vendredi 16 août 2024

PRAXAGORA. Par Maurice Donnay (1932). Adaptation de l'assemblée des femmes d'Aristophane. Illustrations de Kuhn-Régnier, gravées sur bois par Pierre Bouchet. Tirage unique à 130 exemplaires tous sur Japon nacré pour les "Centraux Bibliophiles". Exemplaire enrichi par l'auteur d'un fragment de dialogue en vers autographe sur le faux-titre. L'un des très beaux livres de cette période Art Déco illustré dans le style néo-classique. Bel exemplaire.


Maurice DONNAY | Kuhn-Régnier (Joseph), illustrateur

PRAXAGORA. Adaptation de l'assemblée des femmes d'Aristophane. Illustrations de Kuhn-Régnier, gravées sur bois par Pierre Bouchet.

Paris, Les Centraux Bibliophiles, 1932

1 volume grand in-4 (33,5 x 25,5 cm), en feuilles, de (4)-196 pages. Avec 64 compositions dans le texte gravées sur bois par Pierre Bouchet et tirées en couleurs d'après les gouaches de Joseph Kuhn-Régnier. Couverture plein papier Japon nacré à rabats (éditeur). Quelques petites rousseurs claires sur les bords extérieurs de la couverture. Parfait état de l'ensemble. Sans emboîtage.

Edition entièrement imprimée sur Japon double nacré fabriqué spécialement pour les "Centraux Bibliophiles" tirée à seulement 130 exemplaires numérotés à la presse.

Exemplaire comportant sur le faux-titre huit vers autographes signés à la fin par l'auteur Maurice Donnay (début de la réplique de Praxagora qu'on trouve page 128).








Praxagora avait paru non illustré l'année précédente (1931). Ce volume établi sous la direction de M. R. Boudeville, est le quatrième édité par 'Les Centraux Bibliophiles", il est composé en caractères Garamond, des fonderies Deberny et Peignot, et il a été entièrement exécuté dans les ateliers de Pierre Bouchet. Il a été achevé d'imprimer le 11 novembre 1932. A la même période, Kuhn-Régnier est en train de voir paraître son Hippocrate (le premier tome est achevé d'imprimer le 15 octobre 1932). Ce sont 64 compositions qui orneront ce monumental ouvrage dont le quatrième et dernier volume est achevé d'imprimer le 20 septembre 1934. La proximité du thème "grec" dans les deux ouvrages, Praxagora et Hippocrate, est évidente et dans les deux cas, l'illustration est une réussite totale. Praxagora est ainsi l'un des ouvrages de la période Art Déco illustré dans le style néo-classique propre à Kuhn-Régnier parmi les plus réussis de cette période. Son tirage très restreint pour une poignée de bibliophiles sociétaires est une réussite total. Le rendu des bois en couleurs imprimés sur beau papier Japon nacré épais est tout simplement exquis et délicat.

L'Assemblée des femmes (en grec ancien Ἐκκλησιάζουσαι / Ekklêsiázousai, littéralement « Celles qui siègent à l’assemblée ») est une comédie grecque antique d’Aristophane composée vers 392 av. J.-C. Les Athéniennes, à l'instigation de l'une des leurs, Praxagora, se rassemblent à l'aube sur l'agora pour prendre à la place des hommes les mesures qui s'imposent pour sauver la cité. Quand ceux-ci se réveillent le lendemain, ils découvrent avec stupéfaction les réformes que les femmes entendent adopter : mise en commun des biens, droit pour les femmes les plus laides et les plus âgées de choisir un compagnon. Le soir, un grand banquet fête l'établissement du nouvel ordre des choses, et la pièce s'achève dans une atmosphère véritablement dionysiaque.






La pièce de théâtre que donne ici Maurice Donnay a été jouée pour la première fois le 21 novembre 1930 sur le théâtre Edouard VII à Paris. Cette adaptation est remplie d'humour et de légèretés.

Maurice Donnay (1859-1945) fut un auteur dramatique et un poète ayant connu le succès populaire. Avec Alphonse Allais il composa d'abord des chansons pour le célèbre cabaret Le Chat Noir à Montmartre. En 1892, sa première pièce, Lysistrata, s'inspirait de la comédie éponyme d'Aristophane et fut créée par Réjane dans le rôle-titre. Ce fut le début d'une longue carrière d'auteur de boulevard, au cours de laquelle Donnay remporta souvent de grands succès avec des pièces comme Les Amants (1895), considérée comme sa meilleure pièce et que Jules Lemaître n'hésita pas à qualifier de Bérénice du théâtre moderne, La Douloureuse (1897) ou Le Torrent (1899). Il eut pour interprètes des acteurs célèbres comme Cécile Sorel, Réjane et Lucien Guitry. Les pièces de Maurice Donnay, par-delà leur légèreté, révèlent des idées progressistes en ce qui concerne les relations entre les deux sexes, et l'apparente insouciance avec laquelle les dialogues sont composés permet à l'auteur de rendre de manière convaincante le langage parlé.











L'auteur était aussi gai que ses comédies. « Une bouche lippue, faunesquement drôle, écrit Yvette Guilbert ; l'œil riant, pétillant de malice, les cheveux crépus à l'africain. Il avait du diable, l'esprit qui brûle et flambe. On ne le rencontrait jamais sans entendre une fusée d'esprit joyeux sortir de ses lèvres. C'était des pétarades de mots drôles plutôt que profonds ; il était gavroche, il était gamin, il était Boulevard, il était Montmartre, il était Paris ! Qu'il était charmant ! » « Donnay ingénu et charmant, écrit Jules Renard dans son Journal, il a toujours l'air de débuter. Il n'a pas l'arrogance du succès, ni même de l'insuccès. » Il fut élu à l’Académie française, le 14 février 1907.

En 1895 dans Chères Madames, Maurice Donnay faisait dire à l'un de ses personnages masculins : "C'est toujours la même chose ... en amour, vois-tu, il n'y a que la conquête et la rupture qui soient intéessantes, le reste n'est que du remplissage."

Né Walfrid Joseph Louis Kuhn le 10 décembre 1873 à Paris, Kuhn-Régnier devient l'élève de Fernand Cormon aux Beaux-arts de Paris. Il est de 1900 à 1938 dessinateur de réclames et caricaturiste dans des magazines tels que La Vie Parisienne, Fantasio, Lectures pour tous et Le Sourire. Il expose au Salon d'automne en 1904, une toile intitulée L'Indifférente. Puis il devient membre du Salon des humoristes. Il illustre un certain nombre d'ouvrages de bibliophilie, et devient, au début des années 1920, l'un des spécialistes de l'illustration d'ouvrages pédagogiques, s'exprimant dans un dessin au trait net et précis, entre autres pour Fernand Nathan.

Bel exemplaire tel que paru, avec un poème autographe, de ce superbe ouvrage délicieusement illustré et imprimé de mains de maître.

Prix : 1.450 euros