mercredi 15 mai 2024

BOCCACCIO (Giovanni) BOCCACE (en français) IL DECAMERONE DI M. GIOVANNI BOCCACCIO NUOVAMENTE CORRETO ET CON DILIGENTIA STAMPATO. M. D. XXVII. [1527] [Florence, heredi di Philippo Giunta] [i.e. Venise, 1729, imprimé chez Pasinello par les soins d'Etienne Orlandini]. Célèbre imitation de l'édition de Florence de 1527 par les Giunta, imprimée à Venise en 1729. Cette imitation aurait été imprimée à 300 exemplaires seulement. Très bel exemplaire de cette célèbre supercherie éditoriale du XVIIIe siècle.


BOCCACCIO (Giovanni) BOCCACE (en français)

IL DECAMERONE DI M. GIOVANNI BOCCACCIO NUOVAMENTE CORRETO ET CON DILIGENTIA STAMPATO.

M. D. XXVII. [1527] [Florence, heredi di Philippo Giunta] [i.e. Venise, 1729, imprimé chez Pasinello par les soins d'Etienne Orlandini]

1 volume in-4 (231 x 170 mm | Hauteur des marges : 224 mm) de 7 feuillets non chiffrés y compris le titre suivis de 284 feuillets paginés. Complet.

Reliure plein maroquin rouge de la fin du XIX siècle signée Visinand, dos à nerfs orné d'un fleuron dans chaque caisson encadrés d'un double-filet doré, millésimé doré en queue, encadrement doré sur les plats avec fleuron azuré dans les angles, jeu de roulettes dorées en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne marbré, tranches dorées. Mors supérieur craquelé/fendu nécissitant une restauration (le plat reste solidement attaché mais fragile à la manipulation), sinon excellent état de la reliure restée très fraîche. Intérieur parfait, lavé et encollé au moment de la reliure. Superbe impression en caractères italiques sur papier vergé fin.

Célèbre imitation de l'édition de Florence de 1527 par les Giunta, imprimée à Venise en 1729.

Cette imitation aurait été imprimée à 300 exemplaires seulement.






Le Décaméron a été rédigé en italien de Florence entre 1349 et 1353 (Il Decameron ou Decameron). Il circula en manuscrit pendant plus d'un siècle. La première édition italienne imprimée du Décaméron, connue sous le nom d'édition Deo Gratias, a paru aux environs de Naples vers 1470 (elle n'est pas datée). Le Décaméron a été très tôt adapté en français. Une première fois dans les années 1415 (depuis une version latine et non italienne) par Laurent de Premierfait. D'abord sous forme de manuscrits puis imprimé (avec de nombreuses modifications) dès 1485 sous différents titres : Livre de cent nouvelles ; Bocace des cent nouvelles ou Le Livre Cameron autrement surnommé le prince Galliot. Il a ensuite été retraduit par Antoine Le Maçon, secrétaire de Marguerite de Navarre en 1545. Les éditions italiennes du Décaméron sont très nombreuses. Si les Alde de Venise en ont donné une très belle édition en 1522 qui passe pour très correcte et très recherchée, c'est l'édition de Florence par Giunta en 1527 qui passe pour être la plus belle de toutes les éditions anciennes.












L'édition de 1527 a tant attiré la convoitise des plus grands bibliophiles qu'on a méchamment pensé à les tromper. En 1729, une contrefaçon de cette édition de 1527 a été faite, à Venise, chez Pasinello, par les soins d'Etienne Orlandini, et aux frais de Salvatore Ferrari. Cette édition, dont les caractères neufs ont été fait spécialement pour imiter l'italique des héritiers de Philippe Giunta, a, selon la tradition et les divers écrits des bibliographes, été imprimée à 300 exemplaires seulement. Cette contrefaçon a été imprimée sur un très beau papier vergé fin fabriqué également pour l'occasion. L'imitation a été si bien faite, tant dans la justification des lignes, les caractères, etc. que les premiers bibliophiles à avoir découvert cette contrefaçon se seraient laissés trompés. Cependant des différences existent bien entre l'édition de Forence de 1527 et son imitation de 1729 sortie des presses vénitiennes. Même si le bibliographe Brunet dans son Manuel insiste sur le fait qu'on peut aisément faire la différence entre les deux impressions "au premier coup d'oeil", il liste les détails typographiques qui permettent de faire la différence. Les a qui ont la tête en pointe dans la première édition de 1527 ont la tête ronde dans l'impression de 1729. C'est sans doute l'argument principal qui permet en effet de faire de suite la différence. Nous avons pu comparé les deux impressions et d'autres lettres sont légèrement différentes également bien que très proches les unes des autres. Brunet précise également que dans l'impression de 1729 le caractère est neuf tandis que l'impression de 1527 a été faite avec des caractères usés. Brunet indique ensuite des différences dans la numérotation des feuillets et signale que les erreurs de foliotation de l'édition de 1527 ont été corrigées dans l'impression de 1729. Pour être encore plus précis une page pleine mesure 153 millimètres de hauteur (justification) et seulement 149 millimètres dans l'imitation (ce point n'est pas totalement vérifié sur l'exemplaire que nous avons de l'imitation puisque dans notre exemplaire une page pleine mesure 158 mm avec le titre courant et les signatures de bas de page ou bien 149 mm sans). D'autres petites différences sont notées par Brunet. Néanmoins la mise en forme générale, la marque du libraire parfaitement imitée, le colophon avec le registre et la date d'impression, tout est imité sur l'originale avec une certaine perfection et volonté de tromper l'amateur non éclairé par un bibliographe averti (remettons-nous dans le contexte du XVIIIe siècle au moment de la mise en circulation de cette imitation dans les premières semaines après l'impression de 1729). Cette imitation ne tromperait plus personne aujourd'hui. Déjà dans les catalogues de vente de livres rares de la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle cette imitation est parfaitement décrite.



Très bel exemplaire de cette célèbre supercherie éditoriale du XVIIIe siècle.

Prix : 3.800 euros