Jean TRAYNIER, illustrateur | Anonyme [Antoine de La Sale].
QUINDECIM MATRIMONII GAUDIA | LES QUINZE JOYES DE MARIAGE. Trente-deux (i.e. 30) eaux-fortes de Jean Traynier.
Fenêtre ouverte sur l'esprit, Paris, 1949 [achevé d'imprimer le 26 octobre 1948]
1 volume in-4 (28,5 x 19,5 cm), en feuilles de 145 pages. 15 eaux-fortes dans le texte et hors-texte (dont deux sur double-page). 15 têtes de chapitres à l'eau-forte. Texte imprimé en noir et sanguine, orné de nombreux ornements gravés sur bois par l'artiste. Couverture rempliée décorée à froid sur le premier plat. Etui et emboîtage neuf en parfait état.
Tirage unique à 39 exemplaires seulement tous imprimés sur papier vélin de Lana à la forme.
Celui-ci, un des 15 exemplaires auxquels il a été ajouté une suite en bistre avec remarques, une suite des départs de chapitre, un cuivre et un croquis.
Notre exemplaire contient les pièces suivantes (plus de pièces qu'annoncé) :
- 8 feuillets de suite pour les départs de chapitres imprimés en sanguine (15 eaux-fortes)
- 15 feuillets de suite pour les eaux-fortes pleines pages ou à mi-page tirées en bistre, avec remarques érotico-humoristiques.
- 1 grand croquis original (double-page) dessiné sur calque
- 1 petit croquis original dessiné sur calque
- 1 croquis original 3/4 de page dessiné sur papier
- 1 croquis original 3/4 de page dessiné sur papier
- 1 dessin original à l'encre de chine 1/2 page sur papier et signé par l'artiste (inédit non retenu)
- 1 cuivre original 9 x 9 cm (verni et non rayé) non utilisé (non retenu) pour le tirage définitif du livre
Tirage réalisé aux dépens de quelques bibliophiles sur les presses de Pierre Gaudin pour la typographie, maître-imprimeur A. de Clerck pressier. Les eaux-fortes de Jean Traynier ont été tirées sur les presses à bras de Paul Prévoté sous la direction de l'artiste.
Les Quinze joies de mariage est un texte satirique français en prose publié anonymement au milieu du XVe siècle et attribué à Antoine de La Sale, qui présente un tableau plein d'humour et d'acuité des querelles et tromperies conjugales : la satire misogyne voisine avec une analyse impitoyable de l'aveuglement des époux placés dans des situations quotidiennes et concrètes. L’auteur parodie un texte de dévotion populaire, les Quinze joies de la Vierge, et énumère en quinze tableaux les « joies », c’est-à-dire les affreux malheurs de l’homme pris dans la « nasse » du mariage, présenté comme la source de tous les maux domestiques, érotiques et autres, et surtout comme l'origine du malheur suprême de tout être humain : la perte de la liberté. Le ton est nettement misogyne et anti-féministe et s’inscrit dans une tradition médiévale qui remonte à saint Jérôme (notamment son Adversus Jovinianum) où les machinations et ruses féminines font le malheur de l’homme ; mais le mari est présenté comme un balourd sans imagination, « métamorphosé en âne sans qu'il soit besoin d'aucun enchantement », aussi coupable que son épouse, et qui a bien cherché son malheur : « Dieu n'a donné froid qu'à ceux qu'il sait assez chaudement emmitouflés pour pouvoir le supporter. » Le texte offre un tableau vivant et enjoué des pièges de la conjugalité, sans désir de corriger les mœurs, mais en jetant un regard ironique, toujours amusé. L’intérêt du texte tient en particulier à ce que chacun des quinze tableaux, mi-narratifs mi-satiriques, dans une langue proche de la langue parlée, est en soi une petite nouvelle avec de nombreux dialogues vifs et réalistes. L'aiguillage de la vérité générale vers la scène fictive est opéré par des adverbes comme le fréquent « à l'aventure » (par hasard en moyen français), qui signalent un changement de régime discursif au début de chaque tableau.
Jean Traynier donna en 1947 (à peine deux ans plus tôt) une très belle édition illustrée de manière très libre (Aux dépens d'un bibliophile et de ses amis, 1947). Pourquoi donner une nouvelle illustration pour ce même texte en un si court lapse de temps ? Nous ne savons pas. Si le style est identique (et aussi l'impression typographique et des eaux-fortes) notons que cette édition imprimée à très petit nombre (39 exemplaires seulement) n'entre pas dans la catégorie des curiosa purs et durs même si quelques compositions légères viennent agrémenter ce récit cocasse des joies et peines de l'union matrimoniale.
Très bel exemplaire en parfait état.
Prix : 1.150 euros