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vendredi 30 mars 2018
Georges Brunet (marquis de Panat) - Marquise de Bertier (Château de Pinsaguel - Toulouse) - L'Horoscope (1905). Pièce de théâtre privée représentée au château. Exemplaire unique relié en maroquin pour la marquise de Bertier.
Georges Brunet (Marquis de Panat).
L'Horoscope. Comédie en un acte, en vers.
Toulouse, Editions de l'Âme Latine, 1905
1 volume in-8 (22,5 x 14 cm) de 71 pages et 1 feuillet de musique (partition et paroles).
Reliure de l'époque plein maroquin chocolat intense, dos lisse orné de filets dorés en long, encadrement de filets dorés sur les plats, filet doré sur les coupes, encadrement intérieur (10 mm) de maroquin souligné de filets dorés entrecroisés, tranches dorées, couvertures conservées (premier plat imprimé, second plat vierge). Reliure signée A. Jonquières (Toulouse). Très bel état de conservation de l'ensemble, proche du neuf. Légères ombres au maroquin. Intérieur très frais, imprimé sur papier vergé teinté.
Exemplaire unique ayant été offert par l'auteur à madame la marquise de Bertier, actrice principale de cette pièce dans le rôle de Mélissinde, avec un très beau poème autographe, tout à la gloire de celle-ci. Nous le reproduisons intégralement ci-dessous :
A Madame la Marquise de Bertier // Melissinde est rentrée au Palais bleu du Rêve. // Les Djinns de la forêt, les lutins de la grêve // Ont emporté leur Reine, à travers terre et ciel, // Vers les champs de lumière où trône Alaciel ! // Mais sa beauté suprême et son port de déesse, // Son génie et son Art, sa grâce enchanteresse, // Ses mille attraits divins, sont restés parmi nous, // Madame, // et ce sont eux que l'on adore en vous ! // [signé] Mis de Panat // G. Brunet //.
Cette pièce "privée" a été représentée au château de Pinsaguel, propriété des Bertier, le 14 juin 1905. Mme la marquise de Bertier y tient le rôle principal de Mélissinde ; sa fille Mademoiselle Jehanne de Bertier celui de Renée. M. Armand Praviel y tient le rôle de Zampiero. M. Joseph Paul, celui de Carlos. La scène est au pays d'Utopie. Costumes Louis XIII, ou quelque chose d'approchant (imprimé). La pièce est datée à la fin du 28 octobre 1901.
Au début du volume on trouve un feuillet imprimé de dédicace à Armand Praviel, témoignage d'estime, d'affection et de reconnaissance de l'auteur.
Le château de Pinsaguel se situe à une quinzaine de kilomètres sud du centre de la ville de Toulouse. Son origine remonte à la fin du XIVe siècle (famille Ysalguier). Il est acquis en 1494 par Simon Bertier, maître des eaux et forêts du Langudoc. Au XVIIe siècle Philippe de Bertier, président du parlement de Toulouse fut le maître des lieux. C’est durant le XVIIIe siècle que la famille de Bertier démantèlera et réorganisera la bâtisse initiale pour lui donner la figure néo-classique que nous lui connaissons encore aujourd’hui. Il est désormais propriété de la commune de Pinsaguel après avoir été longtemps laissé à l'abandon.
Ce petit livre est l'un des ultimes témoignages des fastes finaux d'une lignée en train de s'éteindre dans les souvenirs d'une très ancienne noblesse finissante. Cette pièce privée, jouée au château, pour la famille de Bertier et par la famille de Bertier, est un achèvement. L'exemplaire, offert par l'auteur, anobli d'un joli poème, relié luxueusement par ce qui devait être le meilleur relieur de Toulouse à l'époque ; est sans doute resté longtemps sur les rayonnages de la marquise de Bertier, dans son château, comme un trophée et un souvenir de plus de cinq siècles de domination du Gotha toulousain. Ici bas, tout fini ...
On pouvait lire dans la revue L'Art Méridional ce compte-rendu (publié le 1er juillet 1905) :
— Le 14 juin a eu lieu au château de Pinsaguel une superbe séance artistique. Plus de deux cents invités s’étaient rendus à l’invitation du marquis et de la marquise de Bertier. Dans la grande salle du château avait été élevé un grand théâtre des mieux machinés et des mieux conditionnés. Deux pièces figuraient au programme : Alain Chartier, du vicomte de Borelli, joué dans la perfection par la marquise de Bertier (Agnès Sorel), Mlle de Bertier (la Dauphine), et M. A. Praviel (Alain Chartier) ; la deuxième, une fine comédie inédite du marquis de Panat, L'Horoscope, dont le succès a été grand, joué par la marquise de Bertier (Mélissinde), Mlle de Bertier (Renée), M. Praviel (Zampiero), et M. Paul (Carlos). Le talent de tout premie r ordre des interprètes a soulevé à plusieurs reprises les applaudissements et les rappels de toute l’assistance. Entre les deux parties, MM. Théron de Montaugé et Rozès de Brousse, poètes de l’âme latine , sont montés sur la scène et ont récité chacun un poème fait pour la circonstance avec le talent et l’à-propos plein d’esprit qu’on leur connaît. On a beaucoup remarqué le décor de L'Horoscope, une forêt, très heureusement brossée par M. des Essars. Nous ne nommons personne de l’assistance ; il faudrait citer tout Toulouse mondain et artistique.
Quant à l'auteur de la pièce, Georges Brunet en littérature, marquis Samuel de Panat (1851-1915) à la ville, originaire de l'Isle Jourdain (Gers), on lui doit notamment un roman, Céline (1877), des Poésies (1902) et deux autres pièces de théâtre : Dans les Gardes-Françaises (1903), comédie, et Le serment de Pierrot, opérette (1905). La famille de Panat est de la plus vieille noblesse toulousaine. Armand Praviel ici acteur est l'homme qui fonda en 1897 à Toulouse la revue littéraire L'Âme Latine (il est l'éditeur de cette pièce).
Tirage probable à petit nombre voire très petit nombre pour la famille Bertier, l'auteur et leurs amis.
Émouvant exemplaire.
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