mercredi 15 novembre 2023

Discours de la Pénitence, traduit du grec en français sur l'original de Saint Basile le Grand (en réalité l'oeuvre de l'érudit libraire-imprimeur Frédéric Morel). Paris, par Frédéric Morel imprimeur ordinaire du Roi, 1587. Opuscule de la plus grande rareté.


[Anonyme, faussement attribué à S. Basile le Grand]

Discours de la Pénitence. Traduit du Grec en Français, sur l'original de S. Basile le Grand.

A Paris, par Frédéric Morel, imprimeur ordinaire du Roi M. D. LXXXVII. [1587]

1 plaquette in-8 de 24 pages y compris le titre.

Exemplaire dérelié, en feuilles, piqures d'anciennes coutures dans la marge intérieur. Parfaitement préservé. Les feuillets ne sont plus cousus et se désolidarisent.

Edition originale et unique édition de ce très rare opuscule.


L'imprimeur Frédéric Morel, dédie ce discours à la reine (la reine mère Catherine de Médicis qui mourra à peine deux ans plus tard le 5 janvier 1589). Morel se dit traducteur de la langue grecque de ce discours de Basile le Grand, or comme il est reconnu que ce discours n'est pas l'oeuvre de Basile de Césarée (329-379), il est très probable que ce texte ait été rédigé par Frédéric Morel lui-même. Il indique d'ailleurs en avoir publié d'autres du même auteur. Ce n'est d'ailleurs pas le seul texte de ce genre publié à la même époque par le célèbre imprimeur du roi féru de grec.

Fils aîné de l'imprimeur-libraire parisien Fédéric I Morel, Frédéric II Morel (né en 1552 et mort en 1630) succède à son père comme imprimeur du Roi en 1581, mais ne suit pas le roi à Tours pendant la Ligue. Il cède les "Grecs du Roi" à Étienne Prevosteau en 1587. En 1586, il épouse la fille de Léger Du Chesne, professeur d'éloquence au Collège royal, dont il obtient la chaire la même année. En 1602, il laisse la direction de l'imprimerie à son fils Fédéric III Morel et se consacre alors entièrement à sa chaire de grec et à ses travaux d'érudition. Ses propres textes ont été publiés par son officine ou par d'autres imprimeurs-libraires : Abel L'Angelier, Gabriel Buon, Lucas Breyer ou Jean Libert. Il a travaillé en association avec Sébastien Nivelle, Guillaume Bichon, Guillaume Chaudière, Rolin Thierry et avec les deux autres imprimeurs ordinaires du Roi.







Il a ainsi édité et le plus souvent imprimé Platon, Aristote, Basile le Grand, Jean Chrysostome, et bien d'autres auteurs touchant à la philosophie autant qu'à la religion.

Ce Discours de la Pénitence est de la plus grande rareté. Nous n'en n'avons trouvé que très peu d'exemplaires répertoriés dans les fonds publics. A vrai dire nous n'avons trouvé qu'un seul exemplaire au Catalogue Collectif des Bibliothèques de France, celui de la Bibliothèque Nationale de France sous la cote C-4596, où il est indiqué que cette homélie est faussement attribuée à Saint Basile.

Morel écrit à la Reine : "[...] son but en celui-cy est de rabattre et réprimer l'outrecuidance de quelques Hérétiques Novatiens, qui voulaient de tout abolir la Pénitence, comme chose inutile, et sans aucune efficace envers Dieu : duquel il montre la bonté et miséricorde infinie, et que le vrai moyen de se réconcilier à lui, et gagner la sainte grace est la repentance, haine du vice, amour de vertu, et un entier amendement de vie, qui sont les fleurs et les fruits d'une vraie Pénitence : laquelle est comme le printemps des âmes, qui fleurit après l'hiver des péchés est passé. [...].

Ce Discours rédigé par Morel prend appui sur les saintes écritures et notamment des passages de quelques évangiles mais également de l'ancien Testament. Il prend les exemples de la Pécheresse (Marie-Madeleine) et encore celui de Simon Pierre qui renia trois fois le Christ et qui pourtant sera la pierre de fondement de l'église, etc. L'auteur en vient ensuite aux vraies richesses de l'homme, de ses péchés, et de l'intérêt pour tous à faire pénitence.

Cette pièce est imprimée peu d'années après les sanglantes guerres entre protestants et catholiques. Le souvenir du massacre de la Saint-Barthélémy est encore dans tous les esprits depuis cette journée du 24 août 1572 quinze ans auparavant. 1587 est encore une année marquée par la violence entre factions catholiques et protestantes. Le 21 juin 1587, le duc de Joyeuse fait massacrer 800 huguenots à La Mothe-Saint-Héray (nord de l'Aquitaine), c'est le masacre de la Saint-Eloi. Le 20 octobre 1587 il y a défaite et mort de Joyeuse à la bataille de Coutras devant les protestants de Henri de Navarre et de Condé.

Il est intéressant de constater que cet opuscule est imprimé "Avec Privilège dudict Seigneur" (le roi Henri III). Le privilège a été obtenu par Morel pour un ensemble de pièces du même genre et le privilège se trouve imprimé dans l'une des autres pièces.

Très rare.

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