre ? "Les polissons mêmes en ont plaisanté. Est-ce une langue de bœuf, de mouton, une langue fourrée ? (...)".


[Laurent Bordelon]

La Langue.

A Paris, chez Urbain Coustellier et Claude Prud'homme, 1707 [i.e. 1705-707]

Rélié à la fin du premier volume :

Lettre sur le livre intitulé La Langue.

A Paris, chez Jean Musier, 1706

2 volumes petits in-8 (17,5 x 10 cm) de : Frontispice gravé, 14 feuillets non chiffrés et 403-(1) pages + 24 pages pour la Lettre sur le livre intitulé La Langue ; 4 feuillets non chiffrés et 545-(9) pages.

Reliure de l'époque plein veau brun, dos ornés aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison de maroquin rouge. Reliure usagées encore solides et décoratives malgré des manques aux coiffes, coupes, galeries de vers sur deux plats, coins usés. Intérieur frais. Bien complet du frontispice gravé.

Edition originale.


Le premier volume, initialement prévu pour être le seul, se trouve ici avec un titre de relais à la date de 1707 (l'impression est celle de 1705) et annonce le tome II publié seulement en 1707.


Nous venons de donner un article qui détaille l'histoire et le contenu de cet ouvrage. A lire sur le Bibliomane moderne ICI.


Voici la table des chapitres du premier volume : De la conversation. La langue du babillard. La langue du silencieux. La langue du diseur de bons mots. La langue du polisson. La langue du railleur. La langue de celui qui dispute. La langue de l'opiniâtre. La langue de l'étourdi. La langue du Complimenteur. La langue de celui qui loue. La langue du flatteur. La langue du menteur. La langue de celui qui se vante. La langue du médisant. La langue de celui qui jure. La langue de celui qui promet. La langue du nouvelliste. La langue de celui qui fait des rapports. La langue de celui qui conseille. La langue de celui qui fait des réprimandes. La langue de celui qui instruit. La langue de celui à qui on confie, ou qui confie un secret. La langue des femmes. La langue de l'amour. La langue de celui qui se plaint. La langue de celui console. Le second volume (qui comme nous l'avons vu n'était pas prévu à l'origine) ne contient qu'un seul Traité, celui de la Langue de celui qui fait attention. Néanmoins ce seul traité des Attentions occupe plus de place encore que le premier volume. Ce second volume est divisé en une multitude de chapitres sur les Attentions. Attentions sur les sciences et les savants, sur les auteurs et les livres, la critique et la satire, la philosophie et les philosophes, l'histoire et les historiens, l'éloquence et les orateurs, la médecine et les médecins, la chimie et les chimistes, la poésie et les poètes, la musique et les musiciens, attentions sur les femmes, sur l'amour, les spectacles, la dévotion et l'hypocrisie, les ecclésiastiques, les personnes religieuses, la magistrature, la guerre et les guerriers, la cour et les courtisans, les publicains, le mariage et les gens mariés, la noblesse et les nobles, sur l'orgueil, la gloire et les grandeurs, la supériorité et la dépendance, les richesses et la pauvreté, les amis et les ennemis, la crédulité, l'opinion et la coutume, la prévention, la superstition, la retraite et la solitude, sur la connaissance de soi-même, la liberté, les afflictions, la jeunesse et les jeunes gens, la vieillesse et les vieillards, le commerce de la vie civile, différents sujets. Concernant le petit opuscule relié à la suite du premier volume, publié à la date de 1706, et intitulé Lettre sur le livre intitulé La Langue (paru chez Musier à Paris avec une Approbation datée du 20 décembre 1705 et une Permission datée du 27 mars 1706, l'auteur est semble-t-il resté anonyme. Le texte est amusant à lire et le style pourrait faire penser à Bordelon lui-même comme auteur facétieux de cette publicité digne d'un marketing avancé. En effet, après avoir signalé cet ouvrage étonnant, curieux, bizarre, dont le titre si court en contient si long, l'auteur finit par vanter les mérites de ce texte très-utile. On lit au début, et c'est sans doute ce que tout le monde aura pensé en lisant le titre de ce billet : "Les polissons mêmes en ont plaisanté. Est-ce une langue de boeuf, de mouton, une langue fourrée ? Il n'y a pas de livre dont on parle plus par tout le monde que celui-ci, disait un autre, car en quelque endroit qu'on parle, on n'y parle que de La Langue."


La langue des femmes : "Les femmes sont dangereuses pour les hommes ; parce qu'elles cherchent à plaire, et qu'il est bien difficile de ne se pas rendre à leurs attraits ; parce que leurs vertus peuvent causer d'une certaine manière en nous d'aussi grands désordres, que leurs vices ; parce qu'elles ne blessent pas moins par leur modestie, que par leur beauté ; parce qu'elles peuvent détruire par leur seule présence, les projets de perfection les plus assurés ; parce qu'elles peuvent triompher par un simple regard, des réfutations les plus fières ; parce qu'elles peuvent ruiner par une légère marque d'affection, les habitudes de vertu les plus invétérées." (extrait).



Provenance : Bibliothèque gratuite de bons livres (ville d'Auch, bibliothèque religieuse avec cachet répété sur les titres et sur un feuillet dans les volumes).

Bon exemplaire en condition d'époque (reliures à restaurer) de cet ouvrage très intéressant.

Prix : 395 euros