mercredi 24 février 2021

Emile Zola. Fécondité. (1899). Edition originale. 1 des 250 exemplaires sur papier de Hollande. Bel exemplaire dans une jolie reliure parlante mosaïquée de l'époque (H. Capelle). " [...] tous les égouts de la grande ville roulaient des petits cadavres. [...].


ZOLA (Emile)

FÉCONDITÉ. LES QUATRE ÉVANGILES.

Paris, Librairie Charpentier et Fasquelle, 1899

2 volumes in-18 réimposés in-8 (23,5 x 15 cm) de (4)-345-(3) et (4)-405-(3) pages.

Reliure à la bradel de l'époque demi-maroquin caramel à larges coins, dos lisses mosaïqués (fleurs et éléments parlants : berceau (symbolisant la naissance), marteau (symbolisant la vie active et le travail) et cercueil (symbolisant la mort). Tête dorée, non rogné, couvertures et dos imprimés conservés. Quelques légers frottements et marques aux reliures qui sont en très bon état. A noter un manque de pièce de mosaïque (tête du marteau du premier volume). Reliures signées H. Capelle.

ÉDITION ORIGINALE.

CELUI-CI, UN DES 250 EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE.

Il a été tiré en outre 50 exemplaires sur papier du Japon.



Les Quatre Évangiles est le dernier cycle romanesque conçu par Émile Zola de 1898 à sa mort en 1902. Il est inachevé puisque seuls les trois premiers romans de la série, Fécondité, Travail et Vérité ont été publiés. Justice, le dernier projet du romancier, n'a été qu'ébauché.




Fécondité, le premier opus du nouveau cycle, est un roman dans lequel Zola expose ses thèses natalistes. Zola avait exposé ses thèses natalistes dans un article en 1896. Il y évoquait le projet d'un roman sur ce thème, provisoirement intitulé Le Déchet dans lequel il se proposait de s'élever contre la limitation volontaire des naissances qui provoquait selon lui « une tragédie morale et sociale ». La natalité était en effet à la veille de la Revanche, une problématique nationale. Le roman est basé sur une opposition stricte et rigoureuse entre le couple Froment et leur douze enfants, incarnant le bonheur, et ceux qui se limitent volontairement à une petite progéniture, voire ceux qui la refusent totalement. À ceux-là, la déchéance sociale et les malheurs de la vie. Il expose toute une série de problématiques liées à la dénatalité comme l'abandon des enfants et leur traitement par l'Assistance publique, la contraception, l'avortement, l'infanticide, qu'il met en scène dans des épisodes mélodramatiques. Le roman est publié en feuilleton dans L'Aurore de mai à octobre 1899, puis en volume le 12 octobre chez Fasquelle, en pleine tempête issue du nouvel épisode de l'affaire Dreyfus après la nouvelle condamnation du capitaine. C'est la valeur morale de l'œuvre qui est remarquée, plus que ses qualités littéraires, bien que fortement critiqué par la droite nationaliste. Le livre fut remarqué par Sigmund Freud, qui le rangea parmi les dix ouvrages les plus intéressants qu'il ait lus. (source : Wikipédia).

"Le dernier degré de l’horreur était franchi, il ne pouvait descendre plus bas. C’était bien l’enfer suprême de la maternité. Il se rappelait ce qu’il avait vu chez Mme Bourdieu, la maternité coupable et clandestine, les servantes séduites, les épouses adultères, les filles incestueuses venant accoucher en secret, sans nom, de tristes êtres ignorés qui tombaient à l’inconnu. Puis ici, chez la Bouche, c’était le crime hypocrite, le fœtus étouffé avant d’être, ne naissant que mort, ou par la violence expulsé, encore incomplet, expirant au premier souffle d’air. Puis, ailleurs, partout, c’était l’infanticide, le meurtre avoué, l’enfant né viable étranglé, coupé en morceaux parfois, plié dans un journal, oublié sous une porte. Le chiffre des mariages n’avait pas décru, la natalité avait baissé d’un quart, et tous les égouts de la grande ville roulaient des petits cadavres. Dans ces bas-fonds de la déchéance humaine, il sentait maintenant l’obscure infamie, le vent de tant de drames, de tant d’assassinats cachés, lui passer sur la face. Et l’épouvante, c’était que cette femme, cette basse et lâche assassine parlait haut, semblait convaincue de sa mission, lui disait des vérités qui le bouleversaient. La maternité ne tombait à cette folie meurtrière que par l’abomination sociale, la perversion de l’amour, l’iniquité des lois. On salissait le divin désir, la flamme immortelle de la vie, et il n’était plus que le rut qui engrosse au hasard les femelles qui passent. Le tressaillement des mères, au premier coup de l’enfant, devenait un frisson de terreur, la crainte de mettre au jour le fruit redouté d’un malentendu, le besoin de le détruire dans son germe, comme une herbe mauvaise dont on ne veut pas. Un cri d’égoïsme montait, plus d’enfant, rien qui vienne détruire les calculs d’argent ou d’ambition ! Mort à la vie de demain, pourvu que la jouissance d’aujourd’hui soit ! Toute la société agonisante le poussait, ce cri sacrilège, qui annonçait la fin prochaine de la nation." (extrait du chapitre V).



BEL EXEMPLAIRE DANS UNE JOLIE RELIURE PARLANTE MOSAIQUÉE DE L'ÉPOQUE.

Prix : 700 euros