lundi 29 juillet 2024

[Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne] [RESTIF DE LA BRETONE] Le Palais-Royal. Première partie. Les Filles de l'Allée-des-Soupirs. Seconde partie. Les Sunamites. Troisième partie. Les Converseuses. A Paris, au Palais-Royal d'abord ; puis Partout ; même chés Guillot, libraire rue des Bernardins, 1790. 3 parties reliées en 3 volumes in-12. Bien complet des trois jolis frontispices dépliants. Reliure demi-veau cerise à larges coins (première moitié du XIXe siècle). Bel exemplaire finement relié dans la première moitié du XIXe siècle de cet ouvrage rare.



[Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne] [RESTIF DE LA BRETONE]

Le Palais-Royal. Première partie. Les Filles de l'Allée-des-Soupirs. Seconde partie. Les Sunamites. Troisième partie. Les Converseuses.

A Paris, au Palais-Royal d'abord ; puis Partout ; même chés Guillot, libraire rue des Bernardins, 1790

3 parties reliées en 3 volumes in-12 (172 x 102 mm | Hauteur des marges : 166 mm) de 280, 248 et 288 pages. Frontispice dépliant en tête de chaque volume.

Reliure demi-veau cerise à larges coins, dos lisses ornés avec fleurons à froid et filets dorés, roulettes à froid sur les plats et coins (reliure romantique exécutée vers 1830). Reliures fraîches en dépit de légers frottements ou usures aux coins et deux petits manque de cuir en queue des dos (volumes I et III). Intérieurs très frais.



Edition originale rare.

Bien complet des trois frontispices dépliants en parfait état.



Les trois frontispices dépliants portent les titres suivants : Les trente-deux filles dans l'allée des Soupirs - La Colonnade - Le Cirque. Ces figures sont très jolies.

L'ouvrage fut composé et imprimé par Restif en 1789 (Monsieur Nicolas, Tome XI, p. 114 et 169). Il s'est mis lui-même en scène, sous le nom de M. Aquilin-des-Escopettes. Le libraire Guillot fut décapité le 27 août 1792 comme faux-assignataire (il fabriquait de faux assignats à Passy). (Rives Childs)



Du Palais-Royal, Restif disait : "Ce genre d'héroïnes n'était que légèrement historié passim dans les cinq suites [des Contemporaines] précédentes. Par celle-ci, en tois volumes, j'approfondis la matière, en dévoilant une multitude de choses que je tenais de mon ami le docteur Guillebert, et que je n'aurais jamais connues sans lui : les différentes manières de se divertir à Paris, avec les femmes, ou de les faire servir au plaisir des hommes [...] "Les différents détails de cette production singulière la rendent, pour les Français, ce que fut la Satire de Pétrone pour les Romains : les Sunamites, les Berceuses, les Ressemblantes, etc., sont autant de phénomènes moraux, réservés sans doute à notre siècle. Cette VIe Suite des Contemporaines ne pouvait entrer dans les premières, à cause des censeurs ; mais elle était nécessaire à leur intégrité." (Mes Ouvrages, p. 162)







Restif ajoutait, dans une notice qu'on trouve à la fin du tome VIII de l'Année des dames nationales : "Cet ouvrage [le Palais-Royal] présente le Tableau philosophique de l'ancienne corruption. Ce ne sont pas les histoires des filles en elles-mêmes, qui sont intéressantes. C'est la peinture des moeurs qu'elles amènent, et le mérite de cette peinture ne consiste que dans la vérité. Mais ce n'est pas tout : on trouve, dans ce nouveau Pétrone, des genres de prostitution raffinés ; différentes espèces, non de débauche, mais d'usage des femmes, inventées par des Matrulles sagaces, qui tirent un parti inconnu des charmes qu'un sexe offre à l'autre. C'est donc un livre très instructif et même philosophique, que le Palais-Royal, en trois volumes, que vend le citoyen Louis, libraire, rue Saint-Séverin."

« L'Avis qui précède le Palais-Royal commence ainsi : « Tandis que des journalistes mensongers répandent le venin et la terreur, tandis​ que des âmes atroces cherchent à détruire la confiance, et, par un air de tristesse, aggravent nos malheurs , ne serait-il pas à propos de montrer que la Nation a conservé le goût du plaisir, qu'elle n'est point accablée et qu'elle veut rire encore ? Nous donc, célibataires jadis célèbres, un peu singuliers, peut-être bizarres, avons entrepris de ramener la Nation à des idées plus douces, et, tout en attaquant des abus, de présenter quelquefois l'attrait du plaisir. Nous allons former une galerie de tableaux, gaiement tristes... » (Lacroix)

Rétif écrit en finissant son ouvrage : « La Révolution est opérée, citoyens ! Tous les abus vont disparaître, et l'égalité va ramener les bonnes-moeurs. Hé ! ne dites pas que le riche fait vivre le pauvre ! Il le corrompt plus sûrement qu'il ne le fait vivre ! Cependant nous observerons les moeurs, nous les guetterons, pour ainsi dire, et nous crierons sus au Vice, comme vos sentinelles-nationales crient sus aux ennemis du Peuple ! »

« Ce curieux et bizarre ouvrage a été composé sur le vif, comme on disait autrefois ; on peut dire que l'auteur a travaillé in anima vili, comme l'anatomiste sur le cadavre. » (Lacroix)

« On sait que le nouveau Palais-Royal, écrivait-il en 1796 (Monsieur Nicolas, p. 1789), est devenu le rendez-vous universel des motions, des affaires, des plaisirs, de la volupté, de la débauche, du jeu, de l'agiotage, de la vente d'argent, d'assignats, de mandats, et par conséquent le temple ou le prostituteur de l'observation. Ce célèbre bazar m'attirait donc par lui-même et par les agréments que je rencontrais sur la route. » L'auteur du Pornographe n'eut qu'à se souvenir, pour faire, ex professo, un traité sur les Filles du Palais-Royal. (Lacroix)







Fils de paysans de l'Yonne, devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Polygraphe, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à tous les genres, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779) où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également touché au théâtre sans grand succès. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde. Cependant l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé -, mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. C'est aussi un philosophe réformateur pénétré de rousseauisme qui publie des projets de réforme sur la prostitution, le théâtre, la situation des femmes, les mœurs, et un auteur dramatique.

Références : Monselet, n°36, pp. 163-165 ; Rives Childs, n°XXXVIII-1, pp. 313-314 ; Lacroix, XL-1, pp. 338-341

Provenance : de la bibliothèque du docteur André Chauveau (vente de février 1976) avec son ex libris.

Bel exemplaire finement relié dans la première moitié du XIXe siècle de cet ouvrage rare de Rétif de la Bretonne.

Prix : 4.500 euros