COLLECTIF (Sallé, Charles Collé, Fagan, Piron, Moncrif)
Théâtre des boulevards ou recueil de parades.
A Mahon, de l'imprimerie de Gilles Langlois, 1756
3 volumes in-12 (16,7 x 10 cm) de XIII-308, (2)-XIII-308, (2)-II-(2)-336 pages. Frontispice gravé au tome I.
Reliure de la seconde moitié du XIXe siècle plein maroquin rouge signée SMEERS. Tranches dorées. Millésime doré en queue des dos, double-filet doré sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, fer doré losangé poussé au centre des plats. Quelques légères marques aux reliures. Exemplaire d'une grande fraîcheur. Quelques rousseurs. L'exemplaire n'a pas été lavé.
Edition originale et unique édition.
Il est amusant de voir aujourd'hui comment l'on commentait alors ces parades en se pinçant le nez ; c'est notamment l'avis donné par Grimm dans sa Correspondance. Grimm écrit : "On a imprimé trois volumes de parades, dont la plupart sont depuis longtemps très-connues à Paris. La Lettre de M. Gilles, le Doigt mouillé, Léandre hongre, l'Amant cauchemar, l'Amant poussif, Isabelle grosse par vertu, Léandre grosse, le Bonhomme Cassandre aux Indes, sont de M. Collé ; le Remède à la mode est de M. Sallé. Ce mauvais goût est également opposé au bon sens, au bon comique, aux mœurs et à la décence." (Grimm, Correspondance, 15 septembre 1756).
"En 1756 parut, avec succès, ce recueil de parades en trois volumes, le théâtre des boulevards. La plupart sont de Sollé, une est de Fagan, une autre de Moncrif, une troisième de Piron. Elles sont assez médiocres. C'est un ramassis de malpropretés, d'obscénités, de balourdises, d'extravagances démesurées, de mauvais compliments jetés à la face des gens, de calembours et de noms propres scatologiques, avec des coquilles, des liaisons et du zézaiement dans la prononciation. Trois ou qautre d'entre elles sont de Charles Collé, l'Amant poussif, la Mère rivale, Léandre grosse, Léandre hongre."
"Appréciées par l'élite parisienne tout au long du siècle, ces petites pièces servaient de divertissements mondains, et elles étaient jouées soit l'après-midi, soit en fin de soirée, devant un public choisi, plus ou moins nombreux selon les occasions. La mode de ces spectacles était telle qu'un entrepreneur véreux chercha à s'emparer de manuscrits de parades destinés à rester secrets et c'est, en somme, grâce à sa filouterie, qu'aujourd'hui encore on peut lire un recueil imprimé de parades du XVIIIe siècle. Une des principales caractéristiques de ces pièces tient dans le fait qu'elles s'inspirent des parades jouées sur les balcons des théâtres forains, petits spectacles d'annonce destinés à attire l'attention des passants. Les intrigues étaient particulièrement simples à suivre [...]"
La pièce intitulée "Le Marchand merde" est tirée de Merlin Cocaye. "Je parie que votre cul n'en fait pas de si bonne que celle-ci. Mais goûtez avant que de mépriser la marchandise, vous verrez qu'elle vaut mieux que celle de tantôt. [...] Non vraiment, je vous assure, la marchandise était bonne, sentez plutôt, vous devez vous y connaître. Ce vilain apothicaire de mon cul, n'a seulement pas voulu la goûter." (Gilles, Le Marchand de merde).
On lit que ce recueil a été par un certain Corbie.
Référence : Le Recueil Corbie ou les parades en liberté (1756) : théâtre secret et gens du monde au XVIII siècle, par François Moureau (Revue d'histoire du théâtre, n°1-2, 2004, p. 121-133) ; Barbier, IV, 691 ; Soleinne, n°3496 ; Gay-Lemonnyer, III, 1204.
Provenance : deux ex libris non identifiés (période de la reliure) ; de la bibliothèque "de Juttignay" avec signature sur les titres (sans doute un certain Gardin de Juttignay commissaire de police, dont on trouve la trace près de St-Malon au milieu du XVIIIe siècle).
Ouvrage important dans l'histoire du théâtre populaire au XVIIIe siècle.
Bel exemplaire finement relié par Smeers.
Prix : 2.500 euros