L'Ecole des Pères. Par N. E. Retif de la Bretone.
En France, et à Paris, chés la veuve Duchesne, Humblot, Le Jai et Dorez, Delalain, Esprit et Mérigot, 1776
3 tomes reliés en 2 volumes in-8 (20 x 13 cm) de (1)-480, (1)-192 et (1)-372 pages.
Reliure de l'époque plein veau fauve marbré, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, pièce de tomaison de maroquin vert, tranches rouges. Quelques restaurations aux reliures (sans reprise de dorure - une petite reprise de dorure serait bienvenue au dos du tome 2). Les reliures sont décoratives et solides. Intérieur frais. Page de titre du premier tome renforcée en marge au verso.
Première édition sous ce titre et la première qu'on puisse réellement trouver.
Exemplaire cartonné comme la plupart des exemplaires qu'on peut trouver de cet ouvrage malmené par la censure.
Voici les cartons présents dans cet exemplaire : Tome 1: pages 31 à 36 remplacées par un seul feuillet (B7), pages 41-42, 51-52, 54-55, 57-58, pp. 79 à 81 et cahier D remaniés, pages 82 à 86 remplacées par une seule page numérotée 82-86, pages 355 à 374 remplacées par un seul feuillet. Tome 2: pages 59-60, pages 121 à 128 remplacées par un seul feuillet. Tome 3: pages 1-2, pages 19 à 22, remplacées par un feuillet, tout comme pour les pages de 25 à 40 et de 305 à 308 (le feuillet original paginé 307/308 a été conservé alors qu'il aurait dû être supprimé).
Cet ouvrage existe sous le titre de "Le Nouvel-Emile" (il en existe deux ou trois exemplaires portant ce titre conservés à la Bibliothèque de l'Arsenal (Rives Childs, p. 240). La censure fut la cause des changements que le Nouvel-Emile a dû subir avant de paraître dans une forme encore abrégée sous le titre de l'Ecole des Pères. Restif nous explique que "mon Nouvel-Emile... a paru sous le titre de l'Ecole des pères" (Monsieur Nicolas, t. VII, p. 4151). Restif commençait son travail d'un nouvel ouvrage après avoir achevé, au commencement d'avril 1770, les deux premiers volumes des Idées singulières. Il faisait la connaissance à ce moment d'Elise Tulout (l'Elisabeth de la Malédiction paternelle). (Rives Childs)
Dans l'idée de Rétif de la Bretonne, cet ouvrage faisait partie intégrante des Idées singulières (Pornographe, Andrographe, Thesmographe, Gynographes) sous le faux-titre titre : L'Educographe.
On trouve dans cet ouvrage, comme presque toujours avec Rétif, un enchevêtrement de récits qui n'ont pas d'obligations les uns aux autres. Cependant très intéressant pour le récit qu'il fait des journées "paysannes" de sa région de la Bourgogne (Yonne). C'est aussi un traité d'éducation de l'homme-social (l'homme vivant en société).
"Mis à part, peut-être, La Philosophie de Monsieur Nicolas, aucun des ouvrages où Rétif expose ses idées ne se présente sous forme de pur traité : dans l'Ecole des pères (1776), c'est par le biais d'un "journal d'éducation", où viennent s'insérer entretiens, lettres et récits, qu'il livre ainsi ses théories pédagogiques (inspirées par la lecture de l'Emile de Rousseau) et aborde la plupart des domaines de la connaissance (des techniques de labourage à la structure de l'univers). Ce journal est tenu par le Comte de S*, qui y consigne pour sa fille Désirée les étapes de la découverte par son futur gendre, Roger, du milieu rural puis urbain." (Françoise Le Borgne).
Fils de paysans de l'Yonne, devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Polygraphe, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à tous les genres, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779) où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également touché au théâtre sans grand succès. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde. Cependant l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé -, mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. C'est aussi un philosophe réformateur pénétré de rousseauisme qui publie des projets de réforme sur la prostitution, le théâtre, la situation des femmes, les mœurs, et un auteur dramatique. (source Babelio).
Référence : J. Rives Childs, Bibliographie des ouvrages de Rétif de la Bretonne, p. 240 ; P. Lacroix, Rétif de la Bretonne, p. 136-143 ; Françoise Le Borgne, Récits et expériences dans L’École des pères de Rétif (Etudes Rétiviennes, N° 30, juin 1999, p. 89-100).
Provenance : Bibliothèque de Mr. Ducan (ex libris manuscrit XVIIIe s. au bas de chacun des trois titres). Ex libris S. Chalot (1829) manuscrit sur les trois faux-titre.
Bel exemplaire de cet ouvrage peu commun dans le tirage le plus rare.
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