mercredi 26 juin 2024

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Lettres du Tombeau ou Les Posthumes ; Lettres reçues après la mort du Mari, par sa Femme, qui le croit à Florence. Par Feu Cazotte. Imprimé à Paris, à la maison ; se vend chés Duchêne, libraire, 1802. 4 parties reliées en 4 volumes grands in-12. Reliure demi-chagrin rouge du milieu du XIXe siècle. Edition originale très rare. Bon exemplaire d'un des ouvrages parmi les plus curieux et les plus rares de Rétif de la Bretonne.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

Lettres du Tombeau ou Les Posthumes ; Lettres reçues après la mort du Mari, par sa Femme, qui le croit à Florence. Par Feu Cazotte.

Imprimé à Paris, à la maison ; se vend chés Duchêne, libraire, 1802

4 parties reliées en 4 volumes grands in-12 (18,2 x 11,5 cm) de 356, 360, 360 et 335-(37) pages. Collationné complet. Exemplaire sans les feuillets paginés 133 à 138 ter qui manquent presque toujours au tome 2. Avec les pages 117 à 122 du premier tome qui furent censurées par la police lors de la saisie du tirage (selon Bordes de Fortages).

Reliure demi-chagrin rouge du milieu du XIXe siècle, dos à nerfs ornés de fleurons dorés, têtes dorées, tranches ébarbées non rognées (relié sur brochure). Taches sombres en pied des dos (anciennes mouillures stoppées), frottements sur les plats et les coupes et coins. Intérieur frais malgré quelques cicatrices d'anciennes mouillures stoppées et sans gravité pour le papier.












Edition originale très rare.

Exemplaire sans les quatre estampes qui ne se trouvent que dans de très rares exemplaires.

La plupart des exemplaires ont été remis en vente sans les gravures après la saisie par la police.

L'ouvrage fut commencé par Rétif en 1786, mais il ne fut achevé que dix ans plus tard, en 1796. Une analyse du livre se trouve dans Mes Ouvrages (p. 184-187) où il écrit : "Enfin, l'ouvrage finit par un aperçu sur la Révolution, d'autant plus étonnant que ces lettres ont été, avec preuves, composées trois années auparavant, en 1786, 1787, 1788. Voici la manière dont j'avais procédé. J'allais tous les vendredis souper chez la Comtesse de Beauharnais, qui m'en avait donné le sujet. Je composais tous les soirs une seule lettre ; de sorte que, tous les vendredis, je portais mes six lettres avec moi et je les lisais après souper. Elles faisaient ordinairement une forte impression ! A mon retour, ma fille cadette copiait ces lettres, envoyait l'au-net à la Comtesse et serrait les originaux. C'est sur ces originaux qu'a été refait tout l'ouvrage en 1796. Les réponses ont été composées à neuf."

Résumer Les Posthumes serait une gageure tant il contient de thèmes et de diversités curieuses. Cubières-Palmézeaux, ami et premier biographe de Rétif de la Bretonne écrit : "Le gouvernement d'alors ne permit point la publication de cet ouvrage, et le gouvernement d'alors n'eut pas tort, ce me semble. L'idée en est d'une bizarrerie sublime, si je puis allier ces deux termes : mais il y règne des obscénités révoltantes comme dans plusieurs ouvrages de notre auteur ; mais celui-ci y révèle beaucoup de choses qu'il aurait dû taire sur une personne qui tenait de près au gouvernement d'alors, et qui tient de près encore au gouvenement d'ajourd'hui." (Préface, Histoire des Compagnes de Maria, tome I, p. 186-188.)

Rétif a ajouté aux Posthumes, tome IV, pages 315-334, deux Revies, tirées de son ouvrage, l'Enclos et les Oiseaux qui n'était qu'en voie d'achèvement lorsqu'il imprima les Posthumes.













Portant le nom de Cazotte sur le titre, Rétif s'explique à ce sujet, sans convaincre, la courte préface attribuée à Cazotte faisant allusion à des événements postérieurs à sa mort. C'est donc à Rétif seul qu'il faut attribuer ces paroles : "Mon but dans la composition de cet ouvrage extraordinaire, dit-il, est le même que celui de Pythagore, à son arrivée en Italie : de guérir les hommes des vaines frayeurs de la mort, frayeurs qu'a triplées ou centuplées le christianisme ... J'ai préféré d'établir ces même vérités, d'une manière active ou dramatique, d'après un fait réel que m'a raconté Mme de Beauharnais. [...]." Mais l'ouvrage est avant tout un fourre-tout mêlant faits et événements fantastiques, merveilleux et tenant de la science-fiction, ce qui en fait l'un des premiers ouvrages du genre.

On lit dans une note de bas de page d'un ouvrage de Jacques Savarit (Tendances mystiques et ésotériques chez Dante-Gabriel Rossetti, p. 89) : "Les Posthumes (1802), contient l'exposé lyrique d'une théorie maçonne, un essai de cosmogonie théosophique et des peintures alternées de paradis swédenborgiens et de phalanstères fouriéristes où l'on peut reconnaître toutes les caractéristiques stylistiques propres à Rossetti le père."

Il est considéré par certains comme un roman de science-fiction dans lequel Rétif de la Bretonne nous narre l'histoire du duc Multipliandre, personnage qui a découvert le secret de l'immortalité et instaure un système de reproduction eugénique de l'humanité, on y trouve des voyages dans le temps, à travers l'univers, dans les astres, etc.

Ouvrage considéré par tous les biographes de Rétif de la Bretonne comme étant l'un des plus rares. Saisi par la police, les exemplaires, en grande partie disparus ou détruits, sont très difficiles à trouver. Il n'a jamais été réimprimé pas plus qu'il n'a été totalement compris.







Notre exemplaire, relié sur brochure (à gandes marges) vers 1860, n'a jamais eu les quatre estampes qui manquent à presque tous les exemplaires rencontrés.

Références : Rives Childs, XLVI, p. 342 ; Lacroix, XLVIII, p. 425

Bon exemplaire d'un des ouvrages parmi les plus curieux et les plus rares de Rétif de la Bretonne.

Prix : 6.000 euros


Note : Nous proposons également à la vente un autre exemplaire bien complet des 4 estampes (voir sur notre site)