mercredi 7 novembre 2018

Jean-Baptiste-René Robinet. De la nature (1762). Ouvrage initialement attribué à Helvétius, Voltaire ou Diderot. Philosophie matérialiste. Bel exemplaire.


Jean-Baptiste-René Robinet

De la nature.

A Amsterdam, chez E. Van Harrevelt, 1762

4 parties en 1 volume in-12 (17,5 x 10,5 cm) de XII-228, VI-284 pages.

Reliure hollandaise de l'époque plein parchemin rigide, titre doré au dos, tranches mouchetées. Quelques légères et discrètes retouches à la reliure, intérieur frais. Rousseurs sur les gardes blanches. Rares rousseurs dans le texte.

Nouvelle édition.


Cet ouvrage a paru pour la première fois au format in-8 l'année précédente (1761 chez le même libraire). Publié anonymement, il a été rapidement attribué à Diderot, Helvétius et même Voltaire. L'auteur, un certain Robinet (âgé de seulement 27 ans), s'est fait connaître comme l'auteur de cet ouvrage dans le Journal des Savants en 1762.


La Première Partie traite de l'équilibre nécessaire de biens et de maux dans la nature (elle occupe tout le premier tome et la moitié du volume). La Seconde Partie traite de la génération uniforme des êtres (pp. 1 à 146 du second tome). La Troisième Partie traite de l'instinct moral (pp. 147 à 190 du second tome). Enfin la Quatrième et dernière Partie traite de la physique des esprits (pp. 191 à 284 du second tome). Une seconde édition plus étendue a paru en 1763, mais dépouillée du prestige de l'anonymat, elle intéressa moins le public. L'édition définitive complète de De la Nature sera publiée en 1766 (d'autres éditions suivront). De la Nature a pourtant été mis à l'index le 9 septembre 1762 (année de notre édition) pour ses prises de positions matérialistes sur l'Âme et Dieu.


Robinet formule dans cet ouvrage l’idée que les organismes vivants se transforment de manière à former une chaîne ininterrompue, idée qu’il développe dans ses Considérations philosophiques de la gradation des formes de l’être, ou les essais de la nature qui apprend à faire l’homme et dans son Parallèle de la condition et des facultés de l’homme avec la condition et les facultés des autres animaux, parus en 1768 et 1769. On assimile ainsi Robinet à l'un des précurseurs des théories transformistes telle qu'elles seront synthétisées plus tard par Charles Darwin. Il fut le continuateur de la grande Encyclopédie de Diderot et d'Alembert (il publia les Suppléments).


"Jean-Baptiste Robinet, philosophe en partie éconduit par la postérité, publie à Amsterdam à partir de 1761, sous couvert de l'anonymat pour le premier tome, son ouvrage principal De la Nature, "livre capital" selon Hegel, représentatif de l'épistémè de l'âge classique selon Foucault. Cette oeuvre qui est un morceau étonnant de philosophie hylozoïste, adossé aux découvertes récentes des naturalistes, est également une entrée privilégiée dans les Lumières européennes : positionné entre Voltaire sur la question du mal et Diderot dont il commente les Pensées sur l'interprétation de la nature, le philosophe rennais tente en outre d'arbitrer le débat sur "l'ordre des choses" entre nominalisme et essentialisme. Il entre également dans le cercle des rédacteurs des Suppléments de l'Encyclopédie. À ces titres divers il s'inscrit, à la fois comme éditeur et philosophe, dans une nouvelle manière de faire de la philosophie comme pratique raisonnée des dictionnaires et comptes rendus des sociétés savantes. Soucieux de ne laisser aucune question dans l'ombre, y compris quand elle est mêlée de religion, il assume une critique radicale de l'anthropomorphisme, appuyée sur le commentaire de Bayle, ce qui contribue à le situer durablement, entre athéisme et matérialisme, du côté des pensées inclassables." (Jean-Baptiste Robinet, De la nature, édition critique par Françoise Badelon, Paris : Honoré Champion, coll. "L'âge des Lumières" n° 49, 2009, 2 vol. 632, 496 p. Présentation de l'éditeur).


Bel exemplaire.

Prix : 490 euros