lundi 13 mai 2024

BAÏF (Jean-Antoine de). LES JEUX DE JEAN ANTOINE DE BAIF. A Monseigneur le duc d'Alençon. A Paris, pour Lucas Breyer, 1573 [i.e. 1572]. Edition originale. Superbe exemplaire parfaitement établi en maroquin décoré au milieu du XIXe siècle.


BAÏF (Jean-Antoine de)

LES JEUX DE JEAN ANTOINE DE BAIF. A Monseigneur le duc d'Alençon.

A Paris, pour Lucas Breyer, 1573 [i.e. 1572].

1 volume in-8 (182 x 110 mm - Hauteur des marges : 157 mm) de 4 feuillets non chiffrés comprenant le titre avec la liste des chapitres au verso et l'épître à Monseigneur le duc d'Alençon ; 232 feuillets chiffrés (le dernier feuillet coté 230, par suite d'une erreur de chiffres qu'on remarque aux derniers feuillets).

Reliure plein maroquin havane, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, plats décorés d'une large dentelle aux petits fers dorés et jeu de filets dorés en encadrement, filet doré sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, gardes petit peigne, tranches dorées sur marbrure (fine reliure du milieu du XIXe siècle, étonnamment non signée mais attribuable aux plus grands maîtres relieurs de l'époque, Trautz-Bauzonnet ? Duru ? Capé ?). Exemplaire probablement soigneusement et légèrement lavé et réencollé au moment de la reliure. Reliure parfaitement conservée. Intérieur frais, sans taches ni rousseurs.

Edition originale des poésies d'un des membres de la Pléiade, ami de Ronsard.


"Il [me] parait évident que le poète commença par donner une nouvelle édition de ses Amours, puis un volume de Ieux, avec de concevoir le projet d'une édition collective. On se rappelle que Ronsard avait déjà réalisé une telle ambition en 1560 (en 1573, il en était à sa quatrième édition collective!), et l'on peut comprendre que son ancien disciple et intime ait eu envie, lui aussi, d'aligner plusieurs tomes sur les étagères de la postérité. Les Amours et les Ieux, vendus séparément par Breyer, avant l'impression des Euvres en rime, se trouvent parfois avec de jolies reliures en vélin doré ou en maroquin." (Jean-Paul Barbier, Ma bibliothèque poétique, partie III, Ceux de la Pleiade, 60).


Ce joli volume imprimé en caractères italiques pour les vers et en caractères romains pour la prose, comprend : XIX Eglogues [oeuvres pastorales où les personnages possèdent et utilisent plusieurs instruments de musique] - Antigone [Première adaptation de la célèbre tragédie de Sophocle] - Le Brave [unique comédie représentée par l'auteur] - L'Eunuque [comédie jamais représentée] - IX devis des dieux pris de Lucian et dédiés au roi et à la reine de Navarre].

Ce recueil contient 16 pièces en vers considérées comme érotiques.









On a maladroitement ajouté à l'époque un I au composteur à côté et à la fin de la date du titre pour former la date 1573, mais c'est bien 1572 qu'il faut lire. Il se trouve des exemplaires des deux sortes. Exemplaire de première émission avec les fautes de pagination à la fin. (Catalogue n°51 de la librairie Lardanchet (1958), n°4.334.

La parution en 1572 des Ieux de Ian-Antoine de Baïf est essentielle dans le processus éditorial de l'ensemble des Oeuvres de l'auteur. Ce sont plusieurs recueils qui parurent alors séparément chez le libraire Lucas Breyer.

"C'est l'audace de Baïf qu'on retiendra, comme son esprit toujours novateur : il s'est essayé à tous les genres avec une hardiesse qui n'a d'égale que son goût de l'invention formelle, et son souci de variété. Il laisse une oeuvre immense, assurément imparfaite et insuffisamment relue, mais foisonnante de trouvailles poétiques, l'une des plus riches de son siècle." (Jean Vignes, Nouveau dictionnaire des auteurs, I, 216).






"Baïf fonde en 1570, dans sa maison du faubourg Saint-Marceau, l'Académie de poésie et de musique dont le rayonnement fut très important. C'est dans ce cadre qu'il publie les Étrennes de poésie française en vers mesurés (1574) ; ses autres oeuvres en vers mesurés, soit un psautier complet, un psautier incomplet et plusieurs livres de chansonnettes, sont restées inédites. Fascinée par l'Antiquité gréco-latine, la Renaissance européenne a connu de multiples tentatives d'introduire la métrique quantitative (reposant sur la longueur, ou poids des syllabes) dans des langues qui n'étaient pas toujours bien équipées pour la recevoir. C'est à ce projet que Baïf a consacré une partie très importante de son énergie créatrice, allant jusqu'à créer un système graphique qui permette de rendre compte aussi bien de la phonétique que de la métrique de ses vers. Il ne doit pas pour autant être considéré comme un « réformateur » de l'orthographe au même titre que Louis Meigret, Jacques Peletier du Mans ou Pierre de La Ramée : il n'a jamais, en effet, cherché à modifier les usages graphiques traditionnels, réservant sa graphie propre à ses vers mesurés. Considérés comme « maladroits » par des critiques qui, le plus souvent, n'ont pas pris le temps de s'y plonger, les vers mesurés « à l'antique » de Baïf, notamment les Psaumes et les Chansonnettes, même si leur diffusion est restée confidentielle, n'en constituent pas moins un fait littéraire aussi important que méconnu. Exploitant de manière ingénieuse les oppositions de quantité qui subsistaient dans la langue française de la Renaissance, Baïf propose, avec ses vers mesurés, un système de versification extrêmement élaboré qui, s'il n'est, comme toute forme d'art, pas totalement exempt d'artifice, est loin d'être aussi arbitraire qu'on a pu le penser. En outre, mis en musique par des compositeurs comme Claude Le Jeune ou Jacques Mauduit, les vers mesurés de Baïf ont eu une influence majeure sur la manière dont, jusqu'à la fin du XVIIe siècle, se sont organisés les rapports de la musique avec le texte." (Dictionnaire d'histoire de Bouillet).

"Mais plus ardant il l'aime et la poursuit,

Plus elle froide et le hayt et le fuit

Par les forests : tandis il se lamente,

Et de son ducil l'air et l'onde tourmente

Crevant de voir son corrival Acis

Dans le giron de sa mignonne assis,

Et luy suer en sa poursuitte vaine."

(extrait des Eclogues, Le Cyclope)

Provenance : Aucune mention d'appartenance.

Références : Tchémerzine, Bibliographie des éditions originales et rares, I, 265 ; Barbier-Mueller, III (Ceux de la Pléiade), n°60 ; Rahir, Bibliothèque de l'Amateur, 303


Superbe exemplaire parfaitement établi en maroquin décoré au milieu du XIXe siècle.

Prix : 5.000 euros