Emile ZOLA.
GERMINAL.
Paris, G. Charpentier et Cie, 1885
1 volume in-18 (18,7 x 11,8 cm), broché de (4)-591 pages. Couverture jaune imprimée. Brochage intact, sans manques, couvertures restées fraîches sans taches ni rousseurs, le dos n'est pas fendu. Intérieur non coupé (volume jamais lu) avec les inévitables rousseurs intrinsèques à cette édition, parfois fortes.
Edition originale sur papier ordinaire sans mention (tirage du premier mille).
Il a été tiré 150 exemplaires sur papier de Hollande et 10 exemplaires sur papier du Japon.
Germinal est le treizième roman de la série des Rougon-Macquart. Il a été écrit d'avril 1884 à janvier 1885. Il paraît d'abord en feuilleton entre novembre 1884 et février 1885 dans le Gil Blas. Il sort en librairie en mars 1885.
Fils de Gervaise Macquart et de son amant Auguste Lantier, le jeune Étienne Lantier s'est fait renvoyer de son travail pour avoir donné une gifle à son employeur. Chômeur, il part dans le Nord de la France à la recherche d’un nouvel emploi. Il se fait embaucher aux mines de Montsou et connaît des conditions de travail effroyables.
Il trouve à se loger dans une famille de mineurs, les Maheu, et tombe amoureux de l'une des filles, la jeune Catherine. Celle-ci est la maîtresse d'un ouvrier brutal, Chaval, et bien qu'elle ne soit pas insensible à Étienne, elle se refuse à passer d'amant en amant.
Lorsque la Compagnie des Mines, arguant de la crise économique, décrète une baisse de salaire, Lantier pousse les mineurs à la grève. Il parvient à vaincre leur résignation et à leur faire partager son rêve d'une société plus juste et plus égalitaire.
Lorsque la grève éclate, la Compagnie des Mines adopte une position très dure et refuse toute négociation. Affamés par des semaines de lutte, les mineurs durcissent leur mouvement. Les soldats rétablissent l'ordre, mais la grève continue. Lors d'un mouvement de rébellion, de nombreux mineurs défient les soldats, qui se mettent à tirer sur les manifestants : Maheu, l'ouvrier chez qui Étienne avait pris pension, est tué en premier par les soldats.
Les mineurs se résignent à reprendre le travail. C'est alors que Souvarine, un ouvrier anarchiste, sabote la mine. De nombreux mineurs meurent dans l'effondrement des galeries. Étienne, Catherine et Chaval, son amant, sont bloqués dans la mine. Chaval provoque Étienne, qui le tue. Il devient enfin l’amant de Catherine, qui meurt dans ses bras avant l'arrivée des sauveteurs. Étienne sort vivant de cet enfer.
Il repart pour vivre à Paris où il veut consacrer ses efforts à l'organisation syndicale et politique des ouvriers pour améliorer leur condition. Il est persuadé que les ouvriers vaincront l'injustice. Malgré leur retour au travail, les ouvriers sont, eux aussi, conscients de l'injustice de la situation et de leur victoire prochaine.
"On sort de la lecture de Germinal, comme le Dante sortait des cercles les plus pénibles de l'Enfer, la sueur au front, la pâleur de l'épouvante aux joues, le cœur étreint d'une débordante pitié, sans oser se retourner en arrière pour jeter un dernier regard à ce que l'on vient de voir. Mais il y a entre l'impression causée par la lecture du livre du splendide et farouche Florentin et celle du roman de Zola, toute la différence qui sépare l'implacable réalité de la fantaisie même géniale. Germinal est plus près de nous que l'Enfer; nous. sentons mieux les souffrances peintes par l'auteur des Rougon-Macquart que les tortures les plus monstrueuses combinées par le Dante. L'Italien est sublime, il a fait une œuvre immortelle et gigantesque ; mais les mineurs, nous les avons vus, nous les connaissons, et si l'envie nous en prend, nous pouvons descendre avec eux dans leur Enfer pour subir l'horreur et le frisson de leur existence, - ils sont plus près de nous.
Aussi monte-t-il de ce livre formidable, de ce morceau d'humanité souffrante, de ces abimes béants, un cri d'affreuse et pénétrante angoisse, la plainte lugubre de milliers d'êtres broyés par un travail de damnés, livrés par un sort inexorable à l'éternelle nuit, à l'éternelle servitude, à l'éternelle douleur sous ses formes les plus diverses. Cette œuvre, telle qu'elle est, est une des plus saisissantes, des plus puissances, qui soient sorties de la plume du. maître romancier. C'est aussi un des plus vigoureux et des plus justes cris de douleur qui aient retenti depuis longtemps en faveur des déshérités et des souffrants. Ce cri prend même, vers l'a fin, des allures menaçantes qui doivent faire réfléchir, faire penser au soulagement de plus en plus nécessaire des races opprimées. [...] A côté du roman magistral il y a l'œuvre de haute justice et de souveraine pitié qui ira réveiller les assoupissements égoïstes du bien-être dans lequel sont trop disposés à s'engourdir ceux qui ne manquent de rien, oubliant trop ceux qui manquent de tout." (Le Livre, 10 avril 1885).
Bel exemplaire broché, tel que paru, d'une émouvante simplicité.
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