mardi 21 novembre 2017

Jacques Cazotte. Maurice Leroy et Dan Sigros. Le Diable Amoureux (1946). Un des quelques exemplaires d'artiste avec dessin original, suite et gravures refusées. Rare. Superbe.


Jacques CAZOTTE. Maurice LEROY (illustrateur). Dan Sigros (illustrateur).

LE DIABLE AMOUREUX. Gravures sur cuivre originales de Maurice Leroy. Ornements typographiques gravés sur bois de Dan Sigros.

Editions Janick, Paris, 1946

1 volume grand in-4 (29 x 23 cm) de 192-(1) pages. En feuilles. 15 eaux-fortes hors-texte en noir. 15 eaux-fortes avec remarque (suite). 6 eaux-fortes refusées (plus libres) tirées en bistre, avec remarque (libre également). 19 lettrines imprimées en deux couleurs (rose et noir) et 19 culs-de-lampe diaboliques gravés sur bois. Dessin original en couleurs avec dédicace sur le faux-titre. Exemplaire signé par l'artiste au colophon. Emboîtage cartonné de l'éditeur en très bon état. Exemplaire à l'état proche du neuf.

Un des quelques exemplaires d'artiste (environ 20 ex.).

Le tirage total est de 618 exemplaires et quelques exemplaires de collaborateurs (exemplaires d'artiste). Imprimé sur vélin de Rives (comme les 127 exemplaires avec suite). Les deux suites sont quant à elles imprimées sur vélin du Marais.

Exemplaire enrichi d'une très belle aquarelle originale (mine de plomb et aquarelle) sur le faux-titre.

L'aquarelle représente une diablesse aux ailes déployées reposant sur un lit de nuages célestes et infernaux. Superbe composition de l'artiste. Signée et datée 1947, avec dédicace.



Ce livre est remarquable à plus d'un titre. L'illustration très soignée de Maurice Leroy colle parfaitement au texte de Cazotte. Par ailleurs, la suite de lettrines et ornements gravés sur bois par Dan Sigros représente un bestiaire diabolique très intéressant.



Le Diable amoureux a été écrit en 1772 par Jacques Cazotte ; considéré comme le précurseur du récit fantastique. Cette œuvre est à la croisée du roman d'apprentissage et de la nouvelle fantastique. Mais elle est surtout le premier grand récit fantastique français. Un jeune homme, Alvare, décide par forfanterie de convoquer le diable en compagnie de deux amis. Le diable lui apparaît d'abord sous les traits d'un chameau, puis d'un épagneul et enfin sous les traits gracieux de Biondetta, dont il accepte les services. Alvare s'efforce de résister aux séductions et aux agaceries de Biondetta. Il décide enfin de présenter Biondetta à sa mère pour pouvoir l'épouser. En chemin, ils s'arrêtent pour participer à une noce et comme on les a pris pour mari et femme, ils se retrouvent dans la même chambre. Au moment ultime, Biondetta jette le masque pour rappeler qu'elle est Belzébuth.



Jacques Cazotte (1719-1792) est né à Dijon en Bourgogne. Cazotte entra de bonne heure dans l'administration de la marine, après avoir étudié le droit chez un procureur, sur le conseil de Maurepas, son protecteur. Successivement écrivain principal en 1747, contrôleur en 1749, commissaire en 1750, il remplit pendant quatorze ans ces dernières fonctions aux Iles du Vent et à la Martinique, où il se maria, et se retira en 1760 avec le brevet de commissaire général; mais ni sous Choiseul, ni sous aucun de ses successeurs il ne put obtenir la liquidation de sa pension de retraite. Le P. La Valette, supérieur de la mission des jésuites à la Martinique, avait racheté de Cazotte, au moment où il quitta la colonie, ses propriétés au moyen de lettres de change que les supérieurs du P. La Valette à Paris refusèrent d'acquitter, alléguant que cette spéculation n'avait pas été autorisée par eux. Il s'ensuivit un long et retentissant procès que Cazotte finit par gagner. Lors de son retour en France, il habita tour à tour, avec sa femme et ses trois enfants, Paris et une maison de campagne à Pierry, près d'Epernay. Jusqu'alors il ne s'était fait connaître que par quelques poésies fugitives et par des chansons. Le véritable début de Cazotte fut Olivier (1762, 2 vol. in-12), poème en douze chants et en prose, mêlée de vers, sorte d'imitation de l'Arioste. Vers 1775, une transformation s'opéra dans l'esprit de Cazotte. Attiré de tout temps vers les sciences occultes, il devint l'un des adeptes de la secte des martinistes et s'adonna, dans sa retraite de Pierry, en compagnie de sa fille et de ses deux fils, qu'il avait également initiés, à toutes les pratiques des illuminés. Fervent royaliste, il épanchait ses inquiétudes sur la marche des événements dans une correspondance intime adressée à son ami Pouteau, secrétaire de de Laporte, intendant de la liste civile. Saisie aux Tuileries après la journée du 10 août, cette Correspondance mystique (titre parfaitement justifié de la réimpression de 1798, in-18) fut le motif de l'arrestation de Cazotte. A peine venait-il, grâce au dévouement de sa fille, d'échapper aux massacres de Septembre qu'il fut traduit devant le tribunal dit du 17 août. Ses lettres à Pouteau, publiées pour la première fois dans le Bulletin même du tribunal, furent la seule charge qu'on pût relever contre lui, mais elle suffit pour provoquer une sentence de mort. Après la lui avoir signifiée, le président du tribunal, Lavaux, qui était lui-même, dit-on, un initié, exhorta Cazotte à la mort par une allocution des plus singulières et tout au moins inutile, car la fermeté du vieillard ne se démentit ni devant ses juges, ni devant l'échafaud. (Maurice Tourneux).



Superbe ouvrage. Rare tirage avec suite, gravures refusées (non mentionnées) et dessin original.

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