MARC DE MONTIFAUD [de son vrai nom Marie-Amélie QUIVOGNE DE MONTIFAUD].
Les Nouvelles drolatiques de Marc de Montifaud. I. Les Délices de l'Esprit-Saint et la Bassinoire. Le Calice de Mme de Trigonec. II. Un Mariage à Constantinople. Un Point ... de tapisserie. III. Un Sérail à vendre. La Pénitence du Curé de Tilly. IV. La Chaise de Suzanne. Une Messe blanche. V. L'Amende honorable. Le Téléphone. VI. La Curateur. Le Nécessaire et le Superflu. VII. La Nourrice sèche. Par Procuration. VIII. Le Commis de chez Richard. IX. Le Phonographe du Seigneur. Relevée de son voeu. Ce Pauvre Monsieur Duclamel. X. Le Jugement de Pâris. La Rue Sainte-Amendée.
Paris, 1880-1881 (Paris, Typographie de F. Debons et Cie pour le premier volume, Imprimerie A. Lefèvre à Bruxelles pour le deuxième, les volumes suivant sortent des presses de Larochelle à Paris)
10 plaquettes in-12 (18,2 x 11,2 cm), brochés, de 62, 67, 73, 66, 82, 81, 63, 63, 77-(2) et 77-(4) pages, soit plus de 700 pages. 10 frontispices dessinés et gravés à l'eau-forte par Hanriot (imprimerie Delâtre à Paris et Montmartre). Couvertures imprimées à rabats. Quelques salissures aux couvertures et petites usures et manques aux dos des fascicules, le tout sans gravité. Intérieur frais. Belle impression sur papier vergé.
Edition originale et unique édition.
Impression à petit nombre (détail non mentionné), sans doute entre 500 et 1.000 exemplaires.
Ouvrage condamné et saisi (premier volume).
Marc de Montifaud est en réalité une femme. C'est le pseudonyme que prend Marie-Amélie Chartroule dite Marc de Montifaud. Sa date de naissance n'est pas certaine, 1845 ou 1849, 1850 ? Selon le Dictionnaire Larousse qui lui consacre une notice, elle commence sa carrière littéraire à douze ans en écrivant un roman italien, une ébauche de tragédie et des essais de critique. Un journal intitulé "Plaisir et Travail" publiera quelques-uns de ses fragments littéraires. Pendant que sa mère tente de lui enseigner les principes du catéchisme, son père lui inculque les idées nouvelles et l'initie à la philosophie. Passionnée d'art, elle complète sa formation dans l'atelier du peintre Tissier. En 1867, elle épouse un homme de vieille noblesse espagnole, de vingt ans son aîné, le comte Juan-Francis-Léon Quivogne de Montifaud, secrétaire d'Arsène Houssaye, le directeur de l'Artiste qui ouvrira à la jeune fille les pages de sa revue où elle fera ses premières armes en tant que critique. Comptant parmi les amis de Villiers de L’Isle-Adam, qui lui dédie "Le Nouveau Monde" (Ève nouvelle et Axel). On lui doit surtout un nombre important de nouvelles drolatiques, d’esprit galant et provocateur, à saveur parfois anticléricale et coiffées de titres suggestifs. Ses écrits lui valent un certain nombre de poursuites judiciaires et quelques-uns sont censurés.
A noter dans le fascicule V daté de 1881, une nouvelle intitulée "Le Téléphone", très curieuse en cela que le téléphone est une invention tout à fait récente à cette date (si ce mot est prononcé la première fois en 1861, c'est en 1876 que Graham Bell parle pour la première fois dans l'appareil de ce même nom à la destinée si faramineuse).
La plupart des nouvelles courent sur la gaudriole et la drolerie des situations galantes et cocasses.
A noter que les frontispices à l'eau-forte sortent des presses du célèbre imprimeur Eugène Delâtre installé à Montmartre.
Chaque fascicule était publié à 2 ou 3 francs. On lit en quatrième de couverture que le premier volume publié a été l'objet d'un procès dans lequel l'auteur a été condamné à six mois de prison et 500 francs d'amende pour outrage aux bonnes moeurs. Le tribunal a ordonné la destruction des exemplaires saisis. L'auteure recevait les demandes directement chez elle, 17 rue Castellane à Paris. Les ouvrages interdits en France étant expédiés depuis Bruxelles.
Bon exemplaire de la série complète en brochage d'époque.
Prix : 500 euros