samedi 9 février 2019

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Le Nouvel Abeilard ou Lettres de deux amants qui ne se sont jamais vus (1778). Edition originale ornée de 10 figures hors-texte. Bon exemplaire.


[Nicolas-Edme RÉTIF DE LA BRETONNE]

Le Nouvel Abeilard ou Lettres de deux amans qui ne se sont jamais vus.

A Neuchatel, et se trouve à Paris chez la Veuve Duchesne, 1778

4 volumes in-12 (17,3 x 11 cm), (4)-448-(8) ; (4)-464-(16) ; (4)-472-(8) et (4)-423-(1)-XXIV-(8) pages. 10 figures hors-texte à l'eau-forte.



Reliure fin XIXe siècle demi-basane rouge. Dos à faux-nerfs ornés. Tranches mouchetées. Reliure légèrement frottées. Intérieur très frais. La page de titre du tome second est en fac-similé ancien (datant de la reliure). Bien complet des 10 figures hors-texte (une figure avec anciennes écritures à l'encre au verso - encre traversante sur la gravure). Grattage sur la page de titre du tome premier (mot "Abeilard" légèrement atteint - voir photo).

Édition originale.


"Ce roman, que Rétif avait vendu assez avantageusement à la veuve Duchesne, est un de ceux qu'il a imprimés lui-même. "L'amour par lettres, ou le Nouvel Abeilard" dit-il dans Monsieur Nicolas (p. 2978), s'imprimait chez André Cailleau, frère de la dame veuve Duchesne ; pour accélérer la besogne et ne pas m'occuper d'autre chose, j'aidais à l'ouvrier, travaillant même les dimanches." C'est encore un joli pied et une jolie chaussure qui furent les inspirateurs du Nouvel Abeilard. Rétif avait commencé à écrire l'Amour par lettres, en se rappelant ses correspondances amoureuses avec de jeunes modistes qui ne le connaissaient pas et qui ne l'avaient jamais vu, mais sa première idée était aride, dit-il : "Je n'y trouvais rien d'onctueux ; il aurait fallu parler à ma muse. Une autre à laquelle je ne parlais pas davantage, mais qui m'inspirait des désirs infiniment plus vifs, me donna ce qui me manquait. Un jour, sortant de ma demeure, rue de Bièvre, je vis devant moi une fille charmante, par la taille, la jambe et le pied ; elle était chaussée à talons très-élevés, et marchait avec une noblesse provoquante." Suit le portrait physique de l'inconnue, qui devint la muse du romancier. C'était la fille d'une charcutière, Mlle Londo, que Rétif célèbre comme une nymphe qui n'avait pas d'égale (Monsieur Nicolas, P. 2974). Cependant il avoue que Victoire Londo ne fut pas la seule muse pour cet ouvrage, et qu'il en eut encore huit ou neuf autres. "L'idée de cet ouvrage, dit-il (Monsieur Nicolas, p. 4715), est une des plus heureuses qui me fût tombée dans la tête ... J'imaginai que les honnêtes parents qui voudraient conserver le coeur de leurs enfants précoces ou trop sensibles pourraient les assortir de bonne heure et leur permettre de s'écrire sans s'être vus autrement qu'en peinture." L'auteur du Pornographe se persuada qu'il avait composé un livre très-utile à la société, et il était très-fier d'avoir trouvé le moyen de conserver les mœurs des jeunes gens, sans les marier." (P. L. Jacob, Bibliophile, Bibliographie des ouvrages de Rétif de la Bretonne, n°2085).


Cet ouvrage porte la dédicace imprimée à Mme M.A.D.A.D.L.R.D.F, c'est-à-dire à Marie-Antoinette d'Autriche devenue Reine de France.  Les gravures, très fines, qui ornent ces volumes, non signées, sont sans doute de plusieurs artistes de l'entourage de Gravelot ou Marillier.



Ce roman dont le titre est imité de la Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau est composé de nombreuses histoires et contes imbriqués formant un touffu roman-essai à tiroirs qui donne divers modèles sur les différentes Conduites en ménage. On y trouve la Philosophie des maris, l'Amour enfantin, la Partie carrée, l'Amour muet, etc. Rétif était très-fier d'avoir trouvé le moyen de conserver les mœurs des jeunes gens, sans les marier, et de "faire faire l'amour à la jeunesse, dit-il, sans danger pour ses mœurs."



Dans ses Mémoires (1796), Rétif écrit : "Honnête lecteur ! j'ai, comme ces gens-là, connu des princesses, des duchesse, des marquises, dont une ou deux adorables, une comtesse charmante, une baronne délicieuse, des demoiselles jeunes, jolies, brillantes ... et pas une n'égalait ma fille Victoire Londo ! (la fille de la charcutière)."


Bon exemplaire.

Prix : 950 euros