lundi 6 avril 2020

François-René de Chateaubriand. Réflexions politiques sur quelques écrits du jour et sur les intérêts de tous les français (1814). Restauration de la monarchie et appel au rassemblement autour de la personne de Louis XVIII et de la Charte. Édition originale. Bel exemplaire en condition d'époque.


François-René de Chateaubriand.

Réflexions politiques sur quelques écrits du jour et sur les intérêts de tous les français par M. de Chateaubriand.

Paris, Le Normant imprimeur-libraire, 1814

1 volume in-8 (19,5 x 12,5 cm) de (6)-145 pages.

Reliure strictement de l'époque demi-veau, dos lisse orné, plats de papier marron, coins de parchemin. Dos de la reliure uniformément noirci (teinté d'origine). Quelques frottements et marques à la reliure, sans aucune gravité, restée très fraîche. Intérieur très frais.


Édition originale.

Les Réflexions politiques de Chateaubriand paraissent en novembre 1814. Il avait fait paraître en avril de la même année un premier écrit intitulé De Buonaparte, des Bourbons, et de la nécessité de se rallier à nos princes légitimes pour le bonheur de la France et celui de l'Europe. Dans ce premier écrit Chateaubriand dénonçait surtout les méfaits odieux de l'usurpateur Bonaparte. Dans ce second écrit, il attaque violemment l'attitude des régicides devenus serviteurs de l'Empereur et qui désormais demandent à servir la monarchie. C'est l'occasion pour Chateaubriand de prendre la défense des émigrés et de parler des conditions de leur retour. Chateaubriand dénonce sans le citer le "Mémoire au Roi" de Carnot. Dans la seconde partie du volume, il donne tous les éléments de compréhension nécessaires à l'acceptation sans conditions de la Charte et au pouvoir donné à Louis XVIII pour rétablir une monarchie digne de la situation. Chateaubriand de conclure son essai politique : "La Convention nous a guéris pour jamais du penchant à la République ; Buonaparte nous a corrigés de l'amour pour le pouvoir absolu. Ces deux expériences nous apprennent qu'une monarchie limitée, telle que nous la devons au Roi, est le gouvernement qui convient le mieux à notre dignité comme à notre bonheur."

"Nous voulons une monarchie, ou nous n'en voulons point. Si nous la voulons, désirons nous qu'elle soit élective ? Dans ce cas, nous avons raison de trouver mauvais que le Roi ait daté sa charte de l'an dix-neuvième de son règne, et de s'appeler Louis XVIII. Mais si, connaissant les inconvénients de la monarchie élective, nous revenons à la monarchie héréditaire, incontestablement la meilleure de toutes, le Roi a dû dire : « Je règne, parce que mes ancêtres ont régné, je règne par les droits de ma naissance ; sauf à moi à convenir avec mes peuples d'une forme d'institutions qui régularise mon pouvoir, assure la liberté civile et politique, et soit agréable à tous. » Rien alors n'est plus conséquent que la conduite du Roi : nous ne sommes point une république , et il n'a pas dû reconnaître la souveraineté du peuple ; nous ne sommes point une monarchie élective, et il n'a pu revenir par voie d'élection. Si vous sortez de là, tout est confondu. Il semble toujours à certains esprits exaltés qu'un Roi anéantit la loi, ou que la loi va faire disparaître le Roi : Loi et Roi sont fort compatibles, ou plutôt c'est une et même chose, selon Cicéron et le bon sens." (extrait)

Dans cet ouvrage purement politique, Chateaubriand met à son service un art de la dialectique expert et sans faille qui pourrait faire dire au lecteur moderne que bien des choses très bien écrites pourraient laisser accroire à peu près tout et n'importe quoi quand on a la pensée claire et le style brillant. D'autres y verront peut-être l'art de lécher les bottes en vue de quelque grâce. Passionnant à lire dans tous les cas, et à la lumière de notre XXIe siècle débutant. (NDLR).

Bel exemplaire.

Prix : 495 euros