samedi 11 avril 2020

Léon Bloy. Dans les Ténèbres (1918). Edition originale posthume. "C’est la plus banale des illusions de croire qu’on est réellement ce qu’on paraît être, et cette illusion universelle est corroborée, tout le long de la vie, par l’imposture tenace de tous nos sens. [...]"


Léon Bloy.

Dans les Ténèbres. Avec un portrait de l'auteur dessiné par sa femme.

Paris, Mercure de France, 1918 [imprimerie G. Roy, Poitiers].

1 volume in-18 (20 x 16,5 cm), broché de 272 pages. Portrait gravé à la pointe sèche en frontispice. Exemplaire non rogné, à toutes marges. Etui à dos de maroquin brun à grain long. Quelques petites marques à la couverture, sans gravité, dos intact (non fendu), intérieur frais. Etui légèrement frotté (papier).


Édition originale posthume.

Un des 75 exemplaires sur Hollande (après 11 Japon et 7 Chine).


Écrit entre juillet et octobre 1917, paru posthume en juillet 1918, Dans les ténèbres est, au sens fort, premier, du mot, une œuvre « terrible » : un chant où la terreur et la désolation s’offrent en basse continue; mais une terreur au loin qui, accrue d’une soumission sans faille aux divins décrets, se pare d’une sérénité sombre, témoigne d’une résignation hantée. Non l’ultime coup de griffe d’un vieux lion d’arène lassé de dilacérer la chair fade de ses ennemis, non le chant du cygne d’un zélote désenchanté ou d’un pieux croisé ayant nostalgiquement remisé son glaive au magasin des souvenirs, d’un vieux sonneur de tocsin aux paumes sciées par la corde, mais le vibrant testament d’un prophète, certes las de labourer le désert, mais qui sent venir, avide, l’ultime secousse. La lame qui va tout emporter, le tremblement dernier. Bloy nous offre là une fusion de tous ses cris, le faisceau de tous ses combats, l’entier creuset de toutes ses colères. (extrait de la Présentation de Dans les Ténèbres de l'édition Millon, 2014).


Voici le détail des chapitres : I. Le mépris II. Les apparences III. La volupté IV. L’attente V. La peur VI. Le cœur de l’abîme VII. Les aveugles VIII. Un sanglot dans la nuit IX. La douleur X. Le canon XI. Le miracle XII. Le dernier cri XIII. La putréfaction XIV. L’avènement inimaginable XV. La frontière XVI. Commémoration XVII. Le désastre intellectuel XVIII. Un solécisme XIX. L’inventaire des âmes XX. Les nouveaux riches XXI. L’aveugle-né.


"C’est la plus banale des illusions de croire qu’on est réellement ce qu’on paraît être, et cette illusion universelle est corroborée, tout le long de la vie, par l’imposture tenace de tous nos sens. Il ne faudra pas moins que la mort pour nous apprendre que nous nous sommes toujours trompés. En même temps que nous sera révélée notre identité si parfaitement inconnue de nous-mêmes, d’inconcevables abîmes se dévoileront à nos vrais yeux, abîmes en nous et hors de nous. Les hommes, les choses, les événements nous seront enfin divulgués et chacun pourra vérifier l’affirmation de ce mystique disant qu’à partir de la Chute, le genre humain tout entier s’est endormi profondément. Sommeil prodigieux des générations, naturellement accompagné de l’incohérence et de la déformation infinies de tous les songes. Nous sommes des dormants pleins des images à demi effacées de l’Éden perdu, des mendiants aveugles au seuil d’un palais sublime dont la porte est close. Non seulement nous ne parvenons pas à nous voir les uns les autres, mais il nous est impossible de distinguer, au son de sa voix, notre voisin le plus proche. [...]" (extrait).


Très bon exemplaire du tirage de luxe sur Hollande (75 ex.).

Prix : 295 euros