mardi 2 février 2021

Mademoiselle Fontette de Sommery. Doutes sur différentes opinions reçues de la société (1784). Superbe exemplaire relié par Capé (vers 1850). Les pensées d'une femme d'esprit du siècle des lumières, inspirée par La Bruyère et La Rochefoucauld.


MADEMOISELLE DE FONTETTE DE SOMMERY.

Doutes sur différentes opinions reçues de la société. Troisième édition, revue et augmentée.

A Londres, et se trouve à Paris, chez Barrois l'aîné, 1784

2 tomes reliés en 1 volume in-12 (14 x 9 cm) de XII-196-(2) et (4)-198 pages.

Reliure plein maroquin lavallière, dos à nerfs orné à la grotesque aux petits fers dorés, triple-filet doré en encadrement des plats, filet doré sur les coupes, large jeu de roulettes dorées en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées (reliure signée Capé). Quelques légères rousseurs.

Nouvelle édition en grande partie originale.


Cet ouvrage a paru pour la première fois en 1782 chez Cailleau. Il s'agissait alors d'un simple petit volume de 124 pages. Il connut un très grand succès et fut largement augmenté. En 1785 paraîtra la cinquième édition.











Barbier dans son Dictionnaire des ouvrages anonymes indique que la Biographie Universelle comme la Nouvelle Biographie Générale sont toutes deux muettes sur cet auteur. Barbier indique encore que Chaudon et Delandine, dans leur Nouveau Dictionnaire Historique, décrive Mademoiselle de Fontette de Sommery comme une "demoiselle de Paris, dont l'origine est ignorée, et qui ne savait elle-même à qui elle devait la naissance." On doit par ailleurs à Mlle de Fontette de Sommery les ouvrages suivants : Lettres de Madame la comtesse de L*** à Monsieur le comte de R*** (1785) et Lettres de Mlle de Tourville à Mme la comtesse de Lenoncourt (1788), et encore L'Oreille, conte philosophique (1789). On trouve une notice sur Mademoiselle de Fontette de Sommery dans l'Anthologie féminine publiée par Madame Louise d'Alq en 1893 ; elle y écrit : "Il ne faut pas se faire d’illusions, beaucoup d’œuvres remarquables sont ignorées ou tombent dans l’oubli, s’il ne s’est pas fait de bruit autour de leurs auteurs, et surtout si ceux-ci n’ont laissé personne après leur mort qui ait de l’intérêt à en faire. Mlle du Sommery est de ce nombre ; son nom est à peu près inconnu aujourd’hui, parce qu’elle n’a pas eu un salon brillant comme Mmes de Tencin, du Deffand, des amis comme d’Alembert ou Diderot, etc. Elle était une moraliste. « Une vieille demoiselle de condition qui s’est occupée toute sa vie de l’étude des hommes et des lettres. Tous ceux qui fréquentent les assemblées publiques de l’Académie française la connaissent. Elle n’en a jamais manqué une seule, et sa figure est remarquable : c’est une grande brune presque noire, des sourcils fort épais, de grands yeux pleins d’esprit et d’attention. Son livre prouve combien elle s’est nourrie de la lecture des Maximes de La Rochefoucauld et des Caractères de La Bruyère." Madame d'Alq la fait naître en 1920 et mourir en 1790. « Sa conversation était piquante et caustique, sachant braver le ridicule et saisissant ceux des autres avec beaucoup de finesse ; elle plaisait par sa franchise, même par sa bizarrerie. Elle était implacable surtout pour les bavards, les sots et les fais, mais serviable pour tous et d’une infatigable charité. » (Hippolyte de Laporte). Elle édita ces Lettres comme ayant été écrites par une contemporaine de Mmes de La Fayette et de Sévigné, dont elle imite parfaitement le langage, ce qui donna lieu à de grosses dissertations entre de Sepchênes et de Gaillard ; on les attribua à Mme Riccoboni, puis à Mme de Genlis, et cela ne fit que contribuer à son succès. Grimm disait qu’on « y trouvait de la grâce, de la facilité, un goût fort sage, et le meilleur ton ». (Eugène Asse, Une Femme moraliste au XVIIIe siècle). Dans ces Lettres, elle exprime d’une façon fort originale son opinion sur la sémillante marquise. Elle trouvait sa réputation surfaite, et se tenait en défiance contre les épanchements maternels où l’art épistolaire entrait, selon elle, pour beaucoup (Louise d'Alq).

On retrouve La Bruyère et La Rochefoucauld en filigrane presque à chaque page. Entre maximes et caractères, cette femme exprime avec intelligence sa vision du monde au siècle des lumières. On retiendra quelques maximes utiles à chacun : La fortune ne change pas les mœurs, elle les démasque. ou encore : Il est encore plus absurde de nier ce qu’on n’entend pas que de le croire. Les sujets suivants sont abordés avec finesse : La fortune, des malades, des médecins, du mariage, de la bêtise, de la société, de l'homme oisif, de l'avarice, de l'esprit, de la conversation, de l'éducation, etc.

Fine reliure exécutée dans l'atelier de Charles-François Capé (1806-1867) entre 1848, date de son installation et 1867 année où il mourut des suites d'un accident. Il avait pour ouvriers à ses côtés MM. Germain Masson et Charles de Bonnelle qui reprirent l'activité de l'atelier à partir de 1867. Les reliures signées Capé ont été dorées par Marius Michel Père (Jean Marius Michel) qui travaillait alors uniquement en tant que doreur pour les meilleurs relieurs de Paris. Nous avons ici un décor doré dit "à la grotesque" qui se retrouve dans des reliures de la seconde moitié du XVIIIe siècle.

Provenance : aucune marque de provenance.





Superbe exemplaire.

VENDU