jeudi 15 août 2024

L'Odalisque, ouvrage traduit du turc, texte et illustrations gravés à l'eau-forte par Léon Courbouleix. Chez l'artiste, Léon Courbouleix, sans date (vers 1930-35). 1 volume grand in-4 (33 x 25,5 cm), en feuilles sous couverture illustrée, avec 10 eaux-fortes hors-texte en couleurs et 15 compositions dans le texte. Un des 30 exemplaires sur Arches avec suite en noir. Superbe illustré moderne curiosa érotisant. Parfait exemplaire.



VOLTAIRE [en réalité probablement ANDREA DE NERCIAT, ou ?]

L'Odalisque, ouvrage traduit du turc, texte et illustrations gravés à l'eau-forte par Léon Courbouleix.

[Chez l'artiste, Léon Courbouleix, sans date (vers 1930-35) imprimé sur ses presses à bras]

1 volume grand in-4 (33 x 25,5 cm), en feuilles sous couverture illustrée sur le premier plat d'une eau-forte tirée en noir (Portrait de Voltaire âgé), non paginé, conprenant 38 feuillets (76 pages) tous gravés dont 10 eaux-fortes hors-texte en couleurs et 15 compositions en noir dans le texte. Texte entièrement gravé tiré dans un encadrement or avec rehaut des lettres capitales en rouge. Couverture rempliée encore recouverte de son papier cristal d'origine. Parfait état. Sans emboîtage.

Tirage 350 exemplaires plus quelques exemplaires d'artiste pour l'illustrateur.

Celui-ci, un des 30 exemplaires sur Arches contenant une suite en noir des 10 eaux-fortes hors-texte.

Exemplaire numéroté et signé par l'artiste-graveur-imprimeur Léon Courbouleix.





Ce petit ouvrage licencieux n'a rien à voir avec la plume de Voltaire si l'on en croit les bibliographes. Ce texte serait l'oeuvre d'Andréa de Nerciat, comme l'indique Jules Gay dans sa bibliographie des ouvrages relatifs à l'amour, aux femmes, etc : "Nous supposons que ce petit roman pourrait bien être dû à Andréa de Nerciat, parce que dans une réimpression faite en Allemagne, il paraît que le titre est ainsi conçu : l'Odalisque, ouvrage érotiquen lubrique et comique, traduit du turc par un membre exteaordinaire de la joyeuse société phallo-coïro-pygo-glottonomique, à Stamboul, 1787". Selon Du Croisy, cité par Barbier, l'auteur de ce roman serait Pigeon de Sainte-Paterne, bibliothécaire de l'abbaye de Saint-Victor (cité par Gay). 

Le sujet du livre est l'histoire des amours d'un eunuque, nommé Zulphicara, avec une odalisque appelée Zéni, très jeune fille que l'on élève pour la couche du sultan.


















"Quelque fort et vigoureux que puisse être notre grand Monarque, lui disait Zesbet, souviens-toi, ma chère Zeni, qu’il ne peut te le mettre sans cesse. Il faut donc que ta conversation puisse faire un de ses amusemens quand il te permettra d’ouvrir la bouche devant lui. Il faut lui paraître agréable par ton geste et par ton maintien. Sur toutes choses il est absolument essentiel de ne point négliger ces attitudes heureuses qui n’ont point l’air affecté, et qui savent si bien faire bander l’imagination. La première fois que tu seras appelée au souverain bonheur, ne se peut passer sans te faire éprouver une douleur vive ; mais il faut la contraindre et la cacher le plus qu’il te sera possible. Le seul moyen de la diminuer, c’est d’aller au devant, et de pousser contre elle. Il faut ouvrir les jambes, et n’avoir pour objet que celui de coller ton estomach contre le ventre sacré de l’ami de Dieu, enfin pousser le cul de toutes tes forces contre le *** de sa Hautesse. Tous ces moyens sont les seuls non seulement pour abréger le temps de la douleur ; mais ce qui est encore mille fois plus recommandable, ils sont les seuls qui puissent ménager la peine et le travail de ton Sultan, et l’empêcher de se fatiguer. C’est-là le point le plus nécessaire pour conserver les jours les plus précieux à l’univers, et pour l’engager à te procurer dans la suite le plaisir pour lequel Dieu t’a créée. » Je t’ai souvent expliqué ce que c’est que de décharger, et tu m’as paru suffisamment instruite sur cet article. Quand donc tu verras que le roi des rois, que le plus beau de tous les hommes sera prêt de décharger (ce dont tu t’appercevras aisément par toutes les connaissances que je t’en ai données,) pour lors, quelque douleur que tu puisses sentir, c’est dans ce moment qu’il faut remuer en avant et de côté, tout autant qu’il te sera possible, afin de lui faire éprouver tous les plaisirs qui peuvent dépendre de toi et tous les délices dont on peut enivrer les sens. » N’oublie pas dans cet heureux moment de l’embrasser de tes deux jambes, et de le lier de tes beaux bras que tu feras couler sans cesse de ses épaules jusques aux fesses. » Quand sa Hautesse aura déchargé, c’est-à-dire qu’il n’aura plus aucun mouvement, et que ses yeux auront changé, pour lors il faudra demeurer immobile, tout au plus donner au soleil de ton ame de tendres et de doux baisers, mais légers, et le laisser sortir tout comme il lui plaira de ton *** délicieux. » Lorsqu’il sera retiré, tu prendras un des mouchoirs brodés par les bords, tels que je t’en ai fait voir, tu le trouveras sur le sopha à tes côtés, et tu t’en serviras pour essuyer son beau *** ; ce que tu ne saurais faire avec trop de légéreté, de soin et de délicatesse ; car rien n’est aussi sensible que le *** quand il a déchargé. Il le faut toucher avec moins de force encore, qu’une feuille de rose à laquelle il se trouverait un pli que tu voudrais effacer. Si pendant ce temps, il te regarde d’un œil tendre et satisfait ; si tu vois, dis-je, briller dans ses yeux une douce langueur, pour lors jette-toi à son col, embrasse-le tendrement, avec reconnoissance, mais sans aucun emportement. » Si pendant ce temps, au contraire, il te paraît occupé de quelque autre chose, garde-toi bien de le caresser ; c’est tout ce que les hommes aiment le moins, que les caresses quand ils ne les desirent point. » Après l’une ou l’autre de ces deux situations : tu remettras quelques-uns de tes habits, si tu as été obligée d’en ôter ; tu dois te souvenir qu’il faut quitter sans peine (mais toutefois sans prévenir) tout ce qui te couvrira, à mesure et tout autant que quelque chose contraindra le regard ou le toucher de ton divin Monarque. Enfin une Odalisque favorisée doit lire dans le cœur et dans les yeux, la plus faible des volontés. C’est à quoi doivent te servir les grandes leçons que je t’ai données sur la façon modifiée d’exprimer tes sentimens à proportion de ceux que tu remarqueras dans le Sultan. Je crois t’avoir suffisamment instruite sur cet article intéressant." (extrait)

Très belle édition illustrée donnée par l'artiste graveur-imprimeur Léon Courbouleix (1887-1972), imprimée sur les presses à bras de son atelier. Comme toutes les productions bibliophiliques sorties de l'atelier de Léon Courbouleix, ce volume est d'une grande qualité d'exécution technique, le texte entièrement calligraphié par l'artite, a été entièrement gravé dans des encadrements tirés en or, avec rehauts de lettres à l'aquarelle rouge, les eaux-fortes sont coloriées avec la plus habile précision et le rendu global est excellent.

C'est avec La Maison Tellier de Guy de Maupassant sorti du même atelier dans le même format quelques années plus tard, l'un des plus beaux livres de cet artiste.







Léon Courbouleix est bien connu des bibliophiles pour ses ouvrages imprimés à la presse à bras dans ses ateliers. Il a publié clandestinement plusieurs ouvrages illustrés ouvertement érotiques (Le Mariage de Suzon, Les vacances de Suzon, Lapsus Linguae). On lui doit un ensemble d'ouvrages en grand format et illustrés sur des textes classiques tels que La vieille courtisane, L'Odalisque, La Maison Tellier, Villon, Musset, etc. Ces ouvrages sont en tous points remarquables dans leur exécution. Il avait déjà illustré le milieu des prostituées dans Le Vieux Port de Marseille publié en 1927.

Très bel exemplaire de ce curiosa sensuel, tel que paru, avec la suite en noir réservée aux premiers exemplaires.

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