lundi 17 mai 2021

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Les Nuits de Paris ou le Spectateur-Nocturne. 1788-1789. 14 parties reliées en 7 volumes in-12. 16 figures hors-texte. Reliure signée Belz-Niédrée.

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

Les Nuits de Paris ou le Spectateur-Nocturne.

à Londres, et se trouve à Paris, chés les libraires nommés en tête du Catalogue, 1788-1789. [Parties 1 à 14].

14 parties reliées en 7 volumes in-12 (18,2 x 11,2 cm - Hauteur des feuillets : 178 mm.). 3359-(1) pages (la dernière est mal chiffrée 2359). Pagination continue (avec erreurs de pagination - complet).

Reliure demi-maroquin rouge à coins, dos à nerfs orné, tête dorée, non rogné (ébarbé). Reliure signée Belz-Niédrée (vers 1865-1875). Quelques légères usures aux reliures (coins frottés parfois légèrement émoussés, plats et coupes légèrement frottés, extrémités de quelques coiffes légèrement frottées, une petite déchirure du cuir recollée au dernier volume. Intérieur des volumes frais à très frais. Très séduisant état non rogné (relié sur brochure). Quelques figures sont plus ou moins courtes de marges et certaines ont été réenmargées au moment de la reliure. Collationné complet.

Restif, Le Spectateur nocturne, trace ces 14 parties un extraordinaire tableau de Paris d'avant la Révolution. Deux autres parties seront publiées en 1791 et 1794. La quinzième partie de 1791 est rare tandi que la seizième partie de 1794 est très rare. Ces deux dernières parties qui ne se trouvent pas ici sont des descriptions virulentes de la Révolution qui valurent à son auteur, à cause de Marat en particulier, de passer devant le Comité de Police de la Commune de Paris. Pris de crainte, son libraire abandonna la vente de ce monumental ouvrage. Restif dut d'ailleurs, même en 1806 lors d'une remise en vente, le faire cartonner.






L'ouvrage est illustré de 16 planches gravées que Cohen attribue à Binet, y compris la planche Le Billard qui fut rarement ajoutée et qui manque à beaucoup d'exemplaires. Nombre de ces planches représente Restif dans son curieux costume de "Spectateur nocturne", cape et grand chapeau surmonté d'un hibou.

"Les Nuits de Paris sont plus qu'un recueil d'anecdotes pittoresques sur le petit peuple parisien: pour leur étrangeté poétique, le mystère qu'on devine dans les détails familiers, la bizarrerie des rencontres, la fertilité du hasard autour du promeneur toujours vigilant, toujours présent comme un Maldoror ou un Fantômas aux drames cachés dans les ténèbres, on peut les rapprocher d'oeuvres modernes inspirées par la capitale, le Spleen de Paris, le Paysan de Paris ou Nadja" (Henri Coulet, Le Roman jusqu'à la Révolution, p. 493).







"Ce grand ouvrage, essentiellement parisien, a toujours été recherché, alors même que les oeuvres de Restif étaient encore décriées, négligées et presque inconnues de notre génération," écrit Paul Lacroix en 1875, ajoutant: "c'est, en effet, un livre unique qui représente la physionomie morale de Paris vers la fin du dix-huitième siècle" (Bibliographie de Restif de La Bretonne, p. 299).

"Ce vaste ouvrage de plus de 3000 pages, 16 parties et 8 volumes prend la forme d’un recueil de notes d’un « Hibou-Spectateur » qui parcourt la ville, un Paris urbain, nocturne, contrasté juste avant la chute de la Monarchie. Le narrateur se fait observateur et conteur aussi tant les tableaux se teintent de pittoresque et de picaresque : ces écrits seront étudiés de près par les historiens du siècle suivant comme autant d’instantanés et de traces d’une période très particulière où les classes sociales se mêlent et où la misère règne. Les femmes y occupent une place singulière par les dominations et les outrages qu’elles subissent. Le fil narratif du volume suit la logique de scènes parfois juxtaposées ayant pour lien l’unité du regard porté et du récit composé. Le tableau d’ensemble reste sombre, « misérabiliste » déploreront des contemporains, annonçant par certains côtés Balzac, Flaubert ou Zola : différence majeure, les tableaux esquissés sont collectifs et relèvent d’une approche presque sociologique quand les écrivains du XIXe siècle choisiront d’imaginer des héros et héroïnes dont les parcours se détachent de cette toile de fond sociale." (Bnf, les Essentiels, Les Nuits de Paris, en ligne).







Références : Rives Childs, Restif de la Bretonne, 303-306 ; Cohen, col. 882-883 ; Paul Lacroix, Bibliographie des ouvrages de Restif de la Bretonne, pp. 258-301.

Bel exemplaire, grand de marges, de ce livre important relié au plein moment de la Rétivomanie (1870-1875).

Prix : 8.000 euros