Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretonne]
La Vie de mon père. Par l'auteur du Paysan perverti. Troisième édition.
A Neufchatel, et se trouve à Paris, chés la Veuve Duchesne, 1788
2 parties en 1 volume in-12 (16,7 x 10,4 cm - Hauteur des marges : 163 mm) de (2)-232 et 222-(4) pages. 14 figures hors-texte + vignette-portrait en médaillon sur chaque page de titre.
Reliure de l'époque pleine basane marron d'Inde granité, dos lisse orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, doublures et gardes de papier marbré. Quelques restaurations à la reliure (extrémité de la coiffe supérieure, mors, quelques frottements et fissures sans gravité le long d'un mors. Intérieur frais. Cicatrices de mouillure ancienne en marge de quelques feuillets, sans aucune gravité.
Troisième édition.
Il n'existe pas à proprement parler de "seconde édition" de La vie de mon père. Il existe deux tirages de l'édition datée 1779 (le premier sorti des presses à la fin de l'année 1778 et le suivant, quasi identique, sorti quelques mois plus tard). En réalité cette "troisième édition" n'est véritablement que la seconde. Les gravures sont les mêmes que celles de la première édition (premier et deuxième tirage). On trouve, à la page 197 de la deuxième partie, pour la première fois, la curieuse notice généalogique sur sa famille. C'est une plaisanterie de Rétif faisant remonter ses origines familiales à l'empereur Pertinax. Rétif nous dit dans Mes inscripcions qu'il commença à travailler sur cette nouvelle édition le 21 juillet 1785.
La Vie de mon père a été composé en 1778 immédiatement après la mise en vente du Nouvel Abeilard, parut à la Saint-Martin [novembre], sous la date de 1779. C'est de ce petit ouvrage, qu'un homme en place a dit : "Je voudrais que le Ministère fit tirer cent mille de ces petites parties, pour les distribuer gratis à tous les chefs de villages." (Revue des ouvrages, p. CLXXXV.)
"Débarrassé du Nouvel Abeilard, en me rappelant ce que mon père avait souvent raconté devant moi, pendant mon enfance, de son séjour à Paris et de Miss Pombellins, il me vint une idée vive, lumineuse, digne du Payan-Paysane pervertis ! Je réfléchis sur tous les traits sortis de la bouche d'Edme Retif et je composais sa vie. Je ne revis pas ce petit ouvrage, je le livrai à l'impression, en achevant de l'écrire. Aussi, tout y est-il sans art, sans apprêt ; la mémoire y a tenu lieu d'imagination. A la seconde et à la troisième édition, je n'ai fait que corriger quelques fautes de style ou replacer quelques traits oubliés. Cette production eut un succès rapide, ce qui doit étonner ! Elle n'était fait ni pour les petits-maîtres, ni contre les femmes, ni pour dénigrer la philosophie : les bonnes gens seuls la pouvait acheter. Apparemment, ils donnèrent le ton pour la première fois. C'est dans la Vie de mon père que j'ose inviter les prêtres au mariage." (Monsieur Nicolas, tome X, p. 234).
"Cet ouvrage, le plus estimable des miens et celui dont le succès a été le plus général, me fut inspiré tout à coup, en finissant l'impression du Nouvel Abeilard, à laquelle j'avais travaillé sans relâche, je mis la main à la plume avec ardeur et je l'écrivis tout d'un trait, car je ne fus occupé d'autre chose, tant que l'impression dura." (Mes ouvrages, p. 149).
"Avec La Vie de mon père, Restif de la Bretonne s'est fait le nouveau Plutarque d'un simple paysan de la région de Tonnerre, un homme de bien dur à la tâche, juste dans ses jugements et ses actions et aux saines mœurs patriarcales. Jamais, dans la littérature française, la classe laborieuse n'avait encore été célébrée de manière aussi fervente. Car si Rétif de la Bretonne parfois enjolive et ne résiste pas à une certaine sentimentalité bien dans le goût de son temps, cette peinture d'une paysannerie française heureuse émeut par son authenticité et la finesse de ses détails. Mais La Vie de mon Père est un ouvrage profondément nostalgique. Le monde rural cher au souvenir de son auteur, c'est en effet un âge d'or qu'il oppose à la corruption des mœurs parisiennes et dont il fait mélancoliquement sentir qu'il est déjà révolu. Il y a chez lui quelque chose de la psychologie des Romains de la décadence qui regrettaient les vertus de la République, et là encore, Restif de la Bretonne était bien de cette génération prérévolutionnaire qui appelait à leur restauration." (Présentation, édition Garnier).
Référence : J. Rives Childs, Restif de la Bretonne. Témoignages et Jugements. Bibliographie. p. 250 ; P. Lacroix, Bibliographie de Restif de la Bretonne, p. 155.
Bel exemplaire en reliure de l'époque de cette édition rare.
Prix : 2.250 euros
Léon Courbouleix (illustrateur)
Le cantique des cantiques. Texte et illustrations gravés à l'eau-forte par Léon Courbouleix.
[imprimé par et chez Léon Courbouleix, s.d. (vers 1935 ?)
1 volume in-folio non paginé, en feuilles, composé de 38 feuillets dont 8 frontispices à l'eau-forte hors-texte (un pour chaque chant), 8 vignettes en tête de chaque chant (15 x 10 cm), 1 eau-forte tirée sur le premier plat de couverture, 40 bandeaux à l'eau-forte (15 x 3 cm), 8 lettrines décorées. Toutes les eaux-fortes sont tirées en sanguine. Le texte et les lettrines sont gravées à l'eau-forte également, calligraphiés par l'artiste, certaines rehaussées de rouge. Couverture rempliée encore protégée par son papier cristal d'origine. Etui et chemise cartonnée de l'éditeur-artiste (étiquette de titre avec petits manques).
Unique édition de ce célèbre texte spirituel et érotisant donnée par cet artiste-éditeur.
Tirage total à 310 exemplaires.
Celui-ci, un des 20 exemplaires de tête sur Japon impérial (Japon fort) contenant une suite en noir des 8 hors-texte (suite tirée en noir sur papier Japon blanc fin) et 2 dessins originaux (1 dessin hors-texte pleine page et 1 vignette de début de chant 15 x 10 cm). Exemplaire numéroté et signé par l'artiste.
L'artiste graveur Léon Courbouleix est bien connu des bibliophiles pour ses ouvrages imprimés à la presse à bras dans ses ateliers. Il a publié clandestinement plusieurs ouvrages illustrés plus qu'érotiques (Le Mariage de Suzon, Les vacances de Suzon). Le cantique des cantiques est en tous points remarquable.
L'histoire et l'interprétation de ce texte biblique est complexe et source de polémiques religieuses qui se poursuivent encore selon les confessions. Bien qu'inclus dans la Septante, le Cantique des Cantiques n'est retenu dans le canon juif qu'au ier siècle de l’ère chrétienne. La Mishna évoque les vives discussions au sujet de son intégration dans ce canon. Il a pu y trouver sa place à la suite de l'interprétation allégorique de Rabbi Akiva pour qui le Cantique des Cantiques est une déclaration symbolique de l'amour entre Dieu (YHWH) et son peuple, Israël : « le monde entier ne vaut pas le jour où le Cantique des cantiques a été donné à Israël, car tous les ketoubim sont chose sainte, mais le Cantique des cantiques est chose très sainte ». La tradition juive est donc en faveur d’une lecture allégorique du Cantique. Selon des exégètes juifs, le Cantique était un poème exprimant l’amour de l’Éternel pour Israël, qui « y découvraient une esquisse allégorique de l’histoire d’Israël depuis l’exode hors d'Égypte jusqu’à l’arrivé du Messie. C’est en raison de ces prétendues allusions à l’exode, que le Cantique est lu dans la synagogue au huitième jour de la fête du pain sans levain ». Il fait partie des Ketouvim (autres écrits) dans le Tanakh — la Bible hébraïque — et des Livres poétiques dans l'Ancien Testament — la première partie de la Bible chrétienne. On considère qu'il fait partie de la littérature sapientiale (de sagesse), ce qui est sans doute l'une des raisons pour laquelle on a voulu le relier au roi Salomon. Cependant, malgré la présence de certains archaïsmes dans le texte, la langue et le style sont assez tardifs et font penser à l'époque perse ou même hellénistique (IIIe s. av. J.-C.). Le Cantique des Cantiques revêt la forme d'une suite de poèmes, de chants d'amour alternés entre une femme et un homme (ou même où plusieurs couples s'expriment), qui prennent à témoin d'autres personnes et des éléments de la nature. C'est l'un des livres de la Bible les plus poétiques. Sa composition est attribuée à un compilateur du ive siècle av. J.-C. qui y aurait fondu différents poèmes. On a même avancé l'hypothèse que le Cantique des Cantiques ait pu avoir été rédigé par une femme, comme le pense par exemple l'exégète André La Cocque, étant donné la large place qui y est laissée aux personnages féminins et le fait qu'il y parle d'amour et jamais de mariage. On retrouve des parallèles à de nombreuses expressions du Cantique dans la littérature du Proche-Orient ancien, notamment dans les poèmes d'amour égyptiens. Le cadre géographique et social est suggéré par quelques noms propres (Jérusalem, Tirça, le Liban, Galaad (actuelle Jordanie)...), mais de telles références ne permettent pas de fixer avec certitude la date et le lieu de rédaction du Cantique des Cantiques.
Le livre a d'abord été rejeté à cause de son caractère profane dont témoignent les nombreuses images érotiques comme « tes seins sont comme deux faons, jumeaux d'une gazelle » ou « ta poitrine comme les raisins mûrs ». Les exégètes chrétiens se sont souvent montrés perplexes devant ce livre. L’humaniste Sébastien Castellion avait des doutes quant à l’inspiration divine du livre à cause de son caractère sensuel, ce qui lui attira les foudres de Jean Calvin. Néanmoins, il le conserva dans sa traduction de la Bible. André La Cocque ou Gianni Barbiero, avancent l'hypothèse d'une interprétation du Cantique comme un rêve : les termes employés y font beaucoup référence à un vocabulaire onirique : ce serait un rêve éveillé de la fiancée qui se remémore les moments passés avec son bien-aimé.
Léon Courbouleix interprète ici à merveille ce long poème sensuel.
Superbe livre d'artiste.
Très rare sur Japon avec dessins originaux et suite.
Prix : 1.150 euros
Alphonse de Beauchamp.
Vie de Jules César, suivie du Tableau de ses campagnes, avec des observations critiques, par Alph. de Beauchamp, chevalier de l'ordre royal de la légion d'honneur. Avec portrait.
A Paris, chez Ch. Villet, libraire, 1823 [de l'imprimerie de Richomme]
1 volume in-8 (20,6 x 13 cm) de XII-304-(1) pages. Portrait de Jules César en médaillon gravé sur acier (non signé).
Reliure strictement de l'époque demi-maroquin vert à grain long, plats de papier maroquiné vert coordonné, dos lisse richement orné aux petits fers dorés, large encadrement de roulettes dorées sur les plats, roulette dorée sur les coupes et en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches citron (reliure non signée mais d'excellente facture, dans le goût des reliures de Bozérian). Reliure très fraîche. Intérieur très frais. L'assemblage en demi-maroquin à grain long, est si bien fait, avec l'application de la dentelle dorée en encadrement sur les plats, que l'on croit aisément qu'il s'agit en réalité d'une reliure réalisée en maroquin plein. L'astuce est non seulement esthétique mais a été certainement mise en oeuvre de façon quasi parfaite à des fins d'économie de moyens.
Édition originale.
"La sécheresse de la vie de Jules César par Suétone faisait désirer qu'on nous donnât dans notre langue une vie de ce célèbre personnage, détachée, comme celle du biographe latin, de l'histoire générale romaine. L'ouvrage de M. de Beauchamp, si avantageusement connu, depuis plusieurs années, par un assez grand nombre de productions historiques, remplit parfaitement ce voeu, en ce qu'il a, comme il n'annonce dans sa préface, et comme il l'a très heureusement exécuté, enchaîné les fastes militaires avec les événements politiques. A ce mérite, l'ouvrage réunit celui d'une narration rapide et élégante." (Journal Général ou Indicateur Bibliographique pour l'année 1822).
Alphonse de Beauchamp (1767-1832) était fils d'un chevalier de Saint-Louis qui était major de la place de Monaco. Il entra au service du roi de Sardaigne, mais refusa de combattre la France, fut puni de son refus par la prison, et vint à Paris lorsqu'il eut recouvré sa liberté. Il occupa un emploi dans les bureaux du comité de sûreté générale et du ministère de la police. Il y prit les matériaux de son Histoire de la Vendée publiée en 1806, où l'intérêt des révélations est amoindri par leur origine suspecte. La troisième édition de ce livre fut saisie par ordre de Fouché, et Beauchamp dut éloigné de Paris jusqu'en 1811. On a de lui, outre une active collaboration à des journaux et recueils légitimistes, plusieurs autres ouvrages écrits en général à la hâte et qui s'en ressentent [...]." (G. Vapereau).
Cet ouvrage sur Jules César se trouve cité entre Histoire des Gaules de Serpette de Marincourt (1822) et l'Histoire des Gaulois d'Amédée Thierry (1828), das les références de l'ouvrage d'André Simon intitulé Vercingétorix et l'idéologie française (Paris, Imago, 1989). Il faudra attendre 1865 et la monumentale Histoire de Jules César donnée par Napoléon III pour avoir un imposant ouvrage de référence sur le plus célèbre des empereurs de l'Empire romain.
Le volume de Beauchamp donne en raccourci et avec justesse (en reprenant Suétone) la Vie de César mais également le résumé des différentes campagnes, guerres et guerres civiles. La bataille d'Alésia (septième campagne) est se trouve aux pages 234 à 254.
Références : Ruelle, Bibliographie Générale des Gaules, tome 1, n°421 (guerre des Gaules) et col. 869 du catalogue ; Journal Général de la littérature de France ou Indicateur Bibliographique pour l'année 1822 (p. 304) ; Quérard, La France littéraire, I, p. 235. Ce volume a paru dans la Bibliographie de la France n°47 du samedi 23 novembre 1822 (publié à 5 francs - il n'est pas fait mention de grands papiers).
Très bel exemplaire finement relié à l'époque.
VENDU
La Bourdonnais (Louis Charles Mahé de) et Méry (Joseph).
Le Palamède, revue mensuelle des échecs, par MM. de la Bourdonnais et Méry. Tome premier [second].
Paris, Au Bureau de la Revue, chez MM. Chatet et Causette, libraires [Paris, de l'imprimerie de Dezauche]
2 tomes reliés en 1 volume in-8 (23,7 x 15,3 cm) de 463 et 208 pages. Collationné complet pour les deux premières années présentes dans ce volume.
Reliure de l'époque demi-basane verte, dos orné à froid, filet dorés. Usures aux coiffes avec légers manques, un mors fendu dans la partie inférieure du plat supérieur, une épidermure le long du dos, éraflures, coins frottés. Reliure à restaurer qui reste néanmoins solide et décorative. Intérieur frais imprimé sur papier vélin fin. Quelques rousseurs mais très frais dans l'ensemble.
Première et deuxième année de cette célèbre revue échiquéenne.
Cette revue (tirée à petit nombre - on a compté au mieux environ 300 abonnés à cette revue) a connu une publication chaotique du fait du décès de son principal collaborateur et fondateur M. de La Bourdonnais (mort en décembre 1840 à Londres). En 1836, des passionnés du Café de la Régence, place du Théâtre-Français (actuellement place André-Malraux) à Paris, réunis autour de Charles de la Bourdonnaisn, décident de créer un magazine où vont être retranscrites, sur le papier, les beautés qu'ils voient sur l'échiquier. Le Français, reconnu comme le meilleur joueur du monde depuis sa victoire contre le Londonien Alexander McDonnell en 1834, a l'intuition du formidable essor que va connaître le jeu. En effet, une quinzaine d'années plus tard, le premier tournoi international a lieu à Londres, puis c'est la généralisation du contrôle du temps de réflexion avec les premières pendules d'échecs, enfin, en 1886, a lieu le premier championnat du monde entre Wilhelm Steinitz et Johannes Zukertort.
La mort prématurée de La Bourdonnais, en 1840, interrompt durant deux ans la parution du Palamède, avant qu'il soit relancé par Pierre Saint-Amant, son successeur dans la suprématie au Café de la Régence. Le magazine vivra encore cinq ans, approchant les 300 abonnés, avant de s'éteindre en 1847.
Ces deux premières années sont d'une insigne rareté.
Outre la retranscription de célèbres parties complètes disputées par les meilleurs joueurs de l'époque illustrées de nombreux diagrammes, on y trouve d'intéressants articles de quelques pages sur l'histoire du jeu d'échecs, les personnalités du monde des échecs (Philidor, etc). Par ailleur on trouve après la page 200 du premier tome une longue poésie échiquéenne par Méry intitulée "Une revanche de Waterloo", poème héroï-comique, en 19 pages, publiée à Paris, au Club des Panoramas, sous la date de 1836 et possédant sa propre page de titre.
Provenance : de la bibliothèque de l'orientaliste, secrétaire interprète pour les langues orientales, Pierre Amédée Jaubert (1779-1847), accompagnateur de Napoléon durant la campagne d'Egypte. Joueur d'échecs lui-même, comme l'était Napoléon Premier, il joua avec lui et lui servit d'interprète lorsque Napoléon joua avec différentes personnes étrangères. "En Egypte, Napoléon jouait aux échecs avec M. Poussielgue, ordonnateur de l'armée d'Orient, ou avec M. Amédée Jaubert. M, Poussielgue était d'une force supérieure, et il battait quelquefois le vainqueur des Pyramides." (Méry). "Pendant la campagne de Pologne, l'ambassadeur persan fut introduit devant l'empereur ; une partie d'échecs était engagée avec Berthier. Napoléon ne se dérangea point et donna audience; M. Amédée Jaubert servait d'interprète. Tout eu poussant ses pièces, l'empereur fit beaucoup de questions à l'ambassadeur sur la Perse, sur l'Orient, sur l'organisation militaire et civile de ces pays. Le Persan, habile diplomate, vantait la Perse et ne tarissait pas d'éloges emphatiques sur la cavalerie d'Ispahan. Napoléon l'interrompait quelquefois, mais l'ambassadeur revenait encore à la charge avec sa cavalerie persanne, qu'il mettait au-dessus de toutes les cavaleries de l'univers. L'empereur se détourna en sursaut de l'échiquier, et s'adressant à M. Amédée Jaubert : « Dites-lui que demain je lui montrerai un peu de cavalerie. » L'audience finit là. Tout en continuant sa partie, Napoléon donna des ordres pour rallier autour de son quartier-général les corps disséminés dans les cantonnements voisins. Il les avait sous la main, comme les cavaliers de son jeu, et le lendemain l'ambassadeur vit défiler quarante mille hommes à cheval, comme il n'en avait jamais vu à Ispahan, cavalerie puissante que Paris ne devait plus revoir : elle allait à Moscou !" (Méry). Ce texte extrait de "Napoléon joueur d'échecs" a paru dans Le Palamède de 1836 (première année de cette revue - que nous proposons). Avec son Ex libris Petri Amadei Jaubert [Pierre Amédée Jaubert] (cachet à l'encre rouge apposé sur le premier faux-titre).
Émouvant exemplaire ayant appartenu à celui qui joua aux échecs avec Napoléon Ier.
Prix : 1.950 euros
Görres (Johann-Joseph von). Charles Sainte-Foi (traducteur).
La Mystique Divine, Naturelle et Diabolique, par Görres, ouvrage traduit de l'allemand par M. Charles Sainte-Foi. Première partie (la mystique divine). Seconde partie (la mystique naturelle). Troisième partie (la mystique diabolique).
Paris, Mme Veuve Poussielgue-Rusand, 1854-1855
5 volumes in-8 (22,2 x 14,5 cm) de 425, 356, 457, 531 et 487 pages. Collationné complet.
Reliure strictement de l'époque demi-chagrin aubergine, plats de papier marbré, dos à nerfs ornés aux petits fers dorés. Reliure conservée à l'état proche du neuf. Intérieur à l'état proche du neuf également nonobstant quelques rousseurs éparses et taches brunes assez peu entêtantes. Beau papier vélin.
Première édition française.
L'édition originale allemande a paru sous le titre Die christliche Mystik, entre 1836 et 1842. Une seconde édition française paraît chez le même éditeur entre 1861 et 1862.
Les deux premiers volumes sont consacrés à la mystique divine (les illuminés, mystique du cloître, mortifications, pouvoir de faire des miracles, etc.). Le troisième volume est consacré à la mystique naturelle (magie naturelle, magnétisme, esprits frappeurs, manifestations de l'au-delà menant à l'autre monde tant angélique qu'infernal). Enfin, les deux derniers volumes traitent de la mystique diabolique (commerce avec les démons, magie diabolique, sabbat, sorcellerie, possessions, etc).
Le traducteur, Charles Sainte-Foi ou encore Sainte-Foy ou Sainte-Foix, de son vrai nom Eloi Jourdain (1805-1861), a donné de nombreux ouvrages de piété et des textes apologétiques. Il n'a jamais rien publié sous son véritable nom. A partir de 1831, Jourdain voyage en Bavière, en Autriche, en Prusse, en Pologne, en Angleterre et en Italie. Vivement intéressé par le mouvement catholique d'Outre-Rhin, il noue des relations avec Joseph von Goerres (Görres), notre auteur. De là cette monumentale traduction de la Mystique divine de Görres que certains n'hésitent pas à décrire comme les Mille et une nuits de la rêverie chrétienne (Emile Poulat).
"La Mystique de Görres constitue une somme fabuleuse d'anecdotes concernant les phénomènes mystiques, les possessions diaboliques et les pratiques de magie, de sorcellerie de l'Antiquité et du Moyen-Age. Ce livre révèle, avec une curiosité inlassable, ce que l'on pourrait appeler la face nocturne du christianisme. On y voit que Dieu et le diable, liés l'un à l'autre comme le jour et la nuit en une sorte d'unité bipolaire, ont nourri les désirs, les songes et les délires des peuples croyants et l'on se dit que si l'intérêt du lecteur moderne demeure fasciné par l'excès de la ténèbre dans l'excès même de la lumière, c'est que ces archétypes majeurs de l'imagination ne l'ont pas complètement déserté et que leur pouvoir créateur, dans l'art et dans la vie, reste là, disponible, comme une formidable puissance de réalisation." (Présentation, édition moderne Jérôme Million).
"Oeuvre d'un intérêt capital, dans laquelle l'illustre écrivain et philosophe allemand sonde avec une pénétration merveilleuse les mystères les plus profonds de l'ordre surnaturel ; c'est le travail le plus beau et le plus complet qui ait jamais été fait sur la question." (Caillet, 4629).
Cet ouvrage est toujours recherché et très difficile à trouver dans une aussi agréable condition d'époque.
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