vendredi 25 mai 2018

Jean Grave. La Société Mourante et l'Anarchie (1893). Edition originale. Exemplaire broché tel que paru. Bel exemplaire du "faux tirage à 10 exemplaires sur Hollande".


Jean Grave. Octave Mirbeau.

La Société Mourante et l'Anarchie. Préface par Octave Mirbeau.

Paris, Tresse et Stock, 1893

1 volume in-18 (18,8 x 12,1 cm), broché de X-298 pages. Couverture rouge imprimée en noir (très fraîches). Exemplaire en excellent état de conservation, miraculeusement resté quasi tel que paru. Le prix imprimé a été anciennement gratté au dos. Intérieur imprimé sur papier ordinaire uniformément légèrement bruni, papier non cassant. Exemplaire non rogné.

Édition originale.


Curieux tirage marqué à la presse comme étant 1 des 10 exemplaires sur Hollande, alors qu'il n'en n'est rien. Il s'agit bel et bien d'un exemplaire sur papier ordinaire mais qui porte le n°10 à la presse (numéroté à l'époque). Or le mystère sur cette numérotation s'épaissit encore lorsque nous avons sous les yeux trois autres exemplaires de ce même ouvrage portant tous le même numéro 10 ... tous imprimés sur papier ordinaire. S'agit-il d'une erreur d'impression à l'époque ? S'agit-il d'une supercherie ? (voir photos). L'exemplaire de la Bibliothèque nationale de France (numérisé sur Gallica) ne comporte pas cette numérotation (sans "Exemplaire N°") ce qui indique donc qu'il existe de ce livre un tirage sans numéro. Ce volume a été imprimé à Lagny chez Émile Colin.




Jean Grave ( naît en Auvergne, dans une famille pauvre qui quitte cette région en 1860 pour s'installer à Paris, où il commence à étudier à l'école des frères. Il publie en 1892, La société mourante et l'anarchie, vulgarisation des thèses de Kropotkine qui lui vaut par la suite, après le vote des lois scélérates, 2 ans de prison et 1 000 francs d'amendes pour provocation au pillage, au meurtre, au vol, à l'incendie, etc. Jean Grave fut un des pionniers de l'anarchisme en France. Il fut toujours intimement lié à la pensée de Kropotkine. Fondateur de la revue anarchiste Les Temps Nouveaux (900 numéros à compter de 1895), il se lie alors avec les grands libertaires de l'époque : Élisée Reclus, Girard, Pierrot, Octave Mirbeau, Félix Fénéon, Camille Pissarro, Maximilien Luce, Charles Angrand. Farouche antimilitariste, il lutte pour imposer le pacifisme à la veille de la Grande Guerre. Partisan d'une éducation des peuples à la révolte pragmatique, en révolte permanente contre les abus d'autorité, il est ennemi du courant anarchiste individualiste, illégaliste. Il avoue ne pas avoir ni le courage ni l'envie de poser des bombes et tuer des innocents, fussent-ils vermines bourgeoises. "On grogne, mais on subit. Et nos maîtres le savent. Que l'on s'habitue à moins grogner, à résister davantage, on ne tardera pas à en éprouver les bons effets." écrit-il dans L'Anarchie, son but, et ses moyens (1899). Lire Jean Grave encore aujourd'hui c'est entendre un long cri en faveur de la liberté de peuples et dont l'écho se propage à l'infini. Pourquoi à la lecture de ce livre a-t-on l'impression de lire le monde tel qu'il devrait être et non tel qu'il est ? 


« Il n’y a pas grand-chose à dire sur cet homme. Comme les peuples heureux, Jean Grave n’a pas d’histoire — pas même de sales histoires qui puissent permettre à la malignité de s’exercer. [...] De plus Jean Grave est très fermé. C’est l’homme le moins loquace de la Création. Il ne dit rien. Il ne veut rien dire sur lui. Il se cantonne dans un mutisme sauvage. [...] Quoi qu’il en soit, il faut le prendre tel qu’il est ; malhabile à la parole, brusque et entêté — d’aucuns disent un peu étroit — mais simple, sans grands besoins, sans vanité et travailleur infatigable. » (Victor Méric).


BEL EXEMPLAIRE TEL QUE PARU DU "FAUX TIRAGE A 10 EXEMPLAIRES SUR HOLLANDE".

VENDU