[Anonyme, par un Seigneur Romain, de la suite de son éminence le Cardinal Flavio Chigi, légat du pape - NANI, Giovanni Batista].
Relation de la conduite présente de la cour de France, adressée à un Cardinal à Rome, par un seigneur Romain, de la suite de son éminence Monseigneur le Cardinal Flavio Chigi, légat du saint siège vers le roy très-chrestien. Traduite d'italien en français.
A Leyde, chez Antoine du Val, M. DC. LXV. [1665] [Bruxelles, François Foppens, longtemps donnée aux Elzéviers]
1 volume in-12 (13,2 x 7,5 cm - Hauteur des marges : 129 mm) de 1 feuillet de titre et 106 pages.
Reliure plein maroquin rouge vif, dos lisse orné titré en long, jeu de filets dorés en encadrement des plats avec fleurettes dans les angles (imitation du décor à la Du Seuil), filet doré sur les coupes, double-filet doré en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier blanc, tranches dorées. Reliure signée KOEHLER (vers 1835). Reliure restée très fraîche. A noter un petit manque de la fleur du cuir sur une coupe qui a entraîné la perte d'une partie du filet doré (sans gravité). Intérieur parfaitement frais. Le caractère est net et le papier superbe.
Première édition elzévirienne rare de ce texte historique et politique qui relate l'actualité de la cour de France du jeune Louis XIV. Cette première édition a été faite sans l'accord de l'auteur qui dénonce dans une seconde impression parue la même année, les négligences très nombreuses qui s'y trouvent. Édition originale de ces deux lettres sur la politique française de l'époque. La première et plus longue lettre, « Relation de la conduite [...] », fut écrite le 11 août 1664 à Paris par un certain « L.T. ». La seconde, « Lettre d'un gentil-homme françois à un prélat romain [...] », fut rédigée le 25 novembre 1664 à Paris par l'ambassadeur vénitien en France, Giovanni Batista Nani. "Faux Elzévier imprimé en réalité par François Foppens à Bruxelles, connu pour ses imitations de publications elzéviriennes et qui recopie ici la forme et les bois (dont la Sphère) d'Elzévier. Selon Willems, notre édition est cependant bien l'originale, contrairement à celle de Daniel Elzévier parue la même année à la même enseigne mais en 95 pp. On sait que ce petit volume de "politique" fit partie des livres de contrebande saisis chez Guy et Charles Patin (Lire, Procès-verbal de saisie des livres de contrebande, sur les sieurs Guy et Charles Patain [sic], docteurs en médecine de la Faculté de Paris (sans lieu ni nom, ni date, in‑4 de 3 pages).
François Koehler fut élève de Thouvenin. A la fois relieur et doreur, il expose pour la première fois en 1834 et obtient la médaille d'argent. Ses reliures sont réputées pour la précision et le talent qu'il apporte à l'application des ornements désignés sous le nom de petits fers "les reliures de M. Koehler sont au rang des plus belles qu'on connaisse en Europe [...]" (extrait du compte rendu du concours de l'exposition de 1834). Ses reliure étaient très appréciées des grands bibliophiles de son temps, tels que Charles Nodier, Armand Cigongne, notamment. Son activité de relieur-doreur dura assez peu puisqu'il semble s'arrêter de pratiquer peu après l'exposition de 1849 lors de laquelle il obtient sa quatrième médaille d'argent. (Fléty, Dictionnaire des relieurs ayant exercé de 1800 à nos jours, p. 100).
Provenance : Armand Cigongne (1790-1859), ancien agent de change né à Nantes, avec son ex libris ovale imprimé or sur papier rouge (n°2.553 de sa bibliothèque cataloguée en 1861). La très-riche bibliothèque d'Armand Cigongne fut alors acquise en bloc par le duc d'Aumale pour la somme astronomique de 375.000 francs or. Armand Cigongne avait fait relier lui-même un nombre considérable de volumes (ce qui est le cas de notre volume). Nul bibliophile moderne n'avait montré autant de discernement dans le choix des exemplaires, autant de goût dans la décoration extérieure des livres. La réputation de sa bibliothèque était universelle. (Revue des Deux Mondes, 1912, p. 304). "Une fois entré en possession de cette remarquable bibliothèque, le duc d'Aumale soumit tous les volumes à un sévère examen ; les irréprochables furent admis sans conteste : d'autres remplacèrent des exemplaires moins beaux faisant déjà partie de sa collection ; d'autres enfin faisant double emploi furent définitivement rejetés (ce qui est le cas de notre exemplaire - Armand Cigongne possédait le même titre à la date de 1666 (n°2.554 du catalogue Armand Cigongne, 1861), volume qui lui est resté dans les collections du duc d'Aumale dans son Cabinet des livres au château de Chantilly). Ce furent ces doubles, et de la collection Cigongne, et de sa bibliothèque de Chantilly (alors exilée à Londres), qui formèrent la presque totalité de la vente faite par Téchener en 1864. (Archives de la Société des collectionneurs d'ex libris et de reliures artistiques, 1894, p. 166-167). Armand Cigongne avait dépensé 223.000 francs or pour acheter et faire relier ses livres. Les exemplaires provenant de la bibliothèque Armand Cigongne sont aujourd'hui très rares sur le marché. Seuls les exemplaires en double revendus dès 1861-1864 par le duc d'Aumale peuvent se retrouver en vente chez les libraires ou les salles de ventes publiques.
Références : Brunet, Manuel du libraire, V, 823 ; Willems, Les Elzévier, n°1362 ; Rahir, Bibliothèque de l'amateur, n° 3143 ; Absent de Barbier (Anonymes)
Très bel exemplaire provenant "de la plus belle bibliothèque de Paris" (Armand Cigongne et duc d'Aumale).
VENDU