lundi 3 septembre 2018

Pierre Kropotkine. Les Temps Nouveaux. Conférence faite à Londres (1894). Fragile document constitutif de l'idéal anarchiste à la fin du XIXe siècle.


Pierre Kropotkine

Les Temps Nouveaux. Conférence faite à Londres.

Au Bureau de "La Révolte", 1894

1 fascicule in-8 (19 x 13 cm environ), en feuilles (non cousu), 63 pages. La couverture manque. Le dernier feuillet est détaché. Mauvais papier, teinté, fragile. Rousseurs et salissures au feuillet de titre (voir photo).

Première édition (tirage annoncé à 8.000 exemplaires).

Document de premier ordre pour l'histoire du mouvement anarchiste par le prince de l'anarchie. Nous nous contenterons de donner ici quelques unes des dernières lignes de ce texte magistral :

"On s'est beaucoup apitoyé dans la presse sur les victimes des anarchistes : on a crié contre la violence. Eh bien, s'il y a un parti au monde qui ait le droit de protester contre la violence, ce n'est certainement pas un seul des partis politiques existants, qu'ils soient du gouvernement ou de l'opposition. Tous, ils sont pour la violence. Tous, ils la prêchent tous les jours. Ils la conseillent à mots couverts, si ce n'est en toutes lettres ; ils l'ont pratiquée et ils sont prêts à la recommencer ! Supprimer l'ennemi par la mort, frapper pour terroriser, - c'est leur devise, le plus saint article de foi de leurs religions ! Comment ose-t-on encore nous parler de la vie humaine rendue sacrée, lorsque dans l'intérêt des porteurs d'actions, on bombarde Alexandrie, on massacre à Bac-Lé, on fusille en Afrique, en Asie, en Europe et dans les deux Amériques ? De quel droit ose-t-on parler de respect pour la vie, lorsque pour gagner quelques sous on tue dans les mines, on massacre sur les chemins de fer, on fait couler à pic des navires avariés que l'on a assurés à grand prix, et lorsque pour augmenter le bénéfice des patrons on n'hésite pas de jeter sur le pavé des trois cent mille ouvriers à la fois, vouant leurs femmes et leurs enfants à la famine, à la mort ? La vie humaine ? Est-ce qu'elle compte pour quoi que ce soit dans les calculs des riches et des forts ? Tout, tout, la loi, le magistrat, le fusil à répétition, le canon de cent tonnes crient aujourd'hui à qui criera le plus fort : "Fi de la vie humaine, mépris suprême de la vie de l'homme !" Les hypocrites pleurent les victimes des anarchistes ; mais la profession de foi fondamentale, la religion de tous les autoritaires, révolutionnaires ou gouvernants - gouvernants surtout - n'est-elle pas de supprimer par la guillotine, par le garrot, par la potence, quiconque osera se mettre en travers de ce qu'ils considèrent, eux, comme salut public ou comme avantage de la société ! Il n'y a qu'un seul parti qui soit conséquent et qui cherche à supprimer la violence dans les relations entre hommes, en demandant l'abolition de la peine de mort, l'abolition de toutes les Bastilles, l'abolition du droit même d'un homme de punir un autre homme. C'est le parti anarchiste. [...]" (extrait).

Prix : 350 euros