[Jean CORSIER] | Etienne Aufréri.
[Lugduni], in officina Antonij du Ry : Simon Vincent, 1527 [Lyon, chez Antoine du Ry pour Simon Vincent]
1 volume in-8 de 192 feuillets chiffrés [384 pages]. Collationné complet. Impression gothique en trois tailles de caractères, avec gloses marginales. Titre en noir et rouge dans une encadrement gravé sur bois. Marque de Simon Vincent au titre et au dernier feuillet. Quelques lettrines dans le Repertorim Alphabeticum et une belle et grande lettrine histoiriée au folio I (l'auteur présentant son ouvrage). Texte en latin.
Reliure plein maroquin chocolat, dos à nerfs, titre et millésime dorés au dos, tranches dorées sur marbrure, dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne (Masson-Debonnelle). Reliure et intérieur très frais. Légère marque sur le premier plat (léger enfoncement de la surface sans aucune gravité et peu visible).
L'ouvrage de Jean Corsier a été rédigé dans les dernières années du XIVe siècle. Il fut official de la ville de Toulouse et Carcassonne de 1392 à 1400. Il a été imprimé pour la première fois en 1483 puis annoté par Etienne Aufréri dès 1503 sous ce titre et réimprimé de nombreuses fois. On note des éditions de 1508, 1512, 1516, 1518, 1522, 1527, 1528, 1531, 1538, et encore en 1543 et même jusqu'en 1617 (Lyon, Antoine de Harsy).
Ce volume de 500 articles (questions) est l'un des plus anciens recueils d'arrêts ou décisions de la Chapelle de Toulouse, official du diocèse. En réalité comme l'explique Jean-Louis Gazzaniga de l'université de Toulouse : "elles représentent le seul véritable recueil de jurisprudence de la fin du Moyen Age. [...] Les Décisions sont connues par plusieurs manuscrits et par d'assez nombreuses éditions qui s'échelonnent tout au long du XVIe siècle et jusqu'au début du XVIIe siècle. C'est dire assez leur succès à l'époque. Ce succès, elles le doivent moins au contenu même du recueil qu'à la personnalité du premier éditeur et annotateur, Etienne Aufreri, dont les oeuvres sont alors éditées et fréquemment citées. Les Décisions, en effet, présentent cette particularité de livrer la jurisprudence de l'officialité de Toulouse à deux moments de son histoire : à l'extrême fin du XIVe siècle et au début du XVe siècle, à l'initiative de Jean Corsier ; à la fin du XVe siècle, quand Etienne Aufreri entre à l'officialité. [...] C'est évidemment par lui que les décisions de la Chapelle toulousaine acquièrent en grande partie leur célébrité. Toutes les premières éditions, en effet, ont été faites à partir des notes d'Aufreri et sans doute sous son contrôle ; le nom de Jean Corsier n'apparaît qu'assez tard. [...] Nous sommes moins en présence d'un recueil des décisions rendues par l'officialité toulousaine, que des délibérés du juge. [...] Dans certaines affaires, Jean Corsier donne sa propre opinion, ou fait part de son expérience. Ainsi admet-il que l'on peut baptiser un enfant qui n'est pas entièrement sorti du ventre de sa mère, mais qui apparaît vivant et dont on connait le sexe. [...] Corsier se réfère quelquefois à des juristes méridionaux, voire toulousains. [...] Les principales affaires rapportées par Corsier [peuvent être regroupées] sous trois rubriques : les règles de procédure (ministère d'avocat, les preuves et l'appel), les règles ecclésiastiques (les réguliers, les moines, les bénéfices, l'excommunication, la vie religieuse, la pénitence, etc) et enfin les questions civiles (le mariage, les successions et les obligations, les dots, les dettes de jeu, les débiteurs, etc) [...]. Comme nous le disions, il ne s'agit pas d'une collection d'arrêts, mais bien des arguments proposés par le juge pendant son délibéré. Le juge consulte, s'informe, avant de proposer une solution au litige qui lui est soumis. Nous avons là, ainsi, des renseignements moins sur le jugement que sur la façon de juger d'un official à la fin du Moyen Age et c'est peut-être le meilleur de ce qu'il faut retenir." (in Droit et pratique : notes sur les décisions de la Chapelle toulousaine, Cahiers de Fanjeaux n°29, par Jean-Louis Gazzaniga, université de Toulouse, pp 321-337
Belle impression gothique lyonnaise par Antoine du Ry pour le libraire Simon Vincent. Simon Vincent et né entre 1470 et 1480 et fut en activité à Lyon dès 1499. Il implante un dépôt permanent ("cabal") de livres à Toulouse, en 1506 au plus tard. Il est nommé légataire universel du libraire de Lyon et Toulouse Martin Boillon dans son premier testament toulousain (25 oct. 1525). Il dépose son propre testament le 29 août 1532 et est décédé peu après. Ses fils Antoine et François lui succèdent. On ne sait presque rien de l'imprimeur Antoine du Ry si ce n'est qu'il fut imprimeur à Lyon de 1516 à 1533. Avant 1516 il avait une activité de libraire uniquement.
Très bel exemplaire parfaitement établi au milieu du XIXe siècle par Masson-Debonnelle de cette jolie édition en gothique devenue rare.
Prix : 3.800 euros
