lundi 7 octobre 2024

Discours sur l'Histoire Universelle à Monseigneur le Dauphin ; pour expliquer la suite de la Religion et les changements des Empires. Première partie. Depuis le commencement du Monde jusqu'à l'Empire de Charlemagne. Par Messire Jacques Bénigne Bossuet, Evêque de Condom, Conseiller du Roi en ses conseils, cy-devant Précepteur de Monseigneur le Dauphin, premier aumonier de Madame la Dauphine. A Paris, chez Sébastien Mabre-Cramoisy, imprimeur du roi, 1681. 1 volume in-4 (26 x 20 cm | hauteur des marges : 254 mm). Reliure plein maroquin chocolat janséniste signée Trautz-Bauzonnet. Exemplaire de la bibliothèque de l'éminent bibliophile parisien Eugène Paillet (1829-1901) avec sa signature autographe. Très bel exemplaire de l'édition originale.


BOSSUET (Jacques-Bénigne) | [Eugène Paillet, bibliophile]

Discours sur l'Histoire Universelle à Monseigneur le Dauphin ; pour expliquer la suite de la Religion et les changements des Empires. Première partie. Depuis le commencement du Monde jusqu'à l'Empire de Charlemagne. Par Messire Jacques Bénigne Bossuet, Evêque de Condom, Conseiller du Roi en ses conseils, cy-devant Précepteur de Monseigneur le Dauphin, premier aumonier de Madame la Dauphine.

A Paris, chez Sébastien Mabre-Cramoisy, imprimeur du roi, 1681

1 volume in-4 (26 x 20 cm | hauteur des marges : 254 mm) de (4)-561-(7) pages.

Reliure plein maroquin chocolat janséniste, dos à nerfs, double-filet doré sur les coupes, large jeu de roulettes et filets dorés en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées sur marbrure (reliure signée Trautz-Bauzonnet exécutée vers 1860-70). Reliure très fraîche. A noter une légère éraflure sur le plat supérieur, à peine visible. Intérieur parfait (exemplaire lavé et encollé par Trautz) sans rousseurs.

Edition originale.

Elle est ornée de la marque "aux cigognes" de l'imprimeur de Sébastien Mabre-Cramoisy, d'un bandeau d'en-tête représentant le temps au milieu des ruines et tenant les armes du Dauphin, gravé par Jollain, et d'une lettrine et d'un grand cul-de-lampe final non signé.


Exemplaire de la bibliothèque de l'éminent bibliophile parisien Eugène Paillet (1829-1901) avec sa signature autographe sur la garde blanche.


Ce superbe volume sort des presses du premier directeur de l'imprimerie royale du Louvre, Sébastien Mabre-Cramoisy.

Fidèle à la conception traditionnelle qui envisage l’histoire comme un répertoire d’enseignements destiné aux princes, ce texte a été élaboré par Bossuet alors qu’il agissait en tant que précepteur du dauphin Louis de France (1661-1711), fils de Louis XIV et de Marie-Thérèse d’Autriche. Inspiré par La Cité de Dieu de saint Augustin, le Discours (rédigé dès 1677) est structuré en treize chapitres et couvre « l’histoire universelle », comprenant l’Europe et le Moyen-Orient, depuis le récit biblique de la Création jusqu’au règne de Charlemagne. En plus de son aspect éducatif, la profondeur philosophique et les implications politiques de ce Discours en font une œuvre majeure de l’auteur, qui est surtout reconnu pour ses Oraisons funèbres. En 1681, année de la première publication du Discours, Bossuet, fraîchement nommé archevêque de Meaux après avoir terminé son préceptorat, est devenu l’une des figures les plus influentes de l’Église de France.



Le style de Bossuet, qui fait entrer ce texte parmi les textes majeurs de la littérature française, se caractérise par une grande éloquence et une rigueur intellectuelle, alliant des phrases élaborées à une clarté d'expression. Son utilisation de la rhétorique, des métaphores et des références bibliques confère à ses discours une profondeur émotionnelle et philosophique. Par ailleurs, il excelle dans l'art de persuader, visant à instruire et à élever moralement son auditoire.






L'ouvrage se divise en trois parties : « Les Époques », « La Suite de la religion » et « Les Empires ». La première partie relate les principaux événements qui se sont déroulés depuis la création du monde ; la deuxième partie décrit l'avènement du christianisme, préfiguré par Moïse, et la victoire de l'Église catholique ; la troisième partie s'attache à dépeindre la grandeur et la décadence des empires de l'Antiquité, finalement unifiés par l'Empire romain, lui-même diffuseur de l'Évangile. Le propos de l'auteur est apologétique en ce sens que l'histoire du genre humain depuis les origines jusqu'au règne de Charlemagne est envisagée comme une manifestation de la providence divine : pour Bossuet, l'histoire répond à un dessein de Dieu, qui y est intervenu afin de voir triompher le christianisme. S'adressant à son dédicataire qui est en même temps son élève, le Grand Dauphin, destiné à devenir le roi de France, l'auteur conclut : « Pendant que vous les verrez tomber [les empires] presque tous d’eux-mesmes, et que vous verrez la religion se soustenir par sa propre force, vous connoistrez aisément quelle est la solide grandeur, et où un homme sensé doit mettre son esperance. » Anne Régent-Susini voit dans le Discours sur l'histoire universelle une pédagogie d'ordre visuel qui met les événements en perspective, comme dans une représentation picturale, afin de faire apparaître les lignes du tableau. En cela, Bossuet entend aider le futur roi de France à se rapprocher du point de vue de Dieu.

Une suite à ce Discours était annoncée mais elle ne parut jamais. Bossuet meurt en 1704 sans l'avoir écrit. Une seconde édition au format in-12 paraît rapidement.

Le Dauphin, Louis de France, ne sera finalement jamais roi de France, étant mort à l'âge de 49 ans, avant son père, Louis XIV. Comme quoi, même avec un excellent précepteur, il ne faut préjuger de rien, la vie est imprévisible, la maîtrise du pouvoir incertaine, même pour les plus puissants.






Références : Tchémerzine, I, 842 ; Catalogue de la bibliothèque Eugène Paillet, Paris, Morgand, 1887, n°96 (notre exemplaire coté alors 400 francs or) ; Jules Le Petit, Bibliographie des principales éditions originales françaises, Paris, Quantin, 1888 (notre exemplaire est décrit).

Provenance : de la bibliothèque de l'éminent bibliophile parisien Eugène Paillet (1829-1901) et dont une partie des livres fut vendue à prix marqués par le libraire Damascène Morgand en 1887 (n°96 de ce catalogue). Le présent exemplaire était proposé au prix de 400 francs or et indiqué comme "Très bel exemplaire de l'édition originale". 400 francs or était alors une somme considérable. Avec la signature autographe d'Eugène Paillet en haut du premier feuillet blanc.

Très bel exemplaire de l'édition originale de ce texte majeur, grand de marges, luxueusement relié par Trautz-Bauzonnet pour le bibliophile Eugène Paillet.

Prix : 3.900 euros