lundi 4 décembre 2023

Les Bijoux indiscrets de Denis Diderot imagés par 25 eaux-fortes de Sylvain Sauvage (1923). Un des 500 exemplaires avec eaux-fortes coloriées. Très bon exemplaire broché (à relier). Superbe illustré moderne Art Déco élégant et sensuel.



DIDEROT, Denis. SAUVAGE, Sylvain (illustrateur). KIEFFER, René (éditeur)

Les Bijoux indiscrets. Avec vingt-cinq eaux-fortes coloriées de Sylvain Sauvage.

Paris, Editions René Kieffer, relieur d'Art, 1923 [achevé d'imprimer le 30 mars 1923 par Coulouma]

1 volume in-4 (26,5 x 20,5 cm), broché de (8)-256-(1) pages et 25 eaux-fortes hors-texte rehaussées en couleurs au pinceau. Bon état. Du fait de l'épaisseur du papier le brochage est fragile et quelques cahiers se désolidarisent (volume qui mérite une reliure). Intérieur très frais. Collationné complet.

Premier et unique tirage des 25 eaux-fortes originales de Sylvain Sauvage.

Tirage à 600 exemplaires tous sur papier spécialement fabriqué pour René Kieffer (Papeteries Barjon de Moirans (P. F. B.) avec filigrane des Editions René Kieffer).

Celui-ci, un des 500 exemplaires avec l'état colorié.

Les Bijoux indiscrets de Diderot paraissent clandestinement pour la première fois en 1748. C'est un petit chef d'oeuvre de satire et de libertinage.






























Cette allégorie, qui est la première œuvre romanesque de Diderot, dépeint Louis XV sous les traits du sultan Mangogul du Congo qui reçoit du génie Cucufa un anneau magique qui possède le pouvoir de faire parler les vulves (« bijoux ») des femmes. Mangogul essaie trente fois la bague, dévoilant les secrets intimes des femmes de sa cour et de son royaume, généralement pendant leur sommeil. Il partage les résultats de ses enquêtes avec sa favorite, Mirzoza, qui est elle-même perpétuellement inquiète d'être la victime de la bague. Il faut dire que peu sont épargnées : essentiellement les femmes de la cour, avec leurs différents caractères (la prude, la coquette, la joueuse, la manipulatrice...), leurs différentes extractions (de la haute noblesse à la petite bourgeoise) et leurs origines diverses (l'Anglaise, la Française, l'Italienne, la Turque). Décrivant les mœurs de la cour du point de vue du désir féminin, le roman dresse le tableau d'une société libérée, où l'on multiplie les partenaires sexuels, où les apparences sont trompeuses et où la véritable tendresse est rare. Les entretiens de Mangogul, de sa favorite et de quelques personnages, sont parfois racontés sous forme de bilan sur les différentes formes d'amour, quelquefois sans rapport avec l'intrigue. Une place est également réservée aux débats d'idées au sein de la société française de l'époque : éloge de Voltaire, histoire des mathématiques, sort des jansénistes, etc. C'est aussi une satire du règne de Louis XV et de ses frasques libertines.

Sylvain Sauvage (1888-1948) signe ici encore une fois un travail puissant et spirituel. Il fut l'un des Grands Maîtres du trait Art Déco.

Très bon exemplaire de ce beau livre illustré Art Déco élégant et sensuel.

Prix : 950 euros