lundi 7 mars 2022

Sentimens et Maximes sur ce qui se passe dans la société civile (Paris, Josse, 1697). Par l'abbé d'Ailly, proche de madame la marquise de Sablé. Bel exemplaire, en condition d'époque, très désirable, de ce recueil de maximes dans le sillage de La Rochefoucauld.


[AILLY (D'), Abbé Nicolas d'Ailly, chanoine de Lisieux, précepteur des enfants de Madame de Longueville]

Sentimens et Maximes sur ce qui se passe dans la société civile.

A Paris, chez Louis Josse, 1697

1 volume petit in-8 (17,3 x 11,5 cm - Hauteur des marges : 167 mm) de (8)-43-(1) pages.

Reliure strictement de l'époque plein veau brun, dos richement orné aux petits fers dorés, tranches mouchetées de rouge, gardes et doublures de papier blanc. Exemplaire très frais, tant au niveau de la reliure que de l'intérieur. Quelques minimes frottements et marques.

Edition originale.

Ce volume est dédié à Madame de Maintenon (épître). Dans l'avertissement du libraire on lit : "Il y a quelques années que l'on donna au public les Maximes de Madame la Marquise de Sablé, si renommée pour la délicatesse de son esprit et pour la bonté de son cœur. On y joignit celles d'un de ses amis sous le titre de Pensées diverses. Ces Pensées qui furent d'abord bien reçues, ont été depuis fort goûtées par des personnes très intelligentes ; et c'est ce qui a engagé l'auteur, qui n'est rien moins que ce qui s'appelle auteur, à les revoir, à les augmenter, et à leur donner une forme nouvelle. Car étant l'année passée à la campagne durant les beaux jours, il se fit un amusement et un plaisir de mettre en vers tous ses sentiments sur ce qui se passe dans la société civile. Comme il a beaucoup de discernement et de pénétration, avec un grand usage du monde ; que toute sa vie il a étudié le cœur humain ; qu'il a même du goût pour la poésie, et de la facilité à faire des vers, sans se piquer d'être poète, il n'a pas manqué de réussir dans son entreprise ; et pour peu qu'on y regarde de près, on verra qu'il a trouvé le secret de renfermer en chaque quatrain presque plus de choses que de mots."






L'auteur de ces maximes en vers est l'abbé d'Ailly, chanoine de Lisieux, précepteur des enfants de Madame de Longueville. Introduit auprès de Madame de Sablé par Madame de Longueville, il fut un assidu du salon de la marquise. On sait qu'avec son amie la comtesse de Maure, elle s’établit Place Royale, à Paris, où elle ouvre un salon littéraire qui permit au moraliste La Rochefoucauld de créer un nouveau genre littéraire illustré par ses Maximes que Mme de Sablé relisait avant publication. Elle même, composa des Maximes qui, bien que éditées après sa mort (en 1678, par l'abbé d'Ailly), ont été composées avant celles de La Rochefoucauld. 

Madame de Longueville n'a pas été très indulgente avec le précepteur de son fils. Elle écrit à son sujet dans une lettre : "Je ne l'accuse point de méchans sentimens, mais d'une vie fort oisive qui devient par là peu estimable, même selon le monde, et qui est aussi par là peu utile à mon fils qui a besoin de gens sérieux et solides pour mettre un frein, non pas à sa gaieté, car elle n'est pas grande, mais à sa paresse, qui, sans sa raison, le porteroit fort à ne s'occuper de rien... »."





L'abbé d'Ailly mourut en 1712. Apparemment on ne lui doit rien d'autre dans le monde des belles lettres que ce recueil de Pensées diverses (1678) accolé très à-propos au nom de la marquise de Sablé, remanié, corrigé et augmenté, publié en vers en 1697 sous le titre de Sentimens et Maximes sur ce qui se passe dans la société civile (notre recueil).

Ce petit volume rare se trouve répertorié, dans le catalogue des éditions originales de la bibliothèque de Monsieur Rochebilière (n°488 - 5 francs), à la suite des éditions des Maximes de La Rochefoucauld.


"De l'homme ambitieux les soins sont superflus,

Il souffre de vrais maux, esclave de la gloire,

Pour avoir un nom dans l'histoire,

Dont alors cependant il ne jouira plus." (extrait)


"L'avare qui fait mille efforts

Pour amasser des biens dont il n'a pas l'usage, 

Est un extravagant qui parmi ses trésors

Pour son bonheur a pris la misère en partage." (extrait)


"Celuy que tu vois occupé

A te bien caresser plus qu'à son ordinaire ;

S'il ne t'a pas déjà trompé,

Il a grand désir de le faire." (extrait)


Références : Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes, IV, 470.



Bel exemplaire, en condition d'époque, très désirable, de ce recueil de maximes dans le sillage de La Rochefoucauld.

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