Emile ZOLA.
Vérité. Les quatre évangiles.
Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1903
2 volume in-8 (23 x 14 cm), brochés de (4)-381 et (4)-367-(1) pages. Couvertures à rabats de papier mauve imprimée argent, dos muets. Exemplaire non rogné, tel que paru. Le tome 2 seul est coupé. Les deux volumes portent le même numéro au composteur (n°188). Le papier des dos des deux volumes est passé, les dos ne sont pas fendus. Les plats sont en excellent état. Intérieur de toute fraîcheur imprimé sur beau papier vergé de Hollande.
Edition originale posthume.
Un des 200 exemplaires sur papier de Hollande.
Il a été tiré en outre 30 exemplaires sur Japon.
Vérité, le troisième roman du cycle Les quatre évangiles, est l'adaptation de l'affaire Dreyfus dans le monde de l'Instruction publique, principalement illustrée par le combat entre laïcs et cléricaux. L'œuvre est conçue dans le contexte du projet de séparation des Églises et de l'État. Marc Froment, instituteur, tente de défendre son collègue, Simon, Juif, injustement accusé, puis condamné, pour avoir violé et tué un écolier. L'ensemble du clergé apparaît comme la force motrice de l'accusation, truquant les preuves, influençant la justice, protégeant le vrai coupable, un frère de Écoles chrétiennes, dans le but de discréditer toute l'école laïque au travers de l'accusé. L'engagement de Marc dans son combat pour la vérité lui coûte son ménage, puisque son épouse, pratiquante, le quitte ; mais il conserve le soutien de sa fille Louise et d'une bonne part de son administration. C'est la description d'un cléricalisme qui, envers et contre tout, cherche à conserver coûte que coûte son emprise sur la société civile. Zola veut faire « le poème de l'instituteur primaire. L'exalter, le mettre à son rang, le premier, le semeur d'hommes. Puisque la nation, est devenue capable de vérité et de justice par l'instruction intégrale de tous les citoyens. » L'écriture de l'œuvre s'étend de juillet 1901 à août 1902 et paraît en feuilleton dans L'Aurore de septembre 1902 à février 1903. La mort de l'écrivain, le 29 septembre 1902, l'empêche d'apporter ses corrections à une grande partie du roman. Le volume, qui paraît en mars 1903 chez Charpentier, est liseré de noir en signe de deuil. La critique s'attache à élucider les messages relatifs à l'affaire Dreyfus, en faisant remarquer que la transposition de la trahison militaire à l'affaire de mœurs fait perdre beaucoup au récit. Mais la critique salue le traitement de l'éducation laïque, Gustave Théry indiquant : « pour nous, maîtres de l'Université républicaine, n'est-ce pas vraiment notre évangile, notre bréviaire laïque ? »
"Les quatre évangiles sont parfois considérés comme la création d'un talent romanesque sur son déclin, pourtant ils n'ont rien de crépusculaire, ils couronnent l'œuvre entière en l'éclairant. Une incontestable continuité idéologique existe entre Les Rougon-Macquart et Les Evangiles. Dans Les Rougon-Macquart, Zola a tracé des repères pour un objectif défini dans Les Quatre évangiles : le discours utopique fait partie des nombreux éléments en germination dans Les Rougon-Macquart qui vont s'épanouir dans Les Evangiles. [...]" (Les Quatre Evangiles d'Emile Zola : espace, temps, personnages, Evelyne Cosset, Droz, 1990, p. 7).
Très bon exemplaire sur grand papier.
Prix : 400 euros