mardi 14 novembre 2017

Héliodore. Amours de Théagènes et Chariclée. Histoire éthiopique (1743). Très belle édition illustrée de 10 figures hors-texte. Exemplaire en maroquin rouge de l'époque. Belle condition.


HÉLIODORE.

AMOURS DE THEAGENES ET CHARICLEE. HISTOIRE ETHIOPIQUE.

A Paris, chez Coustelier, 1743

2 volumes pet. in-8 (16 x 10,3 cm) de X-213 et (1)-190 pages. 10 figures hors-texte et 10 vignettes d'en-tête à l'eau-forte non signés. Vignette à l'eau-forte répétée sur les titres imprimés en rouge et noir. Titre frontispice gravé à l'eau-forte en tête du premier volume.

Reliure de l'époque plein maroquin rouge, dos à nerfs orné aux petits fers dorés perlés, filets dorés en encadrement des plats, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées. Fine reliure non signée mais attribuable à l'un des meilleurs ateliers parisiens de l'époque. Quelques légères usures aux coins (anciennement atténuées) sinon très bel exemplaire. Intérieur très frais imprimé sur beau papier avec marges amples. Les figures hors-texte sont avant la lettre.

ÉDITION ILLUSTRÉE DE SECOND TIRAGE.


Réimpression page pour page du premier tirage. Elle fut motivée, écrit Cohen, par le désir d'atténuer certaines illustrations un peu libres de la première édition : on couvrit la 8e figure (femme sur le bûcher), on supprima le frontispice du tome II et on répéta les vignettes de façon à éliminer six d'entre elles ; on grava de plus une vignette nouvelle (trois Amours tirant de l'arc) que l'on plaça aux livres 5, 6 et 9. Pour ce second tirage Cohen ne cite que des exemplaires reliés en veau.


On ne sait pour ainsi dire rien de cet écrivain syrien de langue grecque ayant vécu au IIIe ou au IVe siècle, auteur d'un roman intitulé les Éthiopiques ou les Amours de Théagène et Chariclée. Ce roman aurait été composé dans sa jeunesse. L'arrière-plan historique que l'on devine dans l'évocation qui est faite de l'Éthiopie, ainsi que la coloration néo-pythagoricienne de l'œuvre et l'insistance sur la religion du soleil (à l'honneur sous le règne d'Aurélien), tout cela incite à situer la date de la composition du roman dans la seconde moitié du IIIe siècle.


C'est l'histoire d'une princesse d'Éthiopie (terme désignant alors la Nubie), abandonnée à sa naissance par sa mère la reine Persina et transportée à Delphes où elle est élevée par le Grec Chariclès sous le nom de Chariclée et devient prêtresse d'Artémis. Assistant à des jeux gymniques à Athènes, elle rencontre un jeune Thessalien qui y concourt, nommé Théagène, et ils s'éprennent l'un de l'autre. Pour obéir à un oracle, ils quittent Delphes sous la conduite du sage égyptien Calasiris, et après plusieurs aventures en mer sont jetés par un naufrage en Égypte, sur les bouches du Nil. Ils traversent alors de rudes épreuves, tantôt ensemble, tantôt séparés, notamment du fait de la passion qu'Arsacé, femme du satrape d'Égypte Oroondatès, conçoit pour Théagène. Prisonniers des Perses, ils sont finalement capturés par l'armée du roi Hydaspe et conduits à Méroé, capitale de l'Éthiopie. Inconnus, ils sont sur le point d'être immolés au soleil quand Chariclès arrive de Grèce et la reconnaissance attendue a lieu. L'histoire finit par le mariage des héros, qui se sont gardés fidèles l'un à l'autre. Chariclée, de peau blanche, se croyait grecque, mais se découvre africaine à la fin du roman. Les dernières pages donnent une explication de la couleur blanche de cette jeune fille dont les deux parents sont noirs.
À la Renaissance, il fut imprimé pour la première fois à Bâle en 1534, et fut traduit en français par Jacques Amyot en 1547, en anglais par Thomas Underdowne en 1569. Son influence fut très grande aux XVIe et XVIIe siècle : il était vu comme une œuvre majeure de l'Antiquité, au même titre que l’Iliade et l’Odyssée ou que l’Énéide de Virgile. (source Wikipédia).


Référence : Cohen (éd. 1912), col. 478.

Provenance : Exemplaire provenant de la vente du Marquis de Morante (mai 1872), avec étiquette manuscrite numérotée. Don Joachim Gomez de la Cortina, né au Mexique le 6 septembre 1808, docteur en droit, fut successivement recteur de l’Université de Madrid, membre du Tribunal suprême de justice et sénateur. Entre-temps, en 1847, il reçut le titre de marquis de Morante. Le marquis de Morante, dont on cherchera en vain le portrait, fut un des plus illustres bibliophiles espagnols. Depuis 1840, il était bien connu, à Paris, des libraires qui faisaient des catalogues et des ventes de livres anciens (Merlin, Tilliard, Crozet, Techener, Potier) et des relieurs (Thouvenin, Thompson, Bauzonnet, Duru, Capé). Le marquis avait en effet compris que le goût, la passion et la connaissance des beaux livres n’avaient jamais été portés aussi haut qu’en France. Les deux tiers de ses revenus, évalués à environ 125.000 francs, étaient sacrifiés pour les livres et leurs reliures. Il laissa la plus grande bibliothèque jamais possédée par un particulier, composée de plus de 120.000 volumes [...] Le marquis de Morante s’éteignit le 13 juin 1868, après une chute de son échelle tremblante, au haut de laquelle il était assis. Il était célibataire. (Jean-Paul Fontaine, Histoire de la Bibliophilie). Catalogue de la bibliothèque de feu M. le marquis de Morante (Paris, Bachelin-Deflorenne, 1872, 3 parties en 1 vol. in-8, XL-352 p., 1.909 lots ; VIII-206 p., 1.165 lots ; VII-[1 bl.]-339-[1 bl.] p., 2.265 lots).


BEL EXEMPLAIRE EN MAROQUIN DE L'ÉPOQUE.

Prix : 1.250 euros