mercredi 24 juillet 2024

Les Provinciales ou Lettres de Louis de Montalte. Par Blaise Pascal. Un des exemplaires imprimés sur beau papier vélin (250 ex.). Exemplaire relié par Joseph Thouvenin au chiffre couronné de Louis-Philippe, roi des français de 1830 à 1848. Très bel exemplaire.


Blaise PASCAL | [LOUIS-PHILIPPE d'Orléans, Roi des français, reliure au chiffre couronné] | Joseph THOUVENIN, relieur

Les Provinciales ou Lettres de Louis de Montalte. Par Blaise Pascal.

A Paris, de l'imprimerie de P. Didot l'Aîné, imprimeur du Roi et de la Chambre des Pairs, 1816

2 volumes in-8 (21,7 x 13,5 cm) de (4)-CXXXVI-284 et (4)-320 pages.

Reliure plein maroquin bleu nuit à grain long, dos à faux-nerfs ornés aux petits fers dorés, filets et palettes dorés, plaques dorées et à froid en encadrement extérieur des plats, chiffre couronné doré au centre des plats supérieurs, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées (reliures signées en queue du dos du premier volume R. P. THOUVENIN (relié par Joseph Thouvenin).



Ouvrage de la Collection des meilleurs ouvrages de la la langue française dédiée aux amateurs de l'art typographique (feuillet imprimé placé en tête de chaque volume).

Notre exemplaire est un des exemplaires imprimés sur beau papier vélin (250 exemplaires d'après les bibliographies).

Exemplaire relié au chiffre couronné de Louis-Philippe, roi des français de 1830 à 1848 (OHR, pl. 2499, variante du fer n°2)

Cette collection comprend 75 volumes in-8. On y trouve les plus grands auteurs classiques de la littérature française (Molière, Voltaire, Racine, Pascal, Fénelon, Montesquieu, Corneille, La Bruyère, La Rochefoucault, Bossuet, Boileau, etc.).









Ces deux volumes sont précédés d'un Essai sur les meilleurs ouvrages écrits en prose dans la langue française, et particulièrement sur les Provinciales de Pascal. L'éditeur Didot y explique ce qui a motivé cette édition de luxe réalisée avec le plus grand soin quand à l'impression et à la correction du texte. Cet Essai débute par une histoire des origines de la langue française, sur les premiers livres imprimés dans cette langue au XVe siècle (avec une liste détaillée de quelques éditions incunables parmi les plus notables), sur les meilleurs écrivains du XVIe siècle (avec une liste détaillées des auteurs les plus importants (Rabelais, Calvin, Bodin, Montaigne, etc.), des meilleurs auteurs d'ouvrages en prose depuis Guez de Balzac jusqu'à Pasval (Descartes, Cyrano de Bergerac, Scarron, etc.), vient ensuite la notice sur les Provinciales de Pascal. Cette notice est signée François de Neufchateau (Paris, le 20 novembre 1816).

Les Provinciales (titre complet : Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces Pères) est un ensemble de dix-huit lettres, en partie fictives, écrites par Blaise Pascal. Publiées entre janvier 1656 et mars 1657, elles ont d’abord eu pour but de défendre le théologien janséniste Antoine Arnauld, menacé d’être condamné par la Sorbonne, avant de s’orienter vers une critique de la Compagnie de Jésus et, en particulier, de la casuistique laxiste défendue par certains de ses membres​. Les Provinciales paraissent dans le cadre d’un débat de longue haleine entre jansénistes et jésuites au sein de l’Église catholique, portant principalement sur la grâce et les pratiques sacramentelles. Ces derniers semblent triompher quand le Saint-Siège condamne en 1653 un ensemble de propositions attribuées à Jansénius. Antoine Arnauld, plus importante figure du parti janséniste depuis plusieurs années, réagit en publiant plusieurs libelles apologétiques ; l’un d’entre eux est mis en cause devant la Sorbonne en novembre 1655, et la condamnation du théologien semble très rapidement certaine. Pour faire face à une procédure perdue d’avance, les jansénistes prennent alors le parti de s’adresser à l’opinion publique. Ils font pour cela appel à Blaise Pascal : celui-ci, qui a récemment décidé de se consacrer à la religion, ne s’est jusqu’alors jamais essayé à ce genre d’ouvrages, bâtissant sa réputation sur ses travaux de mathématiques et de physique. Les Provinciales sont néanmoins un grand succès, immédiat et croissant, qui se justifie tant par la qualité d’écriture de l’auteur (emploi d’un style agréable, usage efficace du comique, « vulgarisation » réussie de la théologie), que par la solidité de son argumentation. Ce dernier choisit d’employer la fiction : un Parisien de la bonne société informerait par lettres un ami vivant en province du déroulement du procès d’Arnauld à la Sorbonne. La première lettre parait en janvier 1656, anonymement et clandestinement. Après la troisième, le théologien ayant été condamné, Pascal change de cible : il s’attaque désormais exclusivement à la Compagnie de Jésus. Celle-ci est dès lors incarnée par un Père naïf et pédant, qui durant plusieurs entretiens expose au narrateur les plus coupables maximes morales défendues par les jésuites, sans en percevoir la gravité, ni l’indignation de son interlocuteur. Avec la onzième lettre, se produit un second tournant : l’auteur abandonne cette fois la fiction pour répliquer directement aux jésuites, qui ont entre-temps produit plusieurs réponses. Les Provinciales cessent de paraître en mars 1657, pour des raisons mal connues. Malgré une forte répression des autorités politiques, l’œuvre a fait évoluer l’élite sociale qui constitue à l’époque l’opinion publique en faveur du jansénisme, tout en donnant une image négative de la Compagnie de Jésus en France. Les maximes morales laxistes dénoncées par Pascal font rapidement l’objet de la réprobation générale, et sont condamnées à plusieurs reprises par Rome. Néanmoins, les Provinciales n’ont pas eu le même succès quant à la défense du courant janséniste et de Port-Royal, l'abbaye qui l’incarne : dans les années qui suivent, les mesures de persécution provenant du roi de France et du Saint-Siège redoublent à leur égard. D’un point de vue littéraire, la réputation de l’œuvre n'a malgré tout jamais été remise en cause : celle-ci est aujourd’hui considérée comme un classique de la littérature française.

Les Provinciales sont imprimées aux frais des gens de Port-Royal, à moins de cinquante écus par tirages. Les imprimeurs, tous parisiens, sont habitués à travailler à leur service, souvent clandestinementb. Ceux-ci sont très exposés aux descentes de la police, qui cherche à arrêter l’impressionb. De ce fait, les éditeurs varient d’une lettre et d’une édition à l’autre. Pour égarer les autorités, ils restent anonymes, les indications placées dans certaines lettres étant fictives ; ils exercent généralement en parallèle l’activité de libraire. L’impression, qui implique plusieurs typographes différents, se fait le plus souvent en une seule fois, de nuit, et dans un lieu retiré, afin d’éviter les mouchards. Les exemplaires se présentent sous forme de brochures in quarto comptant huit pages, à l’exception des trois dernières lettres, qui sont plus longues. Le tirage croît avec le succès : on estime ainsi que la dix-septième lettre est imprimée à plus de dix-mille exemplaires, contre environ deux mille pour la première. Les Provinciales sont sans doute distribuées par l’intermédiaire de réseaux de distributions, ou directement à leurs amis par les gens de Port-Royal. Elles sont dans un premier temps offertes gratuitementb avant d’être, probablement à partir de la publication de la cinquième Lettre, vendue de façon confidentielle dans des librairies liées à Port-Royal au prix de 2 sols 6 deniers. Cela permet aux bailleurs de fonds de rembourser leurs frais et de faire des bénéfices, d’autant plus que les Provinciales sont rapidement et à plusieurs reprises rééditées. Le premier recueil rassemblant l’ensemble des lettres est imprimée au printemps 1657 ; précédé d’une préface de Nicole, il est produit à Amsterdam par Daniel Elzevier et importé illégalement en France grâce notamment à la complicité du syndic des libraires. Une deuxième édition en français émanant de Port-Royal suit quelques mois plus tard : contrairement à la précédente, elle contient quelques légères corrections de fond. Les modifications sont beaucoup plus importantes dans la suivante, datée de 1659, la dernière avant la mort de Pascal : on compte en tout trois cent vingt variantes. Celles-ci ont plutôt tendances à affaiblir le style, en particulier dans les premières lettres, effaçant les marques de polémiques telles que l’emploi de l’ironie. Elles sont probablement principalement effectuées par Louis Gorin de Saint-Amour ; on ignore si elles ont été approuvées par Pascal. Les éditions actuelles reprennent l’une de ces trois versions.


Provenance : exemplaire au chiffre couronné de Loui-Philippe d'Orléans, roi des français. Louis-Philippe 1er fut est couronné le 9 août 1830 et régna jusqu'au 24 février 1848. Le relieur Joseph Thouvenin, créateur de ces reliures, mourut en 1834. Le style de ces reliures correspond sans conteste à la période 1820-1834. D'après une note il semblerait que Thouvenin ait signé ses reliures "R.P. THOUVENIN" jusqu'en 1820 puis de 1820 à 1834 il aurait signé tout simplement "THOUVENIN". Nous ne savons pas si l'ensemble des 75 volumes tirés sur papier vélin a été relié à l'identique de nos deux volumes par Joseph Thouvenin (nous n'en n'avons trouvé aucune trace dans les archives).


Très bel exemplaire au chiffre de Louis-Philippe d'Orléans (1773-1850) agréablement établi par Joseph Thouvenin.

Prix : 2.300 euros