lundi 24 octobre 2022

Henryk SIENKIEWICZ. [Natanson, Félix Fénéon, contribution à l'édition]. QUO VADIS, roman des temps néroniens. Traduction de B. Kozakiewicz et J.-L. de Janasz. Edition du Jubilé. Un des 200 exemplaires de luxe sur vieux Japon. Superbe exemplaire tel que paru.


Henryk SIENKIEWICZ. [Natanson, Félix Fénéon, contribution à l'édition].

QUO VADIS, roman des temps néroniens. Traduction de B. Kozakiewicz et J.-L. de Janasz. Edition du Jubilé.

Paris, Editions de la Revue Blanche, 1901 [de l'imprimerie de Ed. Crété, Corbeil].

1 fort volume in-8 (25 x 18,5 cm) broché de (4)-567-(1) pages. Portrait de l'auteur en frontispice (photogravure). Couverture ivoire à rabats, premier plat titré en relief, second plat illustré en relief (médaillon). Exemplaire à l'état proche du neuf, non rogné, non coupé. Sans emboîtage.



Un des 200 exemplaires du tirage à part sur vieux Japon à la forme.

Celui-ci porte le n°3 (numéroté au composteur).



"Le projet de Quo Vadis apparaît pour la première fois dans une lettre d'août 1893 : il s'agira d'une épopée chrétienne à la gloire des premiers chrétiens victimes des persécutions de Néron. Sienkiewicz (1846-1916) se documente, lisant notamment avec grand soin Tacite et Suétone, mais aussi beaucoup d'autres ouvrages anciens et modernes. Après un an et demi de réflexion et d'étude, il commence la rédaction en février 1895 et l'achève un an après. [...] Le livre paraît d'abord en feuilleton [dans la presse polonaise] à partir de mars 1895. [...] Il fut aussitôt traduit en italien et en anglais, puis bientôt dans quantité d'autres langues. Les Français durent attendre davantage, l'auteur hésitant entre deux traducteurs eux-mêmes peu pressés. La première traduction parut en 1900 aux éditions de La Revue Blanche (notre traduction), suivie d'une autre parue en 1901 chez Flammarion. [...] La vogue extraordinaire du roman en France touche au phénomène de société. "On ne s'abordait plus entre gens du monde sans se demander : "Avez-vous lu Quo Vadis ?" Cette formule avait remplacé le banal "Comment allez-vous ?" que disent encore quelques personnes arriérées, peu au courant de nos usages", écrit un journaliste en 1901 (d'après M. Kosko, La fortune de Quo Vadis en France, p. 18). [...] A côté de cet accueil populaire délirant, Quo Vadis n'a pas été bien reçu des milieux littéraires français [...] l'extrême-droite ne pardonne pas à Quo Vadis d'avoir été publié par un juif dreyfusard (Natanson, qui dirigeait les éditions de la Revue Blanche - avec la collaboration de Félix Fénéon, directeur littéraire), et Léon Daudet suggéra même plus tard dans l'Action Française que le roman avait été lancé pour sa médiocrité même, afin de nuire à la cause chrétienne (d'après M. Kosko, p. 29-30), les ultra-catholiques sont réticents devant les complaisantes excursions dans les orgies et la luxure, et Léon Bloy ne décolère pas que le roman puisse passer pour chrétien (M. Kosko, p. 124) [...] Du côté de la gauche anticléricale, la condamnation est bien sûr unanime : le roman est une machine de guerre contre la libre pensée (L'Aurore) [...] Remy de Gourmont, Péguy, Marchel Schwob le dénigrent. [...]." (Etienne Wolff)


"Sienkiewcz est parti d'un épisode des Actes de Pierre, œuvre d'édification apocryphe du début du IIIe siècle, selon lequel Pierre, enfermé dans la prison Mamertine, parvient à s'échapper et quitte Rome. Hors la ville, il voit Jésus lui apparaître. Pierre lui demande : Seigneur, où vas-tu (Quo vadis, Domine ?) - Je vais à Rome me faire crucifier à nouveau, répondit Jésus. Alors l'apôtre, comprenant le sens de cette apparition, revient à Rome où il subit le martyre, crucifié peut-être la tête en bas, avant d'être enseveli sur la colline Vaticane où se dresse la basilique qui porte son nom." (Etienne Wolff)

"C'est un roman symbolique et allégorique : derrière les chrétiens persécutés par Néron se cache la Pologne humiliée par les Russes, qui trouve la rédemption par la religion et y puise la force de supporter son destin." (Etienne Wolff)












Quo Vadis a été très tôt adapté pour le cinématographe. La première version filmée date de 1901 (même année que notre édition, film français de Lucien Nonguet et Ferdinand Zecca), puis encore en 1913 et 1924 pour des productions italiennes. Mais c'est la version américaine de Mervyn Leroy de 1951 avec Robert Taylor, Deborah Kerr et Peter Ustinov dans les rôles principaux qui marquera son époque. Ce péplum de près de 3 heures inscrit à jamais Quo Vadis au panthéon des adaptations cinématographiques.

Cette édition dite du Jubilé de 1901 (parue quelques mois seulement après la première édition de 1900 chez le même éditeur) a été normalement tirée sur un papier couché ordinaire, seuls les exemplaires sur ancien Japon tels que le nôtre, méritent d'être recherchés. Bien qu'imprimée à 200 exemplaires sur ce superbe papier de luxe, les exemplaires sont aujourd'hui devenus très rares à trouver.

Référence : Wolff Etienne, Relire aujourd'hui Quo Vadis, in Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°2, juin 2002, pp. 217-231.

Superbe exemplaire tel que paru du rare tirage sur ancien Japon.

Prix : 1.600 euros