lundi 8 février 2021

Pidansat de Mairobert. L'Espion anglois [L'Espion anglais] ou Correspondance secrète entre Milord All'eye et Milord All'ear. 1779-1784. 10 volumes in-12 brochés. Nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée.


[Mathieu-François PIDANSAT DE MAIROBERT]

L'Espion anglois, ou Correspondance secrète entre Milord All'eye et Milord All'ear. Nouvelle édition, revue, corrigée et considérablement augmentée.

A Londres, Chez John Adamson, 1779-1784

10 volumes in-12 brochés sous couverture de papier gris, étiquettes de titre manuscrites au dos, non rognés. Ensemble collationné complet comme suit : Tome 1 : VIII-417 pages. Tome 2 : (4)-376 pages. Tome 3 : (4)-422 pages et 2 tableaux dépliants. Tome 4 : (4)-408 pages. Tome 5 : (8)-318 pages et 1 grand tableau dépliant. Tome 6 : (4)-334 pages. Tome 7 : (4)-275 pages. Tome 8 : XII-393 pages. Tome 9 : (4)-362 pages. Tome 10 : (4)-346 pages. Bel ensemble, frais. Bon papier. Petits défauts aux brochages. Quelques rares et insignifiantes mouillures marginales et salissures.

Nouvelle édition.


Mathieu-François Pidansat de Mairobert est né en 1727 à Chaource et mort à Paris en 1779 à l'âge de 52 ans. Il est le fils de François Pierre Pidansat, bailli de la duché-pairie d’Aumont, commissaire lieutenant juge subdélégué de la municipalité de Paris. Élevé chez Marie Anne Doublet de Persan, dont il prétendait être le fils, il se trouve mêlé, de bonne heure, aux conversations et aux querelles du monde des lettres. Proche du « parti patriote », surveillé par la police, il est lié à Restif de la Bretonne. Il occupe une place de censeur royal et le titre de secrétaire du roi et des commandements du duc de Chartres. Il a édité les Mémoires secrets de 1771 à 1779, compilation de séries de nouvelles à la main. Il eut également part, jusqu’à sa mort, aux volumes des Mémoires secrets attribués traditionnellement à Bachaumont, dont il fut le secrétaire. Il est en 1779 compromis dans le procès du marquis de Brunoy, dont il se trouvait le créancier pour une somme considérable. Bien qu’en cette affaire, selon l’opinion générale, il ne soit que le prête-nom d’un plus haut personnage, le Parlement de Paris lui inflige un blâme public par arrêt du 27 mars 1779. Se croyant déshonoré, Mairobert va le soir même chez un baigneur où il s’ouvre dans le bain les veines avec un rasoir, puis achève de s’ôter la vie d’un coup de pistolet. Restif de la Bretonne l’a pleuré amèrement, et allait tous les ans, à l’anniversaire de son suicide, revoir sa maison pour commémorer la date (Mes Inscriptions à la date du 29 mars 1787 : « Le soir, été écrire le huitième anniversaire de Mairobert, rue Saint-Pierre, à sa porte. »). On lui doit plusieurs écrits relatifs à des événements politiques ou littéraires, notamment : Querelle de M.M. de Voltaire et de Maupertuis (1753) ; Correspondance secrète, et familière du chancelier de Maupeou avec Sorhouet (1771, in-12), pamphlet radical qui fut réimprimé sous le titre de Maupeouana (1773, 2 vol. in-12) ; Principes sur la Marine [archive], (manuscrit in-8°, 1775) ; Anecdotes sur la comtesse du Barry (Londres, 1775, in-124), une des meilleures ventes de la fin du XVIIIe siècle, attribuée à Théveneau de Morande ; L'Observateur anglais (Londres [Amsterdam], 1777-1778, 4 vol. in-12), plusieurs fois réimprimé sous le titre de l’Espion anglais. Lettres de Mme du Barry (Londres, 1779, in-12). Par ailleurs quelques travaux de compilation historiques réalisés pour Rétif de la Bretonne furent attribués à Pidansat de Mairobert (Le Pornographe, Les Gynographes, etc.), mais toutes les études à ce sujet ne sont pas d'accord entre elles. Paul Lacroix pense que Rétif de la Bretonne fut plus d'une fois le prête-nom de Pidansat de Mairobert. De son côté Rétif de la Bretonne devait se servir des pouvoirs de son ami Pidansat de Mairobert pour faire autoriser ses ouvrages.















Pidansat de Mairobert publia les 4 premiers volumes de l'Espion anglois entre 1777 et 1778. Les 6 derniers volumes publiés après sa mort seraient de lui également. Cet ouvrage rédigé par lettres commence avec une première lettre datée du 1er décembre 1774 pour s'achever par une lettre datée du 22 février 1778. Les volumes furent réédités comme en atteste notre série. L'adresse fantaisiste de John Adamson cache certainement une impression hollandaise (Amsterdam ?). L'Espion anglois entre dans la catégorie des livres à clef (Cf. Drujon).

"Cet ouvrage, bien que long, n'est jamais ennuyeux ; il est toujours substantiel et agréablement varié. Longtemps dédaigné, il est rentré en faveur près des bibliophiles qui le recherchent aujourd'hui. On y trouve maints renseignements curieux qui le rendent fort utile aux littérateurs et même aux historiens. Déjà cet ouvrage nous a servi à dresser la clef de divers écrits mentionnés à leur place dans cette étude ; il convient d'ajouter que ce recueil tout entier doit figurer parmi les livres à clef. En effet, il n'est point de volume, ou pour mieux dire de chapitre, qui ne présente des allusions à découvrir ou des pseudonymes à dévoiler. [...]" (Drujon).

Le tome II contient notamment la lettre XXIV : Sur la maison de Madame Gourdan (célèbre maison de passe de luxe) et l'Oraison de Madame Justine de Paris, grande prêtresse de Cythère, Paphos, par Madame Gourdan, etc. On citera de cet ouvrage fleuve et passionnant les chapitres suivants : La maladie singulière d'un curé. Une femme de condition arrétée chez la Gourdan. Dialogue au sujet des filles les plus célèbres de la capitale (actrices, courtisanes en titre, femmes du Palais-Royal, etc.). Eloge de Madame la Dauphine (Marie-Antoinette) Détails sur l'anecdote de Lyon. Vie et mort de Fréron. Les églises. Les théâtres. Sur un livre obscène intitulé la F... - Armements. Procès de Mirabeau. Séjour de Voltaire à Paris (piquants détails). Mort de Voltaire. Mort de Rousseau. · La confession d'une Lesbienne. Etc. 

Référence : Drujon, Les livres à clef : Etude de bibliographie critique et analytique ..., Volume 1, col. 327-329.

Très bon exemplaire, très agréable dans son brochage d'époque bien conservé.

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