vendredi 11 mai 2018

Madol (Madeleine Delvigne, baronne d'Ambricourt). Ces Dames du Régiment (1907). 1 des 5 exemplaires de tête sur Hollande. Auteure assassinée par son amant à peine trois ans plus tard. Bel et émouvant exemplaire.


MADOL (Madeleine Delvigne, baronne Olivier d'Ambricourt).

Ces Dames du Régiment.

Paris, P.-V. Stock, 1907

1 volume in-18 (19 x 13 cm) de (4)-288 pages.


Reliure de l'époque demi-toile lie de vin, pièce de titre en cuir caramel, fleuron doré au centre du dos, millésime doré en queue, relié sur brochure (non rogné), couvertures et dos du brochage conservés en parfait état. Le premier plat est illustré en couleurs par L. Vallet.

Édition originale.

Rarissime tirage de tête, 1 des 5 exemplaires sur Hollande, numéroté et paraphé à la plume par l'éditeur P. -V. Stock.


Exemplaire de dédicace offert par l'auteure à Monsieur Guido Diaz de Soria, ex-directeur du journal La Vie Parisienne (en 1905-1906). "Vous l'avez bien mérité ! Souvenir amical d'une collaboratrice de la Vie Parisienne restée très docile aux conseils de son directeur. signé Madol."

L'auteure fut assassinée trois ans plus tard en 1910 à l'âge de 33 ans.


Quelle histoire que celle de cette auteure ! La baronne Olivier d'Ambricourt, Madol de son nom de scène fut assassinée par son amant le capitaine Meynier. L'histoire est assez complexe à résumer mais elle défraya la chronique à l'époque d'à peu près tous les journaux (*).  L'amant éconduit l'étouffa et la chloroforma dans son appartement. L'assassin prit la fuite et ce ne fut que plusieurs mois plus tard qu'il fut enfin arrêté. Il avoua, fut condamné. Il se rétracta inventant une histoire à dormir debout et son pourvoi en cassation fut rejeté. La personnalité de la pseudo-baronne d'Ambricourt n'en ressorti pas lavée pour autant. Cette dernière a semble-t-il forcé le destin par diverses pirouettes sentimentalo-financières propres à une personnalité quelque peu débordante ... On lui doit outre ce roman de mœurs militaires un peu légères, le Journal d'un mannequin (elle était mannequin semble-t-il également). Dans ce roman Ces Dames du Régiment, on a plaisir à lire un style qui lui est propre, voire singulier. Une belle plume en somme.


Un critique de l'époque écrit à son sujet : "Madol est une femme et une femme d'esprit curieuse de ce qui se passe autour d'elle, et passée maître dans l'art de bien observer et de bien dépeindre, d'une plume alerte, dans un style dégagé, alerte et mordant, ce qu'elle a vu. Est-elle, elle-même, une de« ces dames du régiment » qu'elle fait vivre, évoluer, comploter, potiner, médire sous nos yeux et nos oreilles ? Peut-être à coup sûr elle les a beaucoup fréquentées. Il y a dans cevolume des types, des histoires qu'on n'invente pas. Ce livre est fort divertissant et si quelqu'une de ces dames s'y reconnaît, elle sera la première à sourire. Madol a assaisonné les anecdotes de tant d'esprit qu'on ne saurait lui en vouloir d'avoir, parfois, égratigné ses modèles." (Eug. R.(Journal des débats politiques et littéraires, mardi 30 juillet 1907).


(*) Autour du Drame de la rue de Rome. "Les dépêches nous ont apporté d'abondants détails sur le drame qui s'est déroulé à Paris, dans un hôtel meublé de la rue de Rome. Voici quelques mots biographiques sur la victime et sur son meurtrier présumé : La baronne Olivier d'Ambricourt demeurait, 34, rue Desbordes-Valmore, à Passy, avec sa fille Paulette, âgée de huit ans et Mme Olivier, sa belle-mère. Elle était connue dans le monde des arts et des lettres et collaborait à plusieurs publications. Fille de M. Delvigne, huissier à Nemours (Seine-et-Marne), née en 1877, elle avait épousé, voilà quelques dix ans, M. le baron Olivier, homme de lettres. Pour incompatibilité d'humeur, d'un commun accord, les deux époux avaient divorcé vers la fin de 1909. Mais la jeune femme divorcée voulut se faire une nouvelle vie, fonder un foyer. Peu après son divorce, elle fit la connaissance de M. de C..., venu du Brésil à Paris pour s'occuper d'affaires financières. Une idylle s'ébaucha bientôt entre M. de C... et la jolie divorcée. La baronne partit au Maroc en compagnie de M. de C.... qui devait l'épouser. Pour certaines raisons, le mariage fut rompu. La baronne en conçut un grand désespoir. Attristée de l'isolement dans lequel elle vivait, elle voulut à toute force prendre mari. Elle s'adressa, dit-on, à une agence matrimoniale, et c'est ainsi qu'elle fit la connaissance de celui qui devait la tuer. C'est sous le pseudonyme de "Madol" tiré de son prénom de Madeleine que la baronne d'Ambricourt fit, il y a quelques années, de timides essais de littérature : elle collabora irrégulièrement d'ailleurs, à divers périodiques, et publia même en 1907 un roman de mœurs militaires, qui eut un succès bien médiocre. C'est encore sous ce nom que ses intimes la désignaient ; habituée des maisons de thé du quartier de la Madeleine, elle était connue aussi dans de nombreux restaurants de nuit et établissements montmartrois ; fort coquette, adorant le flirt, elle avait toujours autour d'elle une foule d'adorateurs. Ces détails peuvent expliquer la folle jalousie du capitaine. On a saisi à son domicile deux télégrammes adressées le jour du drame à sa belle-mère et dans lesquels la baronne s'excusait de ne pas rentrer, étant partie pour Mantes avec des amis. Quant au capitaine Meynier, né le 1er mai 1874, à Saint-Menehould, il était sorti de Polytechnique et était en disponibilité depuis le 5 novembre 1908. Le 5 novembre 1904, alors qu'il était capitaine en second d'artillerie coloniale, il avait été mis en congé de trois ans pour infirmité temporaire contractée au Tonkin. En 1907, il avait repris son service au 3e régiment d'artillerie coloniale, à Toulon, mais au bout d'un an il avait dû abandonner la carrière. Il est âgé de 36 ans. Il est originaire, nous le disons plus haut, de Saint-Menehould, où réside encore sa famille. Marié, puis divorcé, il tomba dans une tristesse profonde, devint joueur, dissipa son patrimoine et s'adonna à l'absinthe. L'autorité militaire le mit en disponibilité. Depuis, il s'occupait d'affaires et ne fut pas toujours heureux dans ses spéculations. Voici son signalement, qui a été transmis, hier soir, dans toutes les directions : taille 1 m. 70, forte corpulence, cheveux châtains abondants, légèrement frisés, moustache peu fournie. Vêtu habituellement d'un complet veston gris et coiffé d'un chapeau melon." (Est-Républicain du 20 novembre 1910).


Madeleine Delvigne repose au cimetière de Nemours.

Nous laissons le soin aux plus curieux de se renseigner sur cette affaire de crime passionnel.


Émouvant exemplaire dédicacé du très rare tirage de tête.

Bel exemplaire dans sa condition d'époque.

Prix : 600 euros