mardi 23 mars 2021

Estienne Rouxelin. Traité de la divinité de Jésus-Christ, prouvée par des raisonnements tirés des saintes écritures de l'ancien et du nouveau testament. Dédié à Monseigneur le Duc de Bourgogne. 1707. Exemplaire en maroquin de l'époque attribuable à Luc-Antoine Boyet.

[ROUXELIN, Estienne].

Traité de la divinité de Jésus-Christ, prouvée par des raisonnements tirés des saintes écritures de l'ancien et du nouveau testament. Dédié à Monseigneur le Duc de Bourgogne. Par M. *** [Estienne Rouxelin].

A Paris, chez François H. Muguet, 1707

1 volume in-12 (17,5 x 10 cm) de (24)-318-(4) pages.

Reliure de l'époque plein maroquin rouge, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, triple-fer doré en encadrement des plats, tranches dorées sur marbrure, doublures et gardes de papier doré à fleurs (papier d'Augsbourg), roulette dorée en encadrement intérieur des plats et sur les coupes. Reliure attribuable à Luc-Antoine Boyet (roulettes, maroquin, façon). Coiffe supérieure émoussée avec petits manques, début de fente au mors supérieur en queue, légers frottements et ombres au maroquin. Intérieur frais. Rares rousseurs et papier légèrement teinté.

Edition originale.



Unique édition semble-t-il de cet ouvrage de piété donné par Estienne Rouxelin dont on sait peu de choses. Rouxelin était bachelier de Sorbonne et prêtre de Frémécourt (village situé au cœur du Vexin français, à environ 45 km au nord-ouest de Paris). On lui doit un autre ouvrage de piété intitulé Le Triomphe de la Piété contre les abus qui s'y commettent (Paris, chez Nicolas Pépie, 1712, 1 volume in-12).





Approuvé en juin 1707 par Anquetil, ce volume s'ouvre sur une épître à Monseigneur le Duc de Bourgogne dans laquelle l'auteur présente ainsi son ouvrage : "Comme Jésus-Christ est le distributeur des couronnes et des empires, et que c'est par lui que les rois règnent, il veut qu'ils fassent servir l'autorité souveraine qu'i leur a mis entre les mains, non seulement à gouverner leurs peuples et leurs sujets avec équité et justice, mais à le faire connaître et adorer lui-même par un culte véritable et légitime. C'est pour cette raison, Monseigneur, qu'il a fait naître votre Altesse Royale sur les lis de la France qui regarde avec admiration la sagesse, la piété, la douceur, la justice et toutes les autres vertus chrétiennes, réunies ensemble dans votre auguste personne, comme autant de dispositions et de degrés pour monter un jour sur son trône et la rendre heureuse. [...] Je m'estimerai heureux, Monseigneur, si dans ses moments perdus, votre Altesse Royale veut bien y jeter quelquefois les yeux. Elle aura le plaisir d'en voir les preuves solides fondées, non sur des autorités humaines, suspectes, obscures ou douteuses, mais sur des raisonnements tirés des saintes écritures, tant de l'ancien que du nouveau testament, pendant que je continuerai de joindre mes vœux à ceux de toute la France pour la conservation et prospérité de votre auguste personne, et que je ferai gloire de me dire toute ma vie avec le plus profond respect, etc. Rouxelin, prêtre." (Louis de France, duc de Bourgogne mourut 5 ans plus tard en 1712 avant d'avoir pu succéder à son grand-père Louis XIV. Son plus jeune fils sera le futur Louis XV).

Rouxelin passe en revue les vertus divines de Jésus-Christ. Ses miracles, sa passion et sa mort, les prophéties, etc.

Ce volume de piété est des plus rares. On n'en trouve que très peu dans les dépôts ou dans les catalogues. A-t-il été tiré à tout petit nombre ? Les livres de piété n'ont pas habituellement cette rareté. 

Ce volume luxueusement relié à l'époque en maroquin était destiné à quelque illustre lecteur, sans doute un exemplaire de présent ou d'hommage.



Provenance : de la bibliothèque de François Xavier Joseph Ghislain BORLUUT DE NOORTDONCK,  (1771-1857), bibliophile gantois. La vente de sa bibliothèque eu lieu à Gand, au domicile du défunt (Société du Club, Place d’Armes), le lundi 19 avril 1858 et jours suivants. “M. de Borluut nétait pas de ces amateurs qui achètent sans goût, sans discernement, dans le but de garnir les rayons de leur bibliothèque. Il s’attachait à acquérir de bons livres dans chaque branche des connaissances humaines, et il les lisait tous. Il joignait souvent à ses volumes des notes intéressantes qui ont été conservées dans le catalogue qui M. Van der Meerschle [sic] a rédigé avec soin.” (Gustave Brunet, Dictionnaire de Bibliologie Catholique, cols. 589-90). “Ce bibliophile est mort en 1857 à l’âge de 86 ans. Sa position sociale lui permettait d’aspirer aux honneurs et aux emplois ; il préféra s’isoler dans une vie retirée, consacrant son temps, ses revenus et son intelligence à sa bibliothèque et à sa collection d’estampes." Avec son ex libris doré sur papier noir. Le volume a passé ensuite chez le libraire L. Potier dont le fonds des livres rares fut vendu en 1872 (2e partie, n°117).

Bel exemplaire en maroquin attribuable à Luc-Antoine Boyet.

Prix : 1.200 euros



lundi 22 mars 2021

Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Le Paysan perverti et la Paysane pervertie. 1781-1784. 16 parties en 8 volumes in-12. 120 figures (plus figures ajoutées). Très bel exemplaire en reliure pastiche XVIIIe siècle (reliure de la première moitié du XXe siècle). Rare et superbe.



Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

Le Paysan perverti, ou les Dangers de la ville ; Histoire récente, mise au jour d'après les véritables lettres des personnages. Par N. E. Rétif de la Bretone.

Imprimé A La Haye, et se trouve à Paris, chés Esprit, M. DCC. LXXVI. [1776] (i.e. 1782)

8 parties en 4 tomes reliés en 4 volumes in-12 de VII-(1)-304, 312, 304 et 293-(1) pages. 82 figures hors-texte dont 8 frontispices.

SUIVI DE :

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone].

[Paysanne pervertie]. Les Dangers de la Ville, ou Histoire effrayante d'Ursule, dite la Paysane-perertie. [La Paysane pervertie, ou les Dangers de la ville ; Histoire d'Ursule R**, soeur d'Edmond, le Paysan, mise au jour d'après les véritables lettres des personnages : etc. Par l'auteur du Paysan perverti.].

Imprimé à La Haie [La Haye], et se trouve à Paris chés [la d.me Veuve Duchesne, libraire], 1784

8 parties en 4 volumes in-12 de 344, 320, 320-(4) et 344-8-[clxix à ccxliv]-(10) pages. 38 figures hors-texte dont 8 frontispices.

Soit un ensemble complet de 16 parties reliées en 8 volumes in-12 (17 x 10,5 cm).

Reliure demi-maroquin rouge à petits coins. Reliure pastiche XVIIIe siècle (exécutée dans la première moitié du XXe siècle). Tête dorée. Tranches inégales (non rognées après reliure). 

Particularités de l'exemplaire : Notre exemplaire est bien complet de 120 figures hors-texte. A noter qu'une des figures pour la Paysanne a été reliée par erreur dans un des volumes du Paysan. Par ailleurs notre exemplaire contient 2 états en couleurs (aquarellés anciennement à la main) pour le Paysan ainsi que 4 états supplémentaires (3 pour le Paysan et 2 pour la Paysanne). La figure de l'attentat est ici en 2 états, avant et après la censure (jambes en l'air visibles et non visibles pour le viol de Madame Parangon). Les reliures sont en excellent état et de très bonne facture. Les dos ornés sont à l'imitation des meilleures reliures décorées de la fin du XVIIIe siècle avec petits fers dorés et pièces de titre et tomaison  de maroquin citron. Le quatrième et dernier volume de la Paysanne a les premiers feuillets partiellement délavés (mouillures anciennes sans doute au moment même de l'impression des feuillets). Ce défaut a été fixé par un encollage et un lavage professionnel des feuillets concernés. Le reste des volumes est très frais. Le tirage des figures est de très bonne qualité.




Concernant Le Paysan :


Quatrième édition, la plus correcte, donnée par Rétif de la Bretonne lui-même.

Exemplaire bien complet de la suite de 82 figures en excellent tirage publiée courant 1781-1782.

Le Paysan perverti est aujourd'hui reconnu comme l'ouvrage le plus important de Rétif de la Bretonne et il fut en son temps aussi celui qui fit le succès de son auteur. Son style et son fond en font l'un des ouvrages du XVIIIe siècle précurseurs du genre naturaliste par bien des aspects. Avec le Paysan perverti de Rétif on est très loin des marivaudages creux et autres romans sans tenue de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Rétif insuffle à la psychologie des personnages une teneur inégalée alors. Le mode d'écriture épistolaire ajoute à l'intensité dramatique et ancre le tout dans la réalité non-romanesque. Avec ce long roman par lettres Rétif obtient la reconnaissance d'homme de lettres tant recherchée par lui depuis ses débuts en littérature en 1764 (La Famille vertueuse). La remarquable illustration renferme 82 figures gravées en taille-douce, 8 frontispices, dont quatre signés par Berthet, et 74 planches par Le Roy, le tout d'après Louis Binet sous la direction de Restif. Cette quatrième édition du Paysan, pourtant décriée par lui-même (Monsieur Nicolas), a en réalité été exécutée à Paris par lui et/ou sous ses ordres. C'est la seule édition du Paysan à posséder un errata et la seule pour laquelle le placement des figures correspond à la pagination. Cette édition s'accorde avec la Paysane pervertie publiée seulement en 1784 mais rédigée en seulement 30 jours en septembre 1780 (Monsieur Nicolas).

Rétif insiste sur les difficultés qu'il rencontra pour son Paysan avec la censure. Ce sont 3 figures qu'il dut faire refaire (fig. n°8, 24 et 33. Cf. liste P. Lacroix). La figure 8 montre Edmond et Gaudet d'Arras dans un cabinet dont les murs sont recouverts de peintures obscènes (la censure obligea Rétif à faire gratter ces peintures - dans la version censurée on ne les distingue plus). La figure 24 quant à elle montre Edmond et Gaudet d'Arras en habit religieux (la censure obligea Rétif à faire revêtir Gaudet d'Arras d'un habit civil). Enfin, la figure 33 représente Madame Parangon en train de se faire trousser par Edmond (la censure obligea Rétif à supprimer les jambes "un peu trop en l'air" de ladite dame). Nous avons dans notre exemplaire la figure 33 en double, une pour chaque état censuré et non censuré. Les 2 autres figures sont ici dans l'état censuré.

Le Paysan perverti rapportera à Rétif, avec les rééditions, neuf mille livres, soit une dizaine d’années de son salaire à l’imprimerie quand il y était bien payé.

Le Paysan perverti a été publié pour la première fois en 1775 (sous la date de 1776, date que Rétif conservera pour toutes ses éditions du Paysan).

Né au sein d’une famille nombreuse, Edmond, fils de paysan, est envoyé par ses parents à la ville dans l’espoir de "parvenir" et de faciliter ainsi l’avenir de toute la famille. Enthousiaste, l’adolescent compte bien tirer profit de toutes les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter à lui. Mais si la ville est le lieu de tous les possibles, elle est aussi celui de tous les dangers : la beauté inaccessible de Mme Parangon, les leçons du sulfureux Gaudet, les discours des femmes trop faciles, les mirages d’un orgueil que l’on ne combat plus, les belles promesses des pensées libertines… autant d’attirantes lumières qui éblouissent le naïf Edmond, et qui, s’il n’y prend garde, pourraient bien l’aveugler…"(extrait de la présentation de l'édition du Paysan perverti donnée par Norbert Crochet, 2016).

Il y a énormément de Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne dans Edmond, pour ne pas dire tout ! Sa venue à Auxerre en tant qu'apprenti imprimeur (Edmond est apprenti peintre dans une ville qu'on ne peine pas à reconnaître pour Auxerre). Son arrivée à Paris, ses illusions et ses désillusions, etc. Tout y est, fardé, changé, un peu, beaucoup ou à peine. Les lecteurs de son temps, eux, n'en savaient rien et lisaient le Paysan comme une jolie histoire véritable (ce qu'elle était presque entièrement).

Références : Cohen, 498-499 ; Rives Childs, p. 236, n°10 ; Paul Lacroix, pp. 131-132, n°5. 





Concernant La Paysane :

Exemplaire bien complet des 38 figures d'après Binet.

Exemplaire bien complet des pages additionnelles à la fin du tome IV.

Ouvrage composé en 30 jours par Rétif, dans le mois de septembre 1780, pour servir de suite et de complément à son Paysan perverti paru en 1776, la Paysane pervertie connut quelques déboires avec la censure qui ne lui permit pas de voir le jour avant 1784. "C'est l'ouvrage de prédilection de l'auteur qui a beaucoup plus pensé que le Paysan perverti" (Revue des ouvrages, p. ccxxxivj). La censure exigea que les titres fussent changés (notre exemplaire). De Paysane pervertie elle devient "Dangers de la ville" seulement (de nouveaux titres et faux-titres recollés sur les premiers émis). Rétif trembla tout 1785 de voir encore sa Paysane suspendue à chaque instant. Les exemplaires s'écoulèrent cependant. Aucune autre édition de la Paysane ne vit le jour (seules 2 contrefaçons circulèrent entre 1785 et 1786). Les 38 estampes de la Paysane étaient déjà achevées au mois de juin 1783 et annoncées au public au commencement de 1784. 2 figures (qui manquent souvent) n'ont été livrées qu'après la mise en vente de l'ouvrage (elles sont bien présentes dans notre exemplaire - figures III bis et VIII bis).

La Paysane pervertie a été imprimée à 3.000 exemplaires mis en vente par la Veuve Duchesne.

"La Paysane approfondit les caractères qui n'étaient qu'esquissés dans le Paysan : Fanchon, Pierre, Gaudet d'Arras surtout, y sont parfaitement achevés [...] Ces deux ouvrages, qui n'en sont réellement qu'un seul, sont peut-être la plus utile production qu'on ait mise au jour depuis le commencement du siècle." (Rétif de la Bretonne, Mes ouvrages, p. 34-35).

"Je n'ai jamais rencontré une nature aussi violemment sensuelle. Il est impossible de ne pas s'intéresser à la variété des personnages, des femmes surtout, qu'on voit passer sous ses yeux, et à ces nombreux tableaux caractéristiques qui peignent d'une manière si vivante les mœurs et les allures des Français de la classe populaire. Pour moi qui ai eu si peu l'occasion de penser au-dehors et d'étudier les hommes dans la vie réelle, cette œuvre a une valeur inappréciable." (Schiller).

"Jamais écrivain ne posséda peut-être à un aussi haut degré que Rétif les qualités précieuses de l'imagination. " (Gérard de Nerval)

Références : Paul Lacroix, Rétif de la Bretonne, pp. 224-232 ; Rive-Childs, pp. 289-291

Provenance : de la bibliothèque Bertrand Hugonnard-Roche avec ex libris contrecollé dans chacun des volumes.
























Rare ensemble de cet ouvrage richement illustré et toujours recherché en belle condition.

Prix : 8.500 euros



vendredi 19 mars 2021

Octave Uzanne. Hugues Rebell. Figures de Paris. (1901). Ceux qu'on rencontre et celles qu'on frôle. Illustrations de Victor Mignot. Proses de MM. Maurice Beaubourg. - André Beaunier. - Saint-Georges de Bouhélier. - Louis Codet. - Franc-Nohain. - Alfred Jarry. - Gustave Khan. - Tristan Klingsor. - Albert Lantoine. - Jean Lorrain. - Charles-Louis Philippe. - Edmond Pilon. - Georges Pioch. - Hugues Rebell. - Octave Uzanne. Un des 16 ex. de collaborateurs (Ex. de la bibliothèque d'Hugues Rebell).


UZANNE (Octave). Avec Hugues REBELL, Jean LORRAIN, Alfred JARRY, Tristan KLINGSOR, etc. MIGNOT (Victor), illustrateur.

Figures de Paris. Ceux qu'on rencontre et celles qu'on frôle. Illustrations de Victor Mignot. Proses de MM. Maurice Beaubourg. - André Beaunier. - Saint-Georges de Bouhélier. - Louis Codet. - Franc-Nohain. - Alfred Jarry. - Gustave Khan. - Tristan Klingsor. - Albert Lantoine. - Jean Lorrain. - Charles-Louis Philippe. - Edmond Pilon. - Georges Pioch. - Hugues Rebell. - Octave Uzanne.

Imprimé pour les Bibliophiles indépendants et se trouve chez le libraire Henry Floury, Paris, 1901.

1 volume in-folio (34 x 26 cm) de (4)-133-(2) pages. 20 compositions hors-texte, 20 lettrines et culs-de-lampe.

Reliure de l'époque demi-basane prune. Plats de couverture illustrés et aquarellés au pinceau conservés (en deux morceaux, reliés au début et à la fin du volume). Tête dorée, non rogné. Quelques légers frottements à la reliure par ailleurs en bon état. Intérieur très frais. Les plats de couverture sont en bon état avec quelques légères ombres et salissures dans les marges.

Tirage unique à 218 exemplaires tous sur vélin de Hollande à la cuve.

Celui-ci, un des 16 exemplaires de collaborateurs sur vélin de Hollande.

Exemplaire offert par Octave Uzanne "à Hugues Rebell avec mes remerciements" (envoi autographe).


Exemplaire avec toutes les planches restées en noir (les exemplaires parmi les 200 ont normalement les planches rehaussées de touches d'aquarelles).




Cette Publication des Figures de Paris éditée pour les Bibliophiles Contemporains par les soins et sous la direction de M. Octave Uzanne a été tirée exactement à 218 exemplaires numérotés : 200 pour les souscripteurs sur vélin de Hollande, 16 pour les collaborateurs sur vélin de Hollande et 2 sur Japon à la forme pour contenir les dessins originaux. Achevé d'imprimer pour les Bibliophiles Contemporains par les soins et sous la direction de M. Octave Uzanne sur les presses typographiques de l'imprimerie Firmin-Didot et Cie, au Mesnil (Eure) le 20 Avril 1901.





Ce volume contient, dans leur ordre d'apparition, les textes suivants : Snobs et Snobinettes de Sport, par Hugues Rebell ; Sergot, par André Beaunjer ; Pierreuse, par Jean Lorrajn Camelot, par Alfred Jarry ; L'Invalide, par Franc-Nohain ; Terrassiers, par Maurice Beaubourg ; Le Crieur de dernières nouvelles, par Edmond Pilon ; Cochemuche, par Albert Lantoine ; Silhouettes de Montmartre, par Gustave Kahn ; Trimbaleur de Refroidis, par Saint-Georges de Bouhélier ; Petite Blanchisseuse, par Edmond Pilon ; Ramasseur de mégots, par Tristan Klingsor ; Femmes du d'Harcourt, par Hugues Rebell ; Troubades, par Edmond Pilon ; Cipal (Garde de Paris), par Charles-Louis Philippe ; Le Garçon de Café, par Franc-Nohajn ; Coltineurs, par Louis Codet ; Porteurs de Babillardes (Facteur), par Georges Pioch ; Fleuriste, par Saint-Georges de Bouhélier ; Trottins, par Octave Uzanne.




Octave Uzanne décide de publier ce très beau volume alors qu'il va fêter son cinquantième anniversaire. C'est une très intéressante collaboration d'écrivains qui fournit ici un corpus de textes sur le Paris 1900. Octave Uzanne réussit à rassembler autour de lui et d'un même thème de jeunes écrivains en devenir, d'autres déjà arrivés. C'est à notre connaissance la seule collaboration effective autour d'un livre entre Octave Uzanne (éditeur-directeur), Jean Lorrain et Alfred Jarry, pour ne citer que les deux auteurs les plus connus encore aujourd'hui.




Hugues Rebell qui possédait cet exemplaire donne deux textes pour ce beau livre (Snobs et Snobinettes de Sport et Femmes du d'Harcourt).

Une chose très étrange est à remarquer concernant la publication de ce volume. A la justification du tirage (verso du faux-titre) et au colophon (achevé d'imprimer), on peut lire que ce livre a été édité "pour les Bibliophiles Contemporains". Volume achevé d'imprimer sur les presses typographiques de l'imprimerie Firmin-Didot et Cie au Mesnil (Eure) le 20 avril 1901. Or, la société des Bibliophiles Contemporains avait été dissoute depuis plusieurs années déjà (dissolution réclamée par Octave Uzanne lui-même et votée le 10 novembre 1894). En cette année 1901 cette société n'existe plus et n'a plus de réalité. C'est sous le vocable des Bibliophiles indépendants qu'Octave Uzanne publie désormais ses beaux livres d'artistes. On retrouve d'ailleurs cette mention "A Paris, pour les Bibliophiles indépendants, chez le libraire Henry Floury, 1901."




On été déjà publiés sous l'adresse des Bibliophiles indépendants : 1896 - Badauderies Parisiennes (Les Rassemblements - Physiologie de la Rue) (collectif), illustrations par F. Valloton et Fr. Courboin. 1896 - Voyage autour de sa Chambre par Octave Uzanne, illustrations par Henri Caruchet 1898 - La Leçon bien apprise par Anatole France, illustrations par Léon Lebègue 1899 - La Porte des Rêves par Marcel Schwob, illustrations par George de Feure 1900 - Contes Blancs par Jules Lemaître, illustrations par Blanche Odin. A la suite de ces Figures de Paris (1901) viendront les Chansons de l'Ancienne France avec des illustrations de William Graham Robertson (1905). Alors pourquoi avoir indiqué par deux fois dans ce volume "Edité pour les Bibliophiles Contemporains" avec les majuscules d'usage. Une erreur n'est pas envisageable. Par contre, un méchant coup de patte aux anciens Bibliophiles Contemporains qui lui ont mené la vie dure au sein d'une société de bibliophiles qu'Octave Uzanne entendait mener à sa guise sans qu'on lui imposa d'autres vues artistiques que les siennes, voilà certainement la solution à cette incohérence.




Très bon exemplaire, d'intéressante provenance, de ce livre rare et magistralement illustré par Victor Mignot.






Les décors du livre en font une pièce emblématique du livre Art Nouveau 1900.

VENDU