WOODWARD (John). NOGUEZ, médecin (traducteur), R. P. NICERON (traducteur).
Géographie physique ou Essay sur l'Histoire naturelle de la Terre. Traduit de l'anglais de Monsieur Wodward (i.e. Woodward), par M. Noguez, docteur en Médecine. Avec la réponse aux Observations de M. le Docteur Camerarius ; plusieurs lettres écrites sur la même matière ; et la distribution méthodique des fossiles, traduits de l'anglais, du même M. Wodward, par le R. P. Nicéron, Barnabite.
A Amsterdam, aux dépens de la Compagnie, 1735
1 volume in-8 (21,3 x 13,5 cm) de XI-(5)-496 pages. Planche dépliante représentant la coupe de la Terre dans son diamètre, idée du Système de M. Wodward (sic) sur la structure présente de l'intérieur de la Terre.
Reliure postérieure demi-papier marron, dos avec filets dorés en guise de faux-nerfs, étiquette de titre en cuir noir, plats de papier marbrés, tranches mouchetées (reliure exécutée vers 1820-1830). Dos de la reliure bien préservé, malgré un retour sur les plats du papier marron mité (sans gravité pour la solidité), coins intacts, intérieur frais malgré des rousseurs éparses.
L'une des deux éditions publiées en français cette même année 1735.
Elle a paru en même temps qu'une autre édition française donnée par le libraire Briasson. On trouve à la fin de notre volume une Approbation datée de Paris du 6 novembre 1734 (ce qui laisserait supposer que notre édition a été copiée sur celle de Paris chez Briasson)
La première édition anglaise a paru en 1695 sous le titre : An Essay Toward a Natural History of the Earth: and Terrestrial Bodies, especially Minerals, first edition initial imprimatur (8vo, for Ric. Wilkin, 1695).
Woodward believed that the Earth had originally been submerged under a universal deluge suspending stones, minerals and animals, which then subsided into a stratigraphic succession dependent on the gravity of the individual components. His work, despite its flaws, helped to create a wider interest in fossils and earth sciences.
La Réponse aux Observations du docteur Camerarius concernant l'Essai sur l'Histoire naturelle de la Terre occupe les pages 213 à 496 (pp. 213 à 308 pour une longue Préface et pp. 309 à 392 pour la Réponse aux Observations ; pp. 393 à 430 pour les Fossiles (distribution méthodique) et pp. 431 à 477 (dont lettre à Monsieur Newton), le volume se termine par diverses Instructions.
" [...] Les intentions avouées par J. Woodward dans la Préface de ces deux ouvrages, ne laissent pas de surprendre par leur ambition et par leur souci de rigueur scientifique. Son but, dit-il, est de décrire aussi fidèlement que possible tous les organismes fossiles - plantes, insectes, coquillages terrestres ou marins - qu'il a trouvés en prospectant les grottes, mines et carrières de son pays, ainsi que les lieux où ils ont été découverts. Mais c'est aussi d'expliquer comment ces organismes marins ont fini par se trouver enfouis dans les entrailles de la terre. A partir d'observations qu'il veut scientifiquement rigoureuses, J. Woodward se propose donc d'ériger pour le bien de l'humanité un système philosophique traitant de la création du monde et de la formation des minéraux et des espèces animales. L'ampleur du projet n'a pas manqué de poser à J. Woodward d'importants problèmes méthodologiques qu'il a résolus avec plus ou moins de bonheur. Il apparaît notamment que l'intérêt de J. Woodward pour la minéralogie supplante souvent son intérêt pour la paléontologie et infléchit de ce fait la nature de son observation des fossiles ; mais surtout, J. Woodward reste prisonnier d'un a priori biblico-métaphysique : l'interprétation littérale du Déluge mosaïque. Cette subordination de la recherche scientifique à un postulat contraignant l'empêche, semble-t-il, de tirer le meilleur parti possible de ses intuitions et est à l'origine d'une certaine confusion : les catégories du discours se superposent, s'entremêlent, l'observation scientifique devient prétexte à des digressions morales ou théologiques et, à l'intérieur de chaque ouvrage, la progression des thèmes traités manque parfois de rigueur, voire de cohérence. [...] La connotation religieuse et morale du discours se remarque également dans l'analyse des finalités du Déluge qui, déclare- t-il, a été voulu par Dieu pour châtier les hommes mais aussi pour détruire le monde et retrouver l'état d'innocence qui y régnait au moment de la Création. De nouveau, l'énumeration des péchés des hommes est prétexte à de longues digressions morales ; après que le péché fut apparu sur la terre, l'équilibre du monde en fut bouleversé : alors se répandirent la sottise, la malveillance, la convoitise, et tous les défauts dont l'homme est capable. [...] l'intérêt de J. Woodward pour la science est constamment subordonné à sa croyance en un événement fondamental - le Déluge -, tel qu'il est décrit dans la Bible. [...] Le mérite de J. Woodward est donc d'avoir rompu définitivement avec le merveilleux, d'avoir promu l'intérêt pour les études paléontologiques grâce à une description rigoureuse des espèces du passé, et d'avoir assuré la transition entre les théories médiévales et la paléontologie moderne. [...]" (in Denizot Paul. John Woodward et la paléontologie : du merveilleux à la géologie stratigraphique. In : XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°14, 1982. pp. 107-118).
Bel exemplaire de ce livre charnière dans l'histoire des sciences de la terre (minéralogie et paléontologie).
Prix : 950 euros