Pierre DELCOURT (auteur) | George AURIOL (illustrateur de la couverture)
Le Vice à Paris.
Paris, Librairie Française Alphonse Piaget, 1888 [Imprimerie Destenay, Saint-Amand, Cher]
1 volume in-18 (19 x 12 cm), broché de (4)-354 pages. Couverture en couleurs par George Auriol (la couverture court les deux plats et le dos). Couverture légèrement frottée, le dos est fendu, brochage fragile, le second plat en partie déchiré sans manque a été anciennement réparé (partie basse). Intérieur frais. Cet exemplaire mériterait une reliure.
La page de titre porte la mention de cinquième édition, à la bonne date de 1888. La couverture est datée 1887. Tirage sur papier courant. Il n'a été tiré que 10 exemplaires sur papier de Hollande.
Pierre Delcourt (1852-1931), vint à Paris en 1873. Il y vint sans but précis, sans aucun soutien et sans aucune relation, avec seulement treize francs en poche, simplement attiré par le mirage parisien. Il obtint un poste de secrétaire de commissariat de police. Il fit alors venir sa femme et ses quatre enfants et vécurent alors dans la plus grande misère. Il donna sa démission ne voyant pas comment s'en sortir autrement que de chercher un meilleur emploi. Il entra alors à l'Evènement en qualité de reporter, puis passa au Corsaire où il rédigeait les chroniques de faits divers sous le pseudonyme de Pierre Didier, puis il entra à la Tribune. Ces journaux vinrent à s'effondrer et Delcourt se retrouva sans emploi et sans ressources. Il entra alors comme facteur des Halles à 120 francs par mois. Il changea encore d'emploi et devint un temps employé dans une maison de vente par abonnement puis inspecteur dans une autre maison, aux Magasins Réunis. Courant tous les quartiers de Paris, Pierre Delcourt eut l'occasion d'emmagasiner dans son esprit une masse de documents humains qui lui furent très utiles dans sa future carrière d'écrivain. En 1879 il devint secrétaire d'Alexis Bouvier, alors célèbre écrivain populaire. C'est là que débute sa vocation. En 1880 il écrivit son oeuvre de début : l'Agence Taboureau (Rouff, 1881), puis Ficelle (Rouff, 1882), et encore Le Juge d'instruction (Marpon, 1883) qui eut du succès. Il continuait en parallèle à écrire des articles pour les journaux, notamment pour la Lanterne. Lorsque fut fondé le célèbre cabaret artistique du Chat Noir, Pierre Delcourt en devint un des collaborateurs les plus assidus. En parallèle il publia un très grand nombre d'albums pour enfants (chez Capendu), de 1888 à 1899. Delcourt était curieux d'histoire, d'archéologie et de la vie parisienne en général. Il a publié des volumes qui sont de vrais documents traditionnistes sur la vie parisienne et des archives de la vie sociale, tels que son Glossaire du langage dans le journalisme parisien (Decaux, 1887) ; Le Vol à Paris (1888) ; Ce qu'on mange à Paris (Decaux, 1887) ; Le Vice à Paris (1887).
Son volume sur le Vice à Paris est sans aucun doute l'un des meilleurs du genre. Il donne un état complet et détaillé, pris sur le vif pour ainsi dire, des différentes facettes de la prostitution féminine à Paris dans le dernier quart du XIXe siècle. On y trouve les chapitres suivants : L'amour dans Paris selon les classes sociales (les classes moyennes, le monde inférieur, etc.), les souteneurs, les pédérates, les singularités de l'amour, les perversions sexuelles. Chaque chapitre est l'occasion de décrire par l'exemple tous les travers de la sexualité des parisiennes et des parisiens dans tous les milieux sociaux. Il traite de thèmes encore très actuels comme par exemple celui des "Frôleurs". Il écrit : "Je signale aussi les frôleurs qui se glissent dans les foules, serrent de près les femmes afin de leur dérober un mouchoir à l'aide duquel ils satisfont leur passion. [...] J'ai eu l'occasion de voir, à titre non médical, un individu qui en pleine rue se frottait le long des femmes et se masturbait en public ; il fut arrêté et condamné. [...]".
Bon exemplaire d'un livre peu commun et très intéressant.
La jolie couverture illustrée de George Auriol n'est pas sans rappeler une composition de Félicien Rops.
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