vendredi 9 février 2024

La Traversée de l'Empereur Charles, traduit de Uhland par F. Svehnée. Compositions de M. Marcel [Marcelle Mousseron]. Préface de M. Victor Champier, Directeur de la Revue des Arts Décoratifs. Librairie J. Rouam et Cie, G. d'Hostingue, Directeur, Paris [Achevé d'imprimer le 24 décembre 1895 par G. Gerin Fils à Dijon]. Un des 991 exemplaires sur papier simili-japon. Exemplaire de dédicace. Art Nouveau et Symbolisme.


MOUSSERON, Marcelle [illustratrice], CHAMPIER, Victor (Préface)

La Traversée de l'Empereur Charles, traduit de Uhland par F. Svehnée. Compositions de M. Marcel [Marcelle Mousseron]. Préface de M. Victor Champier, Directeur de la Revue des Arts Décoratifs.

Librairie J. Rouam et Cie, G. d'Hostingue, Directeur, Paris [Achevé d'imprimer le 24 décembre 1895 par G. Gerin Fils à Dijon].

1 volume 19,5 x 12,5 cm, feuillet replié sur lui-même en accordéon présentant, outre la couverture imprimée encadrée d'un décor fleuri en couleurs, deux pages décorées de feuillages polychrome, une page de justification de tirage (numéroté au composteur), une page de titre, deux pages d'avis au lecteur en fac similé de l'écriture de Victor Champier (Paris, 18 décembre 1895), 16 pages avec encadrement décoré polychrome (coloris en photogravure par gillotage vraisemblalement) avec texte calligraphié au centre de chaque page dans un encadrement, une page d'achevé d'imprimer, une page de détail de la numérotation des exemplaires, deux pages décorées de feuillages polychrome. Très bel exemplaire parfaitement conservé.


D'après le justificatif du tirage, cet ouvrage a été imprimé à 991 exemplaires sur papier simili-japon (numérotés de 9 à 999).

Il a été tiré en outre 8 exemplaires sur Chine, 2 exemplaires sur Japon impérial (tirés en noir et coloriés par l'auteur avec une aquarelle originale), et 3 exemplaires sur Japon impérial (tirés en couleurs avec une aquarelle originale). L'ouvrage ne sera jamaos réimprimé.

Celui-ci, un des 991 exemplaires sur papier simili-japon (numéroté 339 au composteur).

Exemplaire de dédicace offert par l'artiste illustrateur Marcelle Mousseron à ses amis Marguerite, Carmen  et Gaston d'Adhémar, avec l'affectueux hommage de l'auteur.

On joint le rare prospectus de 4 pages reprenant le titre et la justification du tirage, un extrait de la Préface ainsi que deux compositions en couleurs reprises dans l'ouvrage définitif.


Ouvrage illustré dans le plus pur style Art Nouveau et Symboliste. L'artiste, Marcelle Mousseron, n'a laissé aucune trace dans l'histoire de l'art de la fin du XIXe siècle. Victor Champier en fait un éloge marqué dans son avis au lecteur : "Je souhaite à quiconque déroulera d'une main lente et soigneuse, comme il convient, les feuillets de ce petit livre, d'en goûter le charme subtil et délicat que j'y ai trouvé moi-même. La jeune artiste qui a su broder sur le thème d'une vieille légende extraite du "Magasin pittoresque" au hasard de ses lectures, les fantaisistes illustrations dont sont parées chacune de ces pages, possède une qualité rare entre toutes : celle d'émouvoir. Elle communique au moindre de ses dessins une grâce particulière, une naïveté attendrie, je ne sais quel mélancolique abandon les fleurs de notre pays de France, semblent lui avoir murmurer des confidences mystérieuses, et elle leur fait parler un langage d'archaïque poésie dont la saveur étrange pénètre l'âme. [... ] Je le dis ici, en toute franchise : une jeune fille qui fait preuve d'un pareil talent de composition, attestant une originalité si spontanée, est née avec le don divin ; il ne dépend que d'elle de devenir une grande artiste."













On sait donc qu'en 1895 Marcelle Mousseron n'est encore qu'une jeune fille, artiste en devenir. On sait très peu de chose sur cette jeune artiste prometteuse. On sait simplement qu'elle exposa au Salon de Dijon à la même époque. Il semble qu'elle ait été dijonnaise. On ne connaît son nom complet et son prénom que par la dédicace dans notre exemplaire. Nous pensons avoir retrouvé la trace de Marie-Antoinette-Julie-Marcelle Mousseron, décédée peu avant le 25 août 1903, date de ses obsèques annoncés dans le journal Le Bien Public à cette même date. Son père était Emile Mousseron et sa mère était née Mlle Maire. Ses obsèques eurent lieu en l'église de Saint-Julien-Clénay (près de Dijon). Son père Emile Mousseron était pharmacien à Dijon et inventeur d'un sirop et d'une pâte pectorale contre les rhumes et les toux nerveuses (en vente avec succès depuis 15 ans en 1863). Nous avons retrouvé l'acte de décès de Marcelle Mousseron en date du 23 août 1903 à St-Julien près de Dijon. Elle était âgée de 34 ans et est décédée célibataire. Elle était née à Dijon le 8 mars 1869. Elle était auparavant domicilée à Menton (Alpes-Maritimes). Elle est alors déclarée sans profession au moment du décès au domicile de ses parents (acte n°11, état civil numérisé de Saint-Julien, année 1903). Marcelle était donc âgée de 26 ans au moment de la publication du présent ouvrage.

Voici ce qu'on peut lire dans le périodique Polybiblion à propos de cet ouvrage : "Il nous paraît vraiment intéressant de signaler un petit album de 16 planches in-18 ayant pour titre La Traversée de l'empereur Charles (Charlemagne) (Paris, Rouam, petit in-8), et dont le texte est traduit de la ballade connue de Uhland, par F. Soehnée. L'Empereur s'embarque pour la Terre-Sainte à la tête d'une armée « que jamais si grande et si belle ne s'était vue » accompagné de ses douze pairs qui, l'un après l'autre, en pleine tempête, et chacun selon son tempérament, expriment leurs regrets de ne plus se trouver sur le vulgaire « plancher des vaches. » Cependant le roi Charles est assis au gouvernail, silencieux, et, « d'une main sûre, il dirige l'esquif jusqu'à ce que la tempête se calme. » Le texte et les dessins en couleurs ont été lithographiés par l'auteur, Mlle M. Marcel (un pseudonyme probablement). Cette ravissante brochure, qui se déploie d'une seule pièce, charmera tous les âges. Un deuxième album de Mlle Marcel Tribord-Amure (Paris, Rouam, in-8 oblong). Ici, le texte, imprimé et non plus lithographié, est encadré de dessins aussi originaux que ceux de la Traversée. L'auteur tient ce conte maritime d'un maître d'équipage de Menton. « Depuis le premier mot « Alors ! » (en patois alloura) début obligé de tout discours mentonnais, jusqu'à la forme ironique de la péroraison, on s'est appliqué à conserver les tours de phrases et locutions propres au pays. De même pour les dessins, Mlle Marcel a pris sur place tous ses modèles (personnages et sujets divers, jusqu'aux moindres détails, afin de garder à l'ensemble son caractère bien local. » Ces pages, très gracieusement enluminées, forment une contribution curieuse au folklore méditerranéen."

La présente illustration fait penser aux décors Art Nouveau d'un Adolphe Giraldon ou d'un Henri Caruchet. Nous ne savons pas si la jeune Marcelle Mousseron a eu connaissance du travail de ces deux artistes.

Malgré un tirage annoncé assez important les exemplaires de cet ouvrage se trouvent très difficilement en bel état et parfaitement conservés (livre très fragile par nature).

Bel exemplaire, tel que paru.

Prix : 950 euros