Nicolas-Edme RETIF DE LA BRETONNE [RESTIF DE LA BRETONE]
La Fille Naturelle. Première et seconde partie.
A La Haye, et se trouve à Paris, chez Humblot et Quillau, 1769
2 parties reliées en 1 volume in-12 (17 x 10 cm) de X-(2)-100 et (4)-124 pages.
Reliure strictement de l'époque pleine basane fauve marbrée à l'acide, dos lisse orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rouges, gardes et doublures de papier peigne. Reliure très fraîche. Intérieur très frais.
Contrefaçon rare, à la date de l'édition originale.
En août 1778, dans sa réponse à Jean-André Engelbrecht, traducteur allemand d’ouvrages français, Restif exprime très-naïvement ses préférences pour ce roman : « La Fille naturelle est un ouvrage attendrissant, dit-il (voy. la 27e lettre, à la fin du tome XIX des Contemporaines, seconde édition), et qui a un mérite, mais qui ne lui sert de rien auprès du lecteur : l’histoire est vraie, et j’en ai été le témoin oculaire. J’en prépare une troisième édition, outre les contrefaçons de province, et comme c’est mon ouvrage favori, je le retravaillerai pour le style et les situations, au point d’en faire un livre digne d’une nation. Malheureusement, les traductions auront toujours toutes mes fautes. »
La Fille naturelle a fourni deux nouvelles aux Contemporaines, sous les titres de la Sympathie paternelle et de la Fille reconnue (voy. Monsieur Nicolas, tome X, p. 2723). Restif en a tiré, en outre, un drame intitulé : la Mère impérieuse, ou la Fille naturelle. (Paul Lacroix, Bibliographie raisonnée des ouvrages de Restif de la Bretonne).
"On a souvent cité la manière de composer de Restif de la Bretonne, qui exécutait lui-même, sans manuscrit et sans préparation écrite, l’impression d’un roman. Celui de la Fille naturelle serait un exemple remarquable de cette étonnante facilité d’improvisation. Pendant qu’il imprimait, avec l’aide de son apprenti Théodore, La Confidence nécessaire, qu’il avait préparée et composée à loisir, pour le compte d’un libraire ; un autre libraire, nommé Edme Rapenot, lui raconta l’histoire d’un père riche, qui avait fait l’aumône à sa fille naturelle, sans la connaître. « Ce beau trait, dit-il, dans Monsieur Nicolas, tom. X (p. 2723), alluma mon imagination et me fit composer, à l’imprimerie même et sur une casse, La Fille naturelle, en deux parties, qui ne me prirent que six jours, tant la composition que la mise au net : chef-d’œuvre de célérité, peut-être chef-d’œuvre de pathétique... C’est la première fois que je me suis attendri, en composant. »
Ce roman, publié sans annonces, eut pourtant du succès, ou du moins se vendit, puisqu’on en fit quatre éditions (et même bien plus selon les dénombrements fait plus tard par Rives-Childs). Il n’en est pas moins rare. Restif dit pourtant, ailleurs (dans Monsieur Nicolas, tome XVI, p. 4554), qu’il écrivit ou esquissa son livre, avant de le composer typographiquement ; l’idée du roman ne lui fut pas moins inspirée par un récit d’Edme Rapenot : « Je mis aussitôt la plume à la main, dans une chambre isolée de l’imprimerie, où j’étais alors occupé à câser moi-même la Confidence nécessaire. » Il n’y a que quelques parties des tomes XI et XII de Monsieur Nicolas, que l’auteur ait improvisées à la casse, c’est-à-dire en les composant pour l’impression." (Paul Lacroix, ibid.)
« On jugera, par la nature des faits qu’on va lire, qu’ils n’ont pas leur source dans l’imagination de l’auteur. La vérité est au-dessus de la fiction. Montrer le prix de l’homme ; donner une idée de cette volupté si pure et si douce que procure la bienfaisance ; prouver qu’une bonne éducation porte des fruits tôt ou tard ; voilà le but principal que je me suis proposé en publiant cette histoire. Amuser et plaire ne doivent être que le second motif de cet écrivain honnête homme ; c’est à l’amour de la vertu et de l’humanité de conduire sa plume... » (Préface).
Références : Paul Lacroix, Bibliographie raisonnée des ouvrages de Restif de la Bretonne, n°2 (pour l'EO) et n°2 (notre contrefaçon mais avec des noms de libraires différents) (pp. 95-98) ; Rives Childs, Restif de la Bretonne. Temoignages et jugements. Bibliographie, notre contrefaçon correspond au n°2 "contrefaçon décrite pour la première fois par Rives-Childs) "l'encadrement des titres est identique à ceux de la contrefaçon du Paysan perverti par Delaporte" (voir aussi p. 207-209).
Bel exemplaire conservé dans sa jolie première reliure.
Prix : 2.200 euros