vendredi 31 mai 2024

Vierges Sages, Vierges Folles, par Joseph Apoux (1891). Album complet de 13 estampes (12 estampes + 1 estampe en couverture) en excellent état de conservation. Très rare dans cette condition. La femme, la vierge en douze états, de sa majesté et de sa déchéance.


APOUX, Joseph

Vierges Sages, Vierges Folles

René Pincebourde, Paris, Rue de Verneuil, 34, s.d. (1891)

1 portfolio (40,5 x 29,5 cm) chemise de papier vergé avec une eau-forte 21 x 18 cm sur le premier plat, contenant 12 eaux-fortes originales imprimées sur papier vergé de Hollande 21 x 18 cm sur feuilles 38 x 29 cm. Excellent état de l'ensemble. Un petit pli en marge d'une gravure, sans aucune gravité (très loin de la gravure). Papier frais, tant de la chemise que des feuillets à l'intérieur.

Tirage unique non précisé (500 exemplaires ? ou moin ?)

Album d'estampes intitulé "Vierges Sages Vierges Folles" contenant 12 estampes montrant divers états de la Femme-Vierge, de sage à folle, soumise à ses sagesses ou à ses folies.


Les estampes sont titrées dans la gravure comme suit : Prima Virgo (première vierge), qui représente une vierge nue enlacée par un monstre ailé à queue de serpent ; Mori me cogis (tu me forces à mourir), qui représente ujne vierge nue prisonnière d'une énorme clé ; Chasteté, qui représente une jeune femme dans sa chambre de bonne ; Révélation, qui représente une jeune vierge nue aux prises avec un vieillard au visage de mort qui la force contre quelques pièces d'or ; L'ivresse, qui représente une jeune vierge en état d'ivresse et à la poitrine dénudée, dans un décor de maison chamboulée ; [La Flagellation], intitulée dans la gravure Similia Similibus Curantur (les semblablent soignent les semblables), qui représente une vierge dénudée portant uniquement un corset, de face devant un poteau avec un grand fouet prêt à agir vigoureusement ; Good evening (bonne soirée), qui représente une vierge dénudée descendant des escaliers un bougeoir à la main (allant sans doute à un rendez-vous galant) ; Idée fixe, qui représente une jeune vierge dénudée avec chapeau, boa, parapluie, gants et bas longs, devant un angelot ; To be or not to be (être ou ne pas être), qui représente une femme moitié dénudée passant le corps au travers d'un cercle de papier déchiré ; Chimère, qui représente une jeune vierge dénudée accompagnée de son dragon hurlant ; Excelsior (plus haut), qui représente une vierge ailée dénudée perchée sur un nuage ; Fin de siècle, qui représente une vierge nue en majesté perchée sur un croissant de lune et tenant à la main une seringue.




Joseph Apoux est né le 5 novembre 1846 au Blanc (commune du Val-de-Loire) et il est mort le 11 novembre 1910 au Kremlin-Bicêtre. Peintre, graveur et illustrateur français, proche du décadentisme il est connu des iconophiles pour les estampes qu'il a réalisé entre 1880 et 1900, notamment pour l'éditeur parisien René Pincebourde. Il donna plusieurs albums d'estampes sur divers sujets mais presque toujours autour de la femme et du thème du fantastique ou de l'étrange. Il avait été la peinture avec le peintre Gérôme. Il se spécialise ensuite dans la gravure à l'aquatinte et à la pointe sèche. Il expose à partir de 1880 et participe à l'Exposition internationale de blanc et noir en 1886. Joly, quai Saint-Michel, et le marchand d'estampes René Pincebourde, rue de Verneuil, sont ses éditeurs entre 1880 et 1900. Il est l'auteur de nombreuses caricatures et de suites de gravures teintées d'un érotisme assez mortifère. On lui doit notamment un Alphabet pornographique, des Rêveries fantastiques, des Sorcières, des Vampires, des Caprices à l'eau-forte, des Danseuses, etc. On sait assez peu de choses de sa vie. Sa peinture représente la plupart du temps des scènes de famille mais ses toiles seront en majorité détruites par lui avant sa mort. Il vit à Paris avec sa cousine Clarisse Camus, avec qui il a trois enfants : Clarisse — qui devient mannequin-modiste chez Paquin —, Marie et Henri.





La plupart des albums d'estampes d'Apoux ont été dépecés et les gravures ont été vendues séparément par les marchands d'estampes. Les albums arrivés jusqu'à nous complets, en excellent état, avec la couverture intacte, doivent se compter sur les doigts des deux mains (peut-être avec ceux des pieds).

Cet album est annoncé dans la Bibliographie de la France en 1891. L'annonce nous permet de savoir que l'album intitulé Rêveries Fantastiques a paru quelques mois auparavant. Il existe des exemplaires sur Hollande et des exemplaires sur Japon.







De la plus grande rareté complet et en excellent état de conservation.

Prix : 4.500 euros

jeudi 30 mai 2024

Les Oeuvres de Pierre de Ronsard. A Paris, chez Mathurin Henault, 1629. A Paris, chez Samuel Tbout et Rolin Baraigne, 1630. A Paris, chez Nicolas Buon, 1617 (pour les tomes 7 et 8). Ensemble complet des 11 tomes reliés en 5 volumes petit in-12. Reliure plein maroquin à petit grain du milieu du XIXe siècle. Bel exemplaire très frais de la Quinzième et dernière édition collective.


RONSARD (Pierre de)

Les Oeuvres de Pierre de Ronsard, Gentil-homme Vandomois, Prince des Poètes français. Revues et augmentées.

A Paris, chez Mathurin Henault, 1629 (premier volume)

Les Odes de P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. Au Roy Henry II. de ce nom. Commentées par N. Richelet, parisien. Tome deuxième (des Oeuvres).

A Paris, chez Samuel Tbout et Rolin Baraigne, 1630 (deuxième volume)

Les Quatre Premiers Livres de la Franciade. Au Roy très chrétien Charles IX. de ce nom. Par P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois, Tome III.

A Paris, chez Samuel Tibout et Rolin Baraigne, 1630 (troisième volume)

Le Bocage Royal de P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. Dédié à Henry III. Roy de France et de Pologne. Tome IIII.

A Paris, chez Samuel Tibout et Rolin Baraigne, 1630 (troisième volume)

Les Eclogues et Mascarades de P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. A la mémoire de très-illustre et très vertueux Prince français de France duc d'Anjou, fils et frère du Roy. Tome V

A Paris, chez Samuel Tibout et Rolin Baraigne, 1630 (troisième volume)

Les Elégies de P. de Ronsard, gentil-homme Vandomois. A très vertueux seigneur Anne duc de Joyeuse, pair et amiral de France, gouverneur de Normandie. Tome VI.

A Paris, chez Samuel Tibout et Rolin Baraigne, 1630 (troisième volume)

Les Hymnes de P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. A très illustre Princesse Marguerite de France, duchesse de Savoie. Tome septième (des Oeuvres).

A Paris, chez Nicolas Buon, 1617 (quatrième volume)

Les Poèmes de P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. Dédiés à très-haut et très-illustre et très-vertueuse Princesse Marie Stuart, Reine d'Ecosse. Tome huitième (des Oeuvres).

A Paris, chez Nicolas Buon, 1617 (quatrième volume)

Discours des Misères de ce Temps, par P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. A Catherine de Médicis, reine mère des rois François II, Charles IX et Henri III. Tome IX (des Oeuvres).

A Paris, chez Samuel Tibout et Rolin Baraigne, 1630 (cinquième volume)

Les Epitaphes de divers sujets de P. de Ronsard, Gentil-homme Vandomois. Ensemble les derniers vers du même auteur, avec sa vie et son tombeau. Tome X (cinquième volume)

Recueil des Sonnets, Odes, Hymnes, Elégies et autres pièces retranchées aux éditions précédentes des oeuvres de P. de Ronsard Gentilhomme Vandomois. Avec quelques autres non imprimées ci-devant.

A Paris, chez Samuel Tibout et Rolin Baraigne, 1630 (cinquième volume)

Ensemble complet de 11 tomes reliés en 5 fort volumes petits in-12 (147 x 87 mm | Hauteur des marges : 143 mm. La pagination est la suivante : Premier volume qui contient le premier tome composé de (16)-680-(18) pages. Deuxième volume qui contient le deuxième tome composé de 917-(5). Troisième volume qui contient les tomes 3 à 6 composé de 724-(6) pages (pagination continue). Quatrième volume qui contient les tomes 7 et 8 composé de 855-(11) pages (pagination continue). Cinquième et dernier volume qui contient les tomes 9, 10 et (11) composé de 855-(11) pages (pagination continue). collationné complet.

Les tomes VII et VIII qui composent le quatrième volume sont de l'édition de 1617 à l'adresse de Nicolas Buon. Le format est identique, l'impression en caractères italiques comme les autres volumes, le texte est identique à l'édition de 1630 des autres volumes, mis à part les ornements typographiques et gravés qui changent pour ces deux volumes.

Reliure homogène plein maroquin marron à petit grain, dos à nerfs ornés aux petits fers dorés, plats décorés d'un encadrement de filets dorés à la Du Seuil, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées sur marbrure (reliures exécutées vers 1850-1860, étonnamment non signées mais de grande qualité d'exécution). Reliures fraîches. Intérieur très frais. Impression sur papier mince.


Quinzième et dernière édition collective des Oeuvres de Pierre de Ronsard (à l'exception des tomes 7 et 8 qui sont de l'édition de Nicolas Buon de 1617). Il n'y a pas de différences de texte entre les éditions de Nicolas Buon et celle de 1630, seules quelques pièces ont été retranchées ou ajoutées de l'une à l'autre.

Les frontispices gravés n'ont pas été reliés dans notre exemplaire. Portraits gravés sur bois de Ronsard et du roi Henri III (répétés).

Il faudra attendre l'édition de 1857-1867 en 8 volumes publiés dans la Bibliothèque Elzévirienne par les soins de Prosper Blanchemain pour avoir une nouvelle édition complète et annotée des Oeuvres de Pierre de Ronsard. Ronsard avait alors été oublié pendant plus de deux siècles.











Ronsard fut de son temps le Prince des poètes français. Né en septembre 1524 au château de la Possonnière, près du village de Couture-sur-Loir en Vendômois, il est mort le 27 décembre 1585 au prieuré Saint-Cosme de Tours. C'est un des poètes français les plus importants du XVIe siècle. « Prince des poètes et poète des princes », Pierre de Ronsard est une figure majeure de la littérature poétique de la Renaissance. Auteur d’une œuvre vaste qui, en plus de trente ans, s'est portée aussi bien sur la poésie engagée et officielle dans le contexte des guerres de Religion avec Les Hymnes et les Discours (1555-1564), que sur l’épopée avec La Franciade (1572) ou la poésie lyrique avec les recueils Les Odes (1550-1552) et des Amours (Les Amours de Cassandre, 1552 ; Continuation des amours, 1555 ; Sonnets pour Hélène, 1578). Imitant les auteurs antiques, Ronsard emploie d'abord les formes de l'ode (Mignonne, allons voir si la rose) et de l'hymne, considérées comme des formes majeures, mais il utilisera de plus en plus le sonnet transplanté en France par Clément Marot en 1536 en employant le décasyllabe (Mon dieu, mon dieu, que ma maistresse est belle !) comme le mètre « moderne » de l'alexandrin (Comme on voit sur la branche…). Il est à l'origine du mouvement qu'on appellera la Pléiade, avec son ami Joachim du Bellay, avec également Baïf, Dorat, Jodelle, Belleau et bien d'autres. Même s'il faut voir avant tout Ronsard comme un poète de Cour, il n'a jamais cessé de déclamé l'amour dans ses vers les plus tendres et parfois les plus légers. Le XVIIe siècle de Louis XIV et tout le XVIIIe siècle l'a laissé perdu dans les limbes. C'est le XIXe siècle qui le redécouvra ainsi que ses amis poètes de la Pléiade.






Références : Brunet, IV, 1375 ; Tchemerzine V, 492 ; Barbier-Mueller, II, n°38.

Bel exemplaire luxueusement relié au milieu du XIXe siècle de cette dernière édition publiée au XVIIe siècle.

Prix : 6.500 euros

mardi 28 mai 2024

Nicolas-Edme RETIF DE LA BRETONNE [RESTIF DE LA BRETONE]. La Fille Naturelle. Première et seconde partie. A La Haye, et se trouve à Paris, chez Humblot et Quillau, 1769. 2 parties reliées en 1 volume in-12. Contrefaçon rare, à la date de l'édition originale. Bel exemplaire conservé dans sa jolie première reliure en basane.


Nicolas-Edme RETIF DE LA BRETONNE [RESTIF DE LA BRETONE]

La Fille Naturelle. Première et seconde partie.

A La Haye, et se trouve à Paris, chez Humblot et Quillau, 1769

2 parties reliées en 1 volume in-12 (17 x 10 cm) de X-(2)-100 et (4)-124 pages.

Reliure strictement de l'époque pleine basane fauve marbrée à l'acide, dos lisse orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rouges, gardes et doublures de papier peigne. Reliure très fraîche. Intérieur très frais.

Contrefaçon rare, à la date de l'édition originale.


En août 1778, dans sa réponse à Jean-André Engelbrecht, traducteur allemand d’ouvrages français, Restif exprime très-naïvement ses préférences pour ce roman : « La Fille naturelle est un ouvrage attendrissant, dit-il (voy. la 27e lettre, à la fin du tome XIX des Contemporaines, seconde édition), et qui a un mérite, mais qui ne lui sert de rien auprès du lecteur : l’histoire est vraie, et j’en ai été le témoin oculaire. J’en prépare une troisième édition, outre les contrefaçons de province, et comme c’est mon ouvrage favori, je le retravaillerai pour le style et les situations, au point d’en faire un livre digne d’une nation. Malheureusement, les traductions auront toujours toutes mes fautes. »

La Fille naturelle a fourni deux nouvelles aux Contemporaines, sous les titres de la Sympathie paternelle et de la Fille reconnue (voy. Monsieur Nicolas, tome X, p. 2723). Restif en a tiré, en outre, un drame intitulé : la Mère impérieuse, ou la Fille naturelle. (Paul Lacroix, Bibliographie raisonnée des ouvrages de Restif de la Bretonne).








Fils de paysans de l'Yonne, devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Polygraphe, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à tous les genres, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779) où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également touché au théâtre sans grand succès. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde. Cependant l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé -, mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. C'est aussi un philosophe réformateur pénétré de rousseauisme qui publie des projets de réforme sur la prostitution, le théâtre, la situation des femmes, les mœurs, et un auteur dramatique.





"On a souvent cité la manière de composer de Restif de la Bretonne, qui exécutait lui-même, sans manuscrit et sans préparation écrite, l’impression d’un roman. Celui de la Fille naturelle serait un exemple remarquable de cette étonnante facilité d’improvisation. Pendant qu’il imprimait, avec l’aide de son apprenti Théodore, La Confidence nécessaire, qu’il avait préparée et composée à loisir, pour le compte d’un libraire ; un autre libraire, nommé Edme Rapenot, lui raconta l’histoire d’un père riche, qui avait fait l’aumône à sa fille naturelle, sans la connaître. « Ce beau trait, dit-il, dans Monsieur Nicolas, tom. X (p. 2723), alluma mon imagination et me fit composer, à l’imprimerie même et sur une casse, La Fille naturelle, en deux parties, qui ne me prirent que six jours, tant la composition que la mise au net : chef-d’œuvre de célérité, peut-être chef-d’œuvre de pathétique... C’est la première fois que je me suis attendri, en composant. »

Ce roman, publié sans annonces, eut pourtant du succès, ou du moins se vendit, puisqu’on en fit quatre éditions (et même bien plus selon les dénombrements fait plus tard par Rives-Childs). Il n’en est pas moins rare. Restif dit pourtant, ailleurs (dans Monsieur Nicolas, tome XVI, p. 4554), qu’il écrivit ou esquissa son livre, avant de le composer typographiquement ; l’idée du roman ne lui fut pas moins inspirée par un récit d’Edme Rapenot : « Je mis aussitôt la plume à la main, dans une chambre isolée de l’imprimerie, où j’étais alors occupé à câser moi-même la Confidence nécessaire. » Il n’y a que quelques parties des tomes XI et XII de Monsieur Nicolas, que l’auteur ait improvisées à la casse, c’est-à-dire en les composant pour l’impression." (Paul Lacroix, ibid.)

« On jugera, par la nature des faits qu’on va lire, qu’ils n’ont pas leur source dans l’imagination de l’auteur. La vérité est au-dessus de la fiction. Montrer le prix de l’homme ; donner une idée de cette volupté si pure et si douce que procure la bienfaisance ; prouver qu’une bonne éducation porte des fruits tôt ou tard ; voilà le but principal que je me suis proposé en publiant cette histoire. Amuser et plaire ne doivent être que le second motif de cet écrivain honnête homme ; c’est à l’amour de la vertu et de l’humanité de conduire sa plume... » (Préface).




Références : Paul Lacroix, Bibliographie raisonnée des ouvrages de Restif de la Bretonne, n°2 (pour l'EO) et n°2 (notre contrefaçon mais avec des noms de libraires différents) (pp. 95-98) ; Rives Childs, Restif de la Bretonne. Temoignages et jugements. Bibliographie, notre contrefaçon correspond au n°2 "contrefaçon décrite pour la première fois par Rives-Childs) "l'encadrement des titres est identique à ceux de la contrefaçon du Paysan perverti par Delaporte" (voir aussi p. 207-209).

Bel exemplaire conservé dans sa jolie première reliure.

Prix : 2.200 euros

mercredi 22 mai 2024

Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. [Paysanne pervertie]. La Paysane pervertie, ou les Dangers de la ville (1784). Bel exemplaire très bien établi au milieu du XIXe siècle par le relieur Charles Petit, successeur de Simier. Bien complet des 38 figures d'après Binet.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone].

[Paysanne pervertie]. La Paysane pervertie, ou les Dangers de la ville ; Histoire d'Ursule R**, soeur d'Edmond, le Paysan, mise au jour d'après les véritables lettres des personnages : etc. Par l'auteur du Paysan perverti.

Imprimé à La Haie [La Haye], et se trouve à Paris chés la d.me Veuve Duchesne, libraire, 1784

8 parties en 4 volumes in-12 (16,9 x 10,5 cm | hauteur des marges : 163 mm) de 344, 320, 320 et 344-8-[clxix à ccxliv]-(12)-(8) pages. 38 figures hors-texte dont 8 frontispices.

Reliure demi-maroquin vert sombre à coins, dos à nerfs, fleurons dorés aux dos, filets à froid sur les nerfs et encadrant les nerfs, millésime doré en queue des dos, tête dorée, doublures et gardes de papier peigne (reliure signée de Charles Petit, successeur de Simier, exécutée entre 1847 et 1873). Reliures très fraîches, intérieur très frais collationné complet.



Edition originale rare avec les premiers titres soumis à la censure.

Exemplaire bien complet des 38 figures d'après Binet.

Exemplaire bien complet des pages additionnelles à la fin du tome IV y compris des 8 pages d'Avis sur la Paysanne pervertie.













Ouvrage composé en 30 jours par Rétif, dans le mois de septembre 1780, pour servir de suite et de complément à son Paysan perverti paru en 1776, la Paysane pervertie connut quelques déboires avec la censure qui ne lui permit pas de voir le jour avant 1784. "C'est l'ouvrage de prédilection de l'auteur qui a beaucoup plus pensé que le Paysan perverti" (Revue des ouvrages, p. ccxxxivj). La censure exigea que les titres fussent changés. De Paysane pervertie elle devient "Dangers de la ville" seulement (de nouveaux titres et faux-titres recollés sur les premiers émis). Rétif trembla tout 1785 de voir encore sa Paysane suspendue à chaque instant. Les exemplaires s'écoulèrent cependant. Aucune autre édition de la Paysane ne vit le jour (seules 2 contrefaçons circulèrent entre 1785 et 1786). Les 38 estampes de la Paysane étaient déjà achevées au mois de juin 1783 et annoncées au public au commencement de 1784. 2 figures (qui manquent souvent) n'ont été livrées qu'après la mise en vente de l'ouvrage (elles sont bien présentes dans notre exemplaire - figures III bis et VIII bis).

La Paysane pervertie a été imprimée à 3.000 exemplaires mis en vente par la Veuve Duchesne. Peu d'exemplaires portent encore le titre censuré de Paysane pervertie.

"La Paysane approfondit les caractères qui n'étaient qu'esquissés dans le Paysan : Fanchon, Pierre, Gaudet d'Arras surtout, y sont parfaitement achevés [...] Ces deux ouvrages, qui n'en sont réellement qu'un seul, sont peut-être la plus utile production qu'on ait mise au jour depuis le commencement du siècle." (Rétif de la Bretonne, Mes ouvrages, p. 34-35).










"Je n'ai jamais rencontré une nature aussi violemment sensuelle. Il est impossible de ne pas s'intéresser à la variété des personnages, des femmes surtout, qu'on voit passer sous ses yeux, et à ces nombreux tableaux caractéristiques qui peignent d'une manière si vivante les mœurs et les allures des Français de la classe populaire. Pour moi qui ai eu si peu l'occasion de penser au-dehors et d'étudier les hommes dans la vie réelle, cette oeuvre a une valeur inappréciable." (Schiller).

"Jamais écrivain ne posséda peut-être à un aussi haut degré que Rétif les qualités précieuses de l'imagination. " (Gérard de Nerval).

Références : Paul Lacroix, Rétif de la Bretonne, pp. 224-232 ; Rive-Childs, pp. 289-291

Bel exemplaire établi vers 1850-1870 par Charles Petit successeur de Simier.

Prix : 4.500 euros