jeudi 8 mars 2018

Comte de Mirabeau. De la Monarchie prussienne sous Frédéric le Grand (1788). Edition originale au format in-4. Exemplaire offert par Mirabeau à son ami Nicolas Frochot (1790). Bel exemplaire non rogné.


Honoré-Gabriel Riquetti de MIRABEAU.

De la monarchie prussienne, sous Frédéric le Grand ; avec un appendice contenant des recherches sur la situation actuelle des principales contrées de l'Allemagne. Par le Comte de Mirabeau.

A Londres, 1788

4 forts volumes in-4 (27 x 21,5 cm) de (10)-XLIV-522, (3)-566-(4), (3)-710-(6) et (3)-560-(1) pages. Portrait de Frédéric le Grand en frontispice du premier volume (gravé par H. Marais en 1788 d'après A. Graf). Exemplaire bien complet des 59 tableaux dépliants (ou non) qui se trouvent à leur place intercalés dans les volumes (les feuillets de placement des tableaux sont présents en tête de chaque volume). Le tome III contient un planche symbolique hors-texte gravée par Ransonnette "Grand Ordre de Monsieur" (p. 489).


Cartonnage plein papier à la colle bleu à l'imitation des cartonnages de l'époque. Entièrement non rogné, cartonné sur brochure, pièces de titre imprimées sur papier (modernes), étuis cartonnés de papier à la colle (un fond d'étui fêlé, sans gravité). Ensemble en superbe état. Intérieurs généralement d'une très grande fraîcheur. Quelques cahiers légèrement teintés ou avec quelques rousseurs.

Sans l'atlas in-folio vendu séparément et contenant 10 cartes sur double page, dressées par Mentelle et gravées par Pierre François Tardieu, 93 planches de tactique non signées.


« Cette importante étude, fort bien documentée, sur la Prusse est le résultat d’une vaste enquête » ; « C’est une œuvre conçue par Mirabeau selon son plan, d’après sa conception de l’histoire économique et philosophique », il « fondait de grands espoirs sur cet ouvrage pour établir sa réputation d’écrivain et obtenir enfin un emploi digne de son talent, de son origine et de son ambition. » (H. Aureille, Bibliographie de Mirabeau.).

On y trouve d'intéressantes informations sur l'organisation militaire de la Prusse, sa législation, son administration et son économie, ainsi qu'un certain nombre de considérations sur la population. Les données statistiques sur les habitants de la Prusse s'y trouvent en grand nombre. On y trouve également de l'économie-politique, les productions agricoles et les richesses naturelles, les manufactures, le commerce, la constitution civile et politique, les revenus et dépenses, le système militaire (tactique) et la religion. Le premier volume s'ouvre sur une délicate et reconnaissante épître "à mon père" (Mirabeau père).


Mirabeau a été aidé pour cet ouvrage par Jakob Mauvillon (1743-1794), physiocrate allemand. On accusé Mirabeau de n'avoir rédigé que quelques passages et préambules de l'ouvrage, le gros du travail revenant à Mauvillon. La correspondance échangée entre Mirabeau et Mauvillon prouve le contraire. Mirabeau était non seulement à l'origine de cet important ouvrage mais encore le maître d'oeuvre et principal rédacteur (certaines études récentes présentent toutefois Mauvillon comme le nègre de Mirabeau pour cet ouvrage). Jean-Charles Laveaux (1747-1829), professeur de langue française à Bâle, puis professeur de littérature française à Stuttgart et à Berlin, à la demande de Frédéric le Grand, a participé à la documentation historique pour cette histoire de la monarchie prussienne.

Provenance : Exemplaire offert par Mirabeau à Nicolas Frochot (1761-1828). Attesté par un petit billet autographe (non signé) par Nicolas Frochot et daté de Paris le 4 avril 1790 présent en tête du premier volume. Frochot y remercie M. le comte de Mirabeau de l'envoi qu'il lui a fait de son ouvrage sur la monarchie prussienne. "Comme il a été bien entendu entre nous que je ne lui vendais pas le petit Cicero de amicitiâ, et que d'ailleurs j'aurais dans ce cas un retour considérable à lui donner. J'accepte ce cadeau non comme un prix d'échange du petit traité de l'Amitié mais comme un don que je m'honorerai toujours de tenirde celle de l'auteur. (en haut du billet il est écrit de la main même de Frochot : Copie de mon billet de remerciement à M. le comte de Mirabeau). Très émouvant billet quand on sait que Nicolas Frochot s'est lié d'une réelle amitié avec Mirabeau qui fit de lui son exécuteur testamentaire. Élu député des États généraux le 25 mars 1789, il est chargé de rédiger les cahiers de doléances du tiers état de sa province, avant de siéger à la Constituante (il se lie à Mirabeau à ce moment là). Il est l'auteur du titre VII de la Constitution, publié sous le titre De la souveraineté nationale dont l'exercice n'est pas constamment délégué. D'abord administrateur de la Côte-d'Or, il est emprisonné sous la Terreur. Libéré à la suite de la chute de Robespierre, il occupe divers postes administratifs avant d'être élu député de la Côte-d'Or en décembre 1799. Quelques mois plus tard, le 22 mars 1800 (1er germinal an VIII), nommé préfet de la Seine par Bonaparte, il démissionne de son mandat de député. Il devient ainsi le premier Préfet de la Seine et de Paris (Étienne Mejan lui est adjoint comme secrétaire général de la préfecture). Il propose de nombreuses réformes à caractère social (prisons, hôpitaux, Mont-de-piété et service des enfants abandonnés), qu'il ne parvient toutefois pas à mettre totalement en application. Il réalise les premiers embellissements et aménagements de voirie décidés par Napoléon, dont la numérotation des immeubles. Il fait percer de nouvelles rues, voies, ponts et marchés. Il fait acheter des terrains, hors des limites du Paris de l'époque, qu'il fait transformer en 4 cimetières : cimetière du Père-Lachaise, cimetière de Montmartre, cimetière du Montparnasse et cimetière de Passy. Il est mis en retraite en 1812, à la suite de la Conspiration de Malet. Il est nommé comte d'Empire. Conseiller d'État honoraire sous la première Restauration, il se rallie à Napoléon qui le nomme préfet des Bouches-du-Rhône durant les Cent-Jours. Il est destitué lors de la deuxième Restauration pour être remplacé par le comte de Vaublanc. Il se retire alors définitivement de la vie publique. (source : wikipédia). Nous pensons que Nicolas Frochot a été gratifié de cette exemplaire sous forme brochée, tel que paru. Un cartonnage a sans doute été donné ensuite à cet ouvrage par Frochot. Le présent cartonnage est à l'imitation du premier. Mirabeau meurt tout juste un an après la rédaction de ce billet de remerciement (2 avril 1791).

Bel exemplaire de cet important ouvrage, offert par Mirabeau à Nicolas Frochot, son ami et exécuteur testamentaire.

Prix : 3.000 euros