Emmanuel Swedenborg. Dom Pernety (traducteur).
Les Merveilles du Ciel et de l'Enfer, et des Terres planétaires et astrales, par Emmanuel de Swédemborg, d'après le témoignage de ses yeux et de ses oreilles. Nouvelle édition traduite du latin par A. J. P.
A Berlin, chez G. J. Decker, 1786
2 volumes in-8 (20 x 12,5 cm) de (3)-304 et (3)-382 pages.
Reliure de l'époque basane fauve marbrée à l'acide, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison de maroquin rouge, tranches marbrées bleues, doublures et gardes de papier marbré, filet doré sur les coupes. Excellent état de conservation des reliures, intérieur très frais. Infimes frottements.
Nouvelle édition (deuxième édition française).
Toute la théorie de Swedenborg repose sur le principe des correspondances entre le monde spirituel et le monde matériel. Le monde spirituel et monde naturel s'interpénètrent au point que toute frontière est fluide et incertaine. Le ciel et l'enfer ne sont pas des récompenses ou des punitions mais des états librement choisis : le ciel est un lieu de travail, d'altruisme, d'empathie, tandis que l'enfer est le règne de l'individualisme, de la haine, de la méfiance, de la poursuite du pouvoir. La personne haineuse et avide de pouvoir quitterait le ciel avec effroi pour retourner dans l'enfer, qui lui convient mieux. La conversation entre les anges et les esprits détermine les plus petits faits de notre vie. Swedenborg fait une grande place à l'amour, tant spirituel que physique. (Mario Poirier, « Le mystère Swedenborg : raison ou déraison ? », Santé mentale au Québec, vol. 28, no 1, 2003, p. 258-277).
Swedenborg fut condamné pour hérésie en 1769.
Le Traité du Ciel et de l'Enfer a été traduit pour la première fois en français par Pernety en 1782. Antoine-Joseph Pernety dit Dom Pernety, né le 23 février 1716 à Roanne (Loire) et mort le 16 octobre 1796 à Avignon (Vaucluse), était un bénédictin mauriste défroqué, alchimiste et écrivain. Il se rendit célèbre en fondant en Prusse les Illuminés de Berlin puis les Illuminés d'Avignon lors de son retour en France. Neveu de l'érudit lyonnais Jacques Pernetti, il entre comme lui dans les ordres. Il avait découvert l'hermétisme, en 1757, dans la bibliothèque de l'abbaye Saint-Germain-des-Prés. Extrêmement cultivé et érudit, en 1762-1763, il partit avec Bougainville aux îles Malouines en tant qu’aumônier et naturaliste. Revenu en France, il se défroqua et se rendit pour la première fois à Avignon où il entra dans la loge des Sectateurs de la Vérité. Pour fuir l'Inquisition du vice-légat d’Avignon, Grégoire Salviati, il dut s’exiler à Berlin auprès de Frédéric II de Prusse, qui le nomma conservateur de sa bibliothèque. Il put dès lors continuer ses recherches sur le Grand Œuvre et se lança dans l’étude de vieux grimoires pour découvrir le secret de la pierre philosophale. Il se passionna pour les doctrines mystiques du suédois Emanuel Swedenborg et il fonda, avec le comte polonais Grabienka, les Illuminés de Berlin. Son prosélytisme ne plut point au roi qui le renvoya. Château du Mont-Thabor, à Bédarrides. Accompagné du comte, il revint à Avignon et accepta, fin 1784, l'invitation du marquis de Vaucroze, riche propriétaire terrien à Bédarrides qui se dit prêt à les accueillir chez lui, dans une de ses propriétés qui devint dès lors le « Temple du Mont Thabor ». Hôtel de Gasqui, où décéda Pernety. Ces agapes fraternelles réunirent jusqu’à plus de cent personnes. L’irruption de la Révolution française dans les états pontificaux d’Avignon et du Comtat Venaissin, dispersa les Illuminés. Arrêté, Pernety fut rapidement relâché sur l’intervention personnelle du citoyen François Poultier, représentant en mission. Il trouva refuge chez l'avocat Vincent-Xavier Gasqui qui l’installa dans son hôtel de Gasqui, place des Trois-Pilats. Ce fut là qu’il décéda le 25 vendémiaire an V, soit le 16 octobre 1796. Ses Fables égyptiennes et grecques dévoilées sont un ouvrage sur les sciences magiques et la symbolique des anciens. Il concerne l'alchimie et les éléments de la matière, les hiéroglyphes, les mythes, les dieux et toutes les représentations symboliques des anciens, l'étude de la philosophie hermétique. (Jean-Paul Clébert, Guide de la Provence mystérieuse, Paris, Éditions Tchou, 1965).
Nous avons comparé les éditions de 1782 et 1786 données par le même libraire, de même format et à la pagination strictement identique. Seuls les ornements changent, la justification est quasiment identique en tous points. Seule la page de titre est changée ainsi que les caractères de pagination en haut de page. On peut supposer que la première édition de 1782 a été rapidement vendue et qu'un nouveau tirage en a alors été fait, sans rien changer au texte sauf les erreurs signalées dans l'errata de l'édition de 1782.
Références : Caillet, n° 10472 ; Dorbon, n° 4721 ; Guaita, n° 2139.
Très bel exemplaire en condition d'époque de ce célèbre ouvrage hermético-mystique.
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