Thomas d'Aquin (Thome de Aquino) Tommaso : d'Aquino santo (santo)
[La Chaîne d'Or de saint Thomas d'Aquin] Opus aureum sancti Thome de Aquino super quatuor euangelia nuperrime reuisum multis mendis purgatum et emendatum studiosissime: ac omnium textuum concordantijs et auctoritatum per doctores inductarum: verissimis quottationibus: necnon marginalibus summarijs decoratum cum singulari tabula totius operis: quae omnia de nouo addita sunt: et numquam al's impressa fuere.
(Venetijs : mandato & expensis heredum nobili viri quondam domini Octauiani Scoti Modoetiensis sociorumque, 1521 die 13 Nouembris diligentissime impressa) [Venise, par les héritiers d'Ottavio Scotto ou Scoto]
1 fort volume in-folio (31 x 22 cm) de 14 feuillets non chiffrés comprenant le titre illustré d'un bois gravé et la Table alphabétique, suivis de 317 feuillets chiffrés (bien complet du feuillet blanc à la fin). A la fin se trouve imprimée la marque d'Ottaviano Scotto (mort en 1498 ou 1499). Signatures: aa⁸, bb⁶, a-y⁸, ç⁸, [et]⁸, [con]⁸, [rum]⁸, A-N⁸, O⁶
Reliure ancienne plein vélin, dos à gros nerfs saillants, titre à l'encre au dos (reliure exécutée probablement à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle). Reliure très bien conservée. Minimes marques du temps. Intérieur frais imprimé sur beau papier fort. Nombreuses lettrines ornées. Texte imprimé sur deux colonnes en caractères gothiques de différents corps. Collationné complet.
Beau bois gravé 150 x 85 mm en haut du titre montrant Thomas d'Aquin en chaire en train d'exposer au roi Louis, roi de France (Louis IX, Saint-Louis) et à sa cour, avec AVEROIS marqué sur le pupitre (et à ses pieds) et à droite les doctes de l'église attentifs aux enseignements du maître.
Nouvelle édition de la Chaîne d'Or de Saint Thomas d'Aquin, c'est à dire le commentaire théologique des quatre évangiles : Mathieu, Marc, Luc et Jean. La Catena Aurea (« Chaîne d'or » ou « Chaîne dorée ») est une compilation de commentaires patristiques sur les Évangiles, chapitre après chapitre, verset après verset. Cet écrit est le fruit d'un travail dirigé par Thomas d'Aquin, réalisé entre Paris, Rome et Orvieto, entre 1262 et 1272. On compte environ 150 manuscrits et une centaine d'éditions imprimées de ce livre. Le titre de l'ouvrage est initialement Expositio continua in quatuor evangelia, c'est-à-dire l'enseignement continu concernant les quatre Évangiles, mais le nom de Catena Aurea, quelquefois appliqué à d'autres textes, s'est imposé vers le XIVe siècle. L'ouvrage recense approximativement 12 837 citations, qui peuvent être elles-mêmes issues de compilations et d'anthologies pré-existantes. Il est notable que cet ouvrage contient des sources non seulement latines, bien en usage à l'époque dans l'Europe occidentale, mais également des sources grecques, dont certains n'avaient jamais été traduites en latin avant cela. Cela peut être mis en lien avec les tentatives de rapprochement entre le patriarcat orthodoxe de Constantinople et le Saint-Siège en 1261. Le commentaire sur le premier des quatre Évangiles, l'Évangile selon Matthieu, réalisé entre 1262 et 1264, est précédé d'une préface dédicaçant l'ouvrage au pape Urbain IV, qui a commandité ce travail. Le reste, réalisé par la suite, est dédié à Annibale d'Annibaldi. Le genre de cet ouvrage n'est pas novateur pour l'époque : il existait déjà la Glose ordinaire et d'autres catenae, ainsi que des commentaires sur d'autres livres de la Bible, comme les Psaumes. Martin Morard analyse cependant que la Catena aurea, commandée par le Saint-Siège, montre la volonté du pape de recentrer l'enseignement sur les livres des Évangiles et leur contenu (Martin Morard, « La « Catena aurea » de Thomas d'Aquin sur les Evangiles).
Notre édition de 1521 donnée à Venise par les héritiers de Scotto est une reprise de l'édition incunable de 1493 avec seulement quelques différences de pagination. La première édition imprimée date de 1470. Il y eut ensuite de nombreuses rééditions. Une édition intégrale en français a été donnée en 1868 par l'abbé Péronne (Paris, Librairie Louis Vivès). Une première traduction en français était due au Père Nicolaï.
Thomas d'Aquin compile les commentaires sur les évangiles d'Origène, Théophile, Bède, S. Jérôme, S. Augustin, S. Chrys., Raban Maur, S. Léon pape, etc.
"À travers les quatre chaînes d’or, saint Thomas d’Aquin est aussi le plus grand compilateur de son temps. Non seulement il ajoute de son propre génie, mais il utilise et synthétise tout ce que la sainteté et la théologie ont produit depuis le commencement de l’Église. Il en ressort un formidable commentaire, moderne." (Présentation de la traduction française pour la Congrégation pour le Clergé). La traduction complète en français de ces commentaires est désormais disponible en ligne.
Thomas d'Aquin est né en 1225 ou 1226 au château de Roccasecca près d'Aquino, dans la partie péninsulaire du royaume de Sicile (Latium), et il est mort le 7 mars 1274 à l'abbaye de Fossanova près de Priverno dans les États pontificaux (dans le Latium également) Religieux italien de l'ordre dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique il est onsidéré comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, il est canonisé le 18 juillet 1323 par Jean XXII1, puis proclamé docteur de l'Église par Pie V, en 1567 et patron des universités, écoles et académies catholiques, par Léon XIII en 1880. Il est également l'un des patrons des libraires. Il est aussi qualifié du titre de « Docteur angélique » (Doctor angelicus) ou encore de « prince des scolastiques ». Son corps est conservé sous le maître-autel de l'église de l'ancien couvent des dominicains de Toulouse. En 1879, le pape Léon XIII, dans l'encyclique Æterni Patris, a déclaré que les écrits de Thomas d'Aquin exprimaient adéquatement la doctrine de l'Église. Le concile Vatican II (décret Optatam Totius sur la formation des prêtres, no 16) propose l'interprétation authentique de l'enseignement des papes sur le thomisme en demandant que la formation théologique des prêtres se fasse « avec Thomas d'Aquin pour maître ». Thomas d'Aquin a proposé, au XIIIe siècle, une œuvre théologique qui repose, par certains aspects, sur un essai de synthèse de la raison et de la foi, notamment lorsqu'il tente de concilier la pensée chrétienne et la philosophie d'Aristote, redécouverte par les scolastiques à la suite des traductions latines du xiie siècle. Il distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, définies comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu. Il qualifie la philosophie de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiæ) afin d'exprimer comment les deux disciplines collaborent de manière « subalternée » à la recherche de la connaissance de la vérité, chemin vers la béatitude. Il n'en reste pas moins qu'à l'époque plusieurs condamnations ont été prononcées à propos de plusieurs de ses propositions. Dans les 219 propositions condamnées par Étienne Tempier, évêque de Paris, le 7 mars 1277, une quinzaine de propositions concernaient l’aristotélisme de Thomas d'Aquin amalgamé à l’averroïsme ; la condamnation portait donc sur le sens averroïste, et la formulation n'était pas toujours celle de saint Thomas qui se démarquait de l'averroïsme ; elles portaient sur l’éternité du monde, l’individuation et la localisation des substances séparées, la nature des opérations volontaires. Parallèlement, l'œuvre de Thomas d'Aquin fut condamnée le 18 mars 1277 par l'archevêque anglais Robert Kilwardby. Guillaume de La Mare, franciscain, publia vers 1279 un correctorium de frère Thomas, recensant 117 propositions trop audacieuses. Réhabilité par la suite, notamment sous l'influence grandissante de l'ordre dominicain, il est canonisé en 1323 par le pape Jean XXII.
Provenance : signature ex libris du XVIIe sur le feuilletd de garde (non identifiée) et au bas du titre (anciennement biffée non identifiée).
Référence : Les éditions imprimées de la Catena Aurea (n°17), par Martin Morard, 2019.
Localisation des exemplaires : Edition très rare si l'on considère les divers recensements institutionnels. Aucun exemplaire de cette édition de Venise, 1521 à la Bnf ou au CCfr (Catalogue Collectif des bibliothèques de France) ; Ex. présent à la National Central Library of Rome (Italie) ; 35 exemplaires sont répertoriés en Italie ; le WorldCat recense un exemplaire à l'Edinburgh University Library (UK), un autre à la Folger Shakespeare Library (Washington, USA), les quelques autres exemplaires répertoriés au WordCat sont dans des bibliothèques italiennes.
Bel exemplaire en reliure ancienne.
Prix : 4.800 euros