jeudi 23 août 2018

Baron d'Holbach. Le Bon-Sens ou Idées Naturelles opposées aux Idées Surnaturelles (1774). Nouvelle édition. Bon exemplaire. Provenance : Huet de Froberville.


Paul-Henri Thiry, baron d’Holbach

Le Bon-Sens ou Idées Naturelles opposées aux Idées Surnaturelles.

A Londres, s.n., 1774

1 volume in-12 (19 x 11 cm) de (2)-XII-302 pages.

Reliure de l'époque plein veau fauve marbré, dos lisse orné, triple-filet doré en encadrement des plats, tranches rouges, doublures et gardes de papier marbré. Mors fendus, coiffes et coins usés, reliure néanmoins encore solide, cahiers parfaitement reliés et sans ressauts. Intérieur très frais. Le nom du Baron d'Holbach a été ajouté à l'époque à la plume sur la page de titre.

Nouvelle édition.


Ce célèbre ouvrage athéiste a paru pour la première fois en 1772. En 206 courts paragraphes il dévoile au lecteur toute un argumentaire anticlérical et matérialiste. L'ouvrage fut condamné au feu cette même année 1774 et mis à l'Index l'année suivante.


"Des voyageurs assurent que dans une contrée d'Asie règne un sultan rempli de fantaisies, et très-absolu dans ses volontés les plus bizarre. Par une étrange manie, ce prince passe son temps assis devant une table sur laquelle sont placés trois dés et un cornet. L'un des bouts de la table est couvert de monceaux d'or destinés à exciter la cupidité des courtisans et des peuples dont le sultan est entouré. Celui-ci connaissant le faible de ses sujets, leur tient à peu près ce langage : Esclaves ! je vous veux du bien. Ma bonté se propose de vous enrichir et de vous rendre tous heureux. Voyez-vous ces trésors ? eh bien ! ils sont à vous ; tâchez de les gagner ; que chacun à son tour prenne en main ce cornet et ces dés ; quiconque aura le bonheur d'amener rafle de six, sera maître. du trésor : mais je yous préviens que celui qui n'aura pas l'avantage d'amener le nombre requis, sera précipité pour toujours dans un cachot obscur, où ma justice exige qu'on le brûle à petit feu. Sur ce discours du monarque, les assistants consternés se regardent les uns les autres ; aucun ne veut s'exposer à courir une chance si dangereuse. Quoi, dit alors le sultan courroucé, personne ne se présente pour jouer ! oh ; ce n'est pas là mon compte. Ma gloire demande que l'on joue. Vous jouerez donc ; je le veux : obéissez sans répliquer. Il est bon d'observer que les dés du despote sont tellement préparés que sur cent mille coups, il n'en est qu'un qui porte : ainsi le monarque généreux a le plaisir de voir sa prison bien garnie et ses richesses rarement emportées. Mortels ! ce Sultan, c'est votre Dieu ; ses trésors sont le ciel ; son cachot, c'est l'enfer, et vous tenez les dés." (extrait).


Provenance : Claude Jean-Baptiste Huet de Froberville (1752-1838), avec son ex libris typographique. Il fut député du Loiret du 7 septembre 1791 au 20 septembre 1792 (Il était né à Romorantin et mort à Orléans). Il fut également secrétaire perpétuel de la Société royale de physique, d'histoire naturelle et des arts d'Orléans. On lui doit en 1788 un ouvrage intitulé Vues générales sur l'état de l'agriculture dans la Sologne et sur les moyens de l'améliorer. A sa mort l'ouvrage est passé dans la bibliothèque de sa fille Amélie qui fit graver à un très grand ex libris à sa mémoire (daté 1861). Voir photos.

Bon exemplaire de provenance intéressante de ce texte important pour l'histoire de la philosophie matérialiste et véritable catéchisme de l'athéiste au XVIIIe siècle.

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