lundi 12 juin 2023

Friedrich Nausea [Frédéric Nausée] Frederici Nauseae Blanci campiani, eximii LL. doctoris inclytae ecclesiae Morguntinae à sacris Concionibus eminentiss. libri mirabilium septem. Coloniae, apud Petrum Quentell. [Cologne, chez Pierre Quentel] Anno M. D. XXXII. [1532]. Avec 29 bois gravés. "Signes apparus dans le ciel, monstres, pucelle romaine ayant une fontaine entre les mamelles, etc. Jolies figures sur bois dans le style de Hans Sebald Beham." (Morgand). Des comètes et des tremblements de terre (livres VI et VII). Très bon exemplaire en cartonnage ancien de ce livre illustré curieux et rare.


Friedrich Nausea [Frédéric Nausée]

Frederici Nauseae Blanci campiani, eximii LL. doctoris inclytae ecclesiae Morguntinae à sacris Concionibus eminentiss. libri mirabilium septem.

Coloniae, apud Petrum Quentell. [Cologne, chez Pierre Quentel] Anno M. D. XXXII. [1532]

Petit in-4 (19,3 x 15 cm | Hauteur des marges : 188 mm) de 6 feuillets non chiffrés (comprenant la page de titre, une épître adressée au cardinal Lorenzo Campeggio (1474-1539) ou Laurent Campège dont Nausea fut le secrétaire particulier depuis 1523 et un index des principaux chapitres), LXXVI feuillets chiffrés (le dernier mal chiffré LXVI et quelques autres erreurs de pagination, collationné complet. Avec 29 bois gravés dont 25 bois 10,5 x 4,5 cm environ, 1 bois 6 x 4 cm environ et 1 grand bois 12 x 10,7 cm répété 3 fois. Une grande lettrine et deux petites lettrines.

Cartonnage ancien de papier moucheté dans les tons de beige et gris (cartonnage du XVIIIe siècle), tranches mouchetées de rouge, titre à l'encre au dos. Quelques petites usures et manques au cartonnage qui reste solide et décoratif. Intérieur très frais. Bas de la page de titre racommodée sans manque de texte, petite piqure de vers dans la marge inférieure des feuillets, sans conséquence.


Edition originale et unique édition de ce curieux ouvrage sur les prodiges et merveilles.


"Après avoir donné une définition du mot mirabilia, l'auteur répartit les phénomènes surnaturels en diverses catégories, miracula, prodigia, ostenta, portenta, omina, praesagia, naturalia. Il indique les moyens de distinguer ces diverses sortes de faits merveilleux et d'en reconnîatre l'authenticité. Passant en revue les miracles accomplis par le Christ et depuis le Christ, il insiste particulièrement sur certains prodiges contemporains et sur les inductions qu'on en peut tirer. [...]. Le septième et dernier livre est consacré aux tremblements de terre et aux catastrophes qui les suivent ordinairement. [...]." (extrait du Bulletin du Bibliophile, librairie Téchener, 1891, n°384).



Le libraire Téchener insiste sur les bois gravés (29) qui orne cet ouvrage et plus particulièrement sur le grand bois répété trois fois et "très singulier" (feuillet LIV rectro, LVI verso, LXIX recto). Ce très beau bois montre quatre hommes de pouvoir et d'église tous ébahis par le passage de la comète. En effet, à partir du feuillet LIV et jusqu'à la fin du volume (Livres VI et VII) l'auteur traite de la comète qui passa dans le ciel en 1531. Plus tard cette comète sera identifiée comme étant la même que celle qui fut observée en 1607 puis en 1682, etc. On lui donnera le nom de son découvreur, Halley. La comète fut alors l'objet de spéculations et de prophéties catastrophistes les plus sombres et les plus délirantes. Nausae semble être le premier à avoir écrit sur cette comète au moment même de son passage.

Le libraire Morgand dans son Bulletin n°32 de novembre 1893 indique : "Signes apparus dans le ciel, monstres, pucelle romaine ayant une fontaine entre les mamelles, etc. Jolies figures sur bois dans le style de Hans Sebald Beham."











A propos de Frédéric Nausea (1480 ? - 1552), les biographes sont assez bien renseignés. le Dictionnaire Historique et Bibliographique (1822, tome III, p. 10 et suiv.) indique : "Nausea, surnommé en latin, Blancicampianus, né vers l'an 1480, soit à Bleichfeld, soit à Weissenfeld près de Wurtzbourg, d'abord docteur es lois puis éclésiastique de Mayence. En 1541, l'empereur Charles Quint l'éleva au siège épiscopal de Vienne en Autriche. Il mourut à Trente pendant la session du concile de ce nom, en 1552. Ses talents pour la chaire et la controverse firent sa fortune. Il a laissé beaucoup d'ouvrages. Plusieurs contre les hérésies du temps. Quelques livres de morale, parmi lesquels on distingue son traité de la résurrection. A propos du livre des Merveilles dont il est question ici, il est précisé que le 6e livre traite des comètes et est dédié à l'empereur Ferdinand, et que dans le 7e livre l'auteur cherche à appliquer la cause du tremblement de terre. Il indique encore que cet ouvrage est rare et curieux et est orné de gravures sur bois qui indiquent l'état des lumières et l'extrême crédulité de Frédéric Nausea et de son siècle. Il raconte, avec persuasion, que, de la mamelle droite d'une jeune fille de sept ans, jaillissait, jour et nuit, un jet d'eau fraîche et limpide comme celle d'une fontaine ; qu'il a plu du sang, de la chair, de la laine, et que, dans la Pouille, il tomba un jour un grand nombre de petits pains noirs dont les cochons s'engraissaient.

Nausea fut secrétaire du cardinal Lorenzo Campeggio (1474-1539) depuis décembre 1523. Le cardinal était alors légat du pape en Allemagne pour combattre l'hérésie. Rentré en Italie avec son maître en 1525, il choisit le bénéfice de la cure de Saint-Barthélémy de Francfort et reçoit le sous-diaconat à Bologne et à Padoue. Il n'est pas encore prêtre. Suite à des troubles et du tumulte dans la ville de Francfort, il s'enfuit et gagne Mayence où il restera huit ans jusqu'en 1533. Il est reçu docteur en théologie en janvier 1534. Ses succès de prédicateur sont aussi éclatants à Vienne qu'à Mayence. Il est alors mêlé aux grandes affaires religieuses du moment. A la mort de Jean Faber, Nausea devient évêque de Vienne. Il est appelé à Rome en 1542 pour donner ses avis au sujet du futur concile. Ce sera seulement en 1551 qu'il prendra effectivement le chemin de Trente sur ordre formel du roi Ferdinand. Arrivé au concile dans un état de santé précaire il succomba le 6 février 1552 non sans avoir participé activement à la discussion des canons où il fit preuve d'un sens aigü des difficultés soulevées par les novateurs.
















L'ouvrage qui nous intéresse ici Libri mirabilium septem n'a jamais été traduit en français. Il existe une édition abrégée en anglais "A treatise of Blazing Starres in Generall" (London, 1577 et 1618).

Nous donnons ci-après la traduction en français de quelques chapitres parmi les plus répésentatifs de des livres VI et VII : D'où la comète tire son nom ; A quel point les comètes sont variées ​ ; Dans quelle partie du ciel les comètes apparaissent le plus fréquemment ; Où sont-elles et combien de temps durent les comètes ? ; Était-ce l'étoile qui conduisait les mages au Christ récemment né, la comète, dont parlait l'empereur Auguste ? ; Divers maux ont été suivis par diverses comètes à partir de quelques exemples montrés ; Parce que les comètes sont particulièrement mauvaises pour les princes, comme elles le sont pour les rois ; Ou si les maux que les comètes apportent peuvent être empêchés et modifiés de quelque manière que ce soit de se produire ; Il ne fait aucun doute [que la comète] a été la cause de tremblements de terre dans les temps anciens ; Sur les inconvénients des tremblements de terre ; Où et quand les tremblements de terre sont les plus fréquents et combien de temps ils durent ; Que les tremblements de terre maléfiques l'emportent parfois.

Références : Caillet III, 7931







Très bon exemplaire en cartonnage ancien de ce livre illustré curieux et rare.

Prix : 5.500 euros