Charles SOREL / Martin VAN MAELE illustrateur
L'HISTOIRE COMIQUE DE FRANCION composée par Charles Sorel, réimprimée intégralement pour la première fois d'après l'édition originale de 1623 et décorée de 17 eaux-fortes et de 16 gravures par MARTIN VAN MAELE.
Se vend à Paris, chez Jean Fort, 1925
1 fort volume in-8 broché (23 x 14,5 cm) de VI-411 pages. 17 eaux-fortes hors-texte ici en triple état (51 épreuves dont épreuve non terminée avec remarque, épreuve terminée avec remarque et épreuve terminée, toutes en noir. 16 gravures (bois) servant de bandeaux et culs-de-lampe. Couverture rempliée illustrée d'une vignette imprimée en rouge sur le premier plat.
UN DES 61 EXEMPLAIRES SUR MADAGASCAR CONTENANT UNE SUITE DÉFINITIVE ET DEUX ETATS DES PLANCHES. (le tirage total étant de 1.203 exemplaires).
"Je n'ai point trouvé de remède plus aisé ni plus salutaire à l'ennui qui m'affligeait il y a quelque temps, que de m'amuser à décrire une histoire qui tînt davantage du folâtre que du sérieux, de manière qu'une mélancolique cause à produit un facétieux effet. Jamais je n'eusse fait voir cette pièce, sans le désir que j'ai de montrer aux hommes les vices auxquels ils se laissent insensiblement emporter. Néanmoins, j'ai peur que cela soit inutile ; car ils sont si stupides pour la plupart, qu'ils croiront que tout ceci est plutôt pour leur donner du passe-temps que pour corriger leurs mauvaises humeurs. Leur ânerie est si excessive que lorsqu'ils oient le conte de quelqu'un qui a été trompé, ou qui a fait quelque sotte action, ils s'en prennent à rire au lieu qu'ils en devraient pleurer (...)" (extrait de la Préface de 1623)
L’Histoire comique de Francion raconte les aventures de son personnage éponyme. La narration est assez complexe parce qu’elle mène plusieurs niveaux de récits. Le récit premier raconte les aventures amoureuses de Francion qui cherche d’abord à s’attirer les faveurs de Laurette, femme de Valentin et ancienne prostituée. Après les avoir obtenues lors d’une fête organisée par Raymond, il se lance à la recherche de la belle Naïs du portrait de laquelle il est tombé amoureux. Les versions de 1626 et 1633 s’achèvent par le mariage de Francion et Naïs. Mais à ce premier récit s’ajoutent des histoires racontées par des personnages du roman, notamment la maquerelle Agathe dont le récit occupe un livre entier, et surtout l’histoire de Francion racontée par lui-même à diverses occasions. Le début du roman est ainsi en grande partie occupé par ces récits et nous permet de découvrir une partie de l’histoire du père de Francion et le récit de la jeunesse de Francion.
On a beaucoup parlé du libertinage de L’Histoire comique de francion, notamment du fait des relations libertines de son auteur au moment de la publication de la version de 1623. Antoine Adam considère que le personnage de Francion est inspiré par Théophile de Viau. Il se caractérise en effet par une générosité qui serait la marque des esprits libertins et la « compagnie des braves » qu’il fonde serait une transcription romanesque du cercle libertin qui gravite autour de Théophile. L’itinéraire de Francion montre une volonté de s’affranchir des contraintes. Il développe une pensée personnelle. En matière de morale amoureuse, il défend ainsi des positions qui ne correspondent ni à la morale traditionnelle, qui refoule les plaisirs du corps, ni à l’épicurisme caricatural qu’on associera à l’image du libertin. La volonté de jouir sans entrave au non d’une supériorité absolue du plaisir est en effet incarnée dans l’œuvre par le personnage de Raymond. Francion, quant à lui, défend un plaisir plus mesuré qui répond à une définition plus authentique de l’épicurisme. De ce fait, l’évolution du personnage et de l’œuvre ne doit pas nécessairement être lue simplement comme l’effet des peurs de Sorel quant à la censure, mais également comme l’effet d’une véritable réflexion sur la morale et le plaisir.