Voltaire [reliure maroquin doublé plein or par Muller successeur de Thouvenin]
La Pucelle d'Orléans, Poème, divisé en vingt-un chants, avec les Notes de M. de Morza.
A Londres, 1775
1 volume in-8 (19,6 x 12,8 cm) de XV-(1)-447-(1) pages. 21 figures hors-texte à l'eau-forte dont plusieurs assez lestes.
Reliure plein maroquin à grain long bleu nuit, doublure de maroquin rouge . Dos à nerfs orné, encadrement de filets dorés avec fleurons dans les angles des plats, doublure dorée plein or d'une très riche composition d'entrelacs et points d'or, le tout dans un encadrement de maroquin bleu nuit orné d'une roulette et filets dorés, charnières de maroquin bleu nuit, gardes de papier marbré, tranches dorées. (Reliure signée MULLER successeur de THOUVENIN - 1834-1836 - très courte période de son activité). Très bel exemplaire. Quelques légères ombres à la reliure. Quelques légers frottements. Le travail de dorure sur la doublure est en tous points exceptionnel de rendu et de qualité d'exécution. Intérieur du volume frais. Rares rousseurs. Texte encadré d'un double-filet noir.
Nouvelle édition.
La Pucelle de Voltaire, poème héroï-comique, fit scandale à la cour de France et passa de 14 chants en 1752 à 21 en 1762. Cette édition contient la Préface de Dom Apuleius Risorius et le chant de La Capilotade, chaque chant étant suivi de variantes et de notes. Le chant XXIV des éditions en XXIV chants est donné en variante du chant XXI. Elle est joliment illustrée d'un frontispice allégorique et de 21 figures avec la lettre dont quelques-unes libres, non signées mais attribuées à Claude-Louis Desrais. Plaisante édition au texte encadré. La Pucelle de Voltaire fit longtemps partie des textes confinés dans l'Enfer de la Bibliothèque nationale.
Superbe exemplaire finement établi par Muller, successeur de Thouvenin. Muller n'a exercé sous son propre nom que durant les années 1834 à 1836. La finesse d'exécution de la présente reliure montre assez son art parfaitement maîtrisé de la reliure de luxe dans la première moitié du XIXe siècle.
"De 1730 à 1760, cette Pucelle fut, en effet, la compagne idéale du grand homme. Après un mémoire sur les forces motrices ou sur le feu, après quelques pages sur les croisades ou sur le saint Empire, c’était sa Jeanne que, fatigué, Voltaire évoquait, et avec laquelle il s’ébattait dans le silence des nuits. S’il fuyait de Berlin et courait les grandes routes sans trop savoir où prendre gîte, c’était Jeanne encore qui se trouvait à ses côtés et qui le consolait des infortunes du jour. A elle seule, peut-être devons-nous attribuer cette longue santé d’esprit que Voltaire conserva en dépit des plus rudes fatigues, et cette égalité d’âme qu’il retrouvait toujours à la suite des plus violentes secousses. Il ne se sépara d’elle que le jour où, réfugié en Suisse, il épousa la liberté. Aussi dirons-nous que si la Pucelle historique du moyen-âge a mérité des autels civiques pour avoir sauvé la France, c’est sottise que de jeter la pierre à la Pucelle poétique du dix-huitième siècle, qui maintint, pendant trente ans, claire et sereine la plus haute intelligence dont s’honore l’humanité de notre âge. Ce poème n’est donc pas la satire des mœurs et des héros du temps jadis : il n’a rien d’archéologique. Il nous montre, au contraire, la vie des cours, des rois et des prêtres de l’époque voltairienne. En lisant la Pucelle, les contemporains du poète ne songeaient qu’à Louis XV, à la Châteauroux, à la Pompadour, aux jansénistes, aux jésuites, etc. ; ils ne s’étonnaient pas de voir Charles VII rencontrer sur sa route les Fréron, les La Beaumelle et autres ennemis des philosophes, de même qu’en face de ces peintures vivantes, ils ne s’inquiétaient non plus si le poème avait un plan ou une fin ; car chaque page intéressait, et on le lisait par pages, comme Voltaire l’avait composé. Tout le monde du dix-huitième siècle s’en nourrit, y compris Marie-Antoinette, y compris Malesherbes, y compris nos pères de 89 et de 93, qui à table, au camp, à la tribune, dans les journaux, prenaient volontiers leurs traits dans la Pucelle." (Georges Avenel).
Référence : Fléty, Dictionnaires des relieurs français de 1800 à nos jours (1988), pp. 133-134 ; L'oeuvre de Voltaire à la B.N., 1918. ; Bengesco, 500 ; Pia, 1191 ; Cohen, 1031.
Superbe exemplaire parfaitement établi par Muller en plein maroquin doublé et doré plein or.
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